Fréquentant régulièrement ces magasins, je ne peux m'empêcher de me demander si le système hard discount ne favorise pas la consommation d'alcool dans les couches populaires et chez les jeunes.

En une quinzaine d'années, les magasins de hard discount (principe originaire d'Allemagne dans sa forme actuelle) se sont répandus dans notre pays. Il y a trois ou quatre enseignes principales que l'on peut retrouver du nord au sud. Deux enseignes sont d'ailleurs des groupes allemands, le reste étant des filiales de grands groupes commerciaux français.

il est curieux de constater que certaines enseignes ont même installé des magasins à des endroits où l'on n'aurait jamais pensé en trouver. Dans des villes bourgeoises et même dans des stations balnéaires.

Il y a encore quelques années, nous n'allions jamais dans ce type de  magasins car nous pensions que pour pratiquer des prix aussi bas, il fallait forcément que cela soit au détriment de la qualité.

A la suite de diverses promotions, nous nous y sommes pourtant rendus à notre tour. Les premières fois, nous n'étions intéressés que par les promotions et accessoires divers. Mon mari a voulu y aller pour y acheter du matériel et des accessoires de bricolage, "un niveau laser" une rainureuse….Ce matériel et en général garanti trois ans.

Moi ce qui m'avait intéressé c'étaient divers instruments de cuisine.

Nous y avons aussi acheté du matériel informatique toujours en raison  d'un bon rapport qualité prix et de la garantie trois ans.

En achetant ces diverses objets, nous en avons toujours profité pour acheter une ou deux bricoles qui nous manquaient. (de la nourriture) Nous les avons goûtées et n'avons pas trouvé de grandes différences avec certains produits que nous achetions normalement en grande surface.

C'est sans doute ridicule, mais au début, j'avais l'impression de me rendre dans des magasins pour pauvres, je me sentais mal à l'aise. Je n'avais pas envie que mes amies me voient dans ce type d'établissement. La peur du qu'en dira t on! On a beau lutter contre mais elle existe toujours.

Maintenant, nous y allons régulièrement. Il faut avouer que la baisse du pouvoir d'achat et les émissions de télévision expliquant le fonctionnement de ce type de magasins nous a bien encouragé à le faire. Mon mari reçoit même les promotions sur sa boite mail.

Tout n'est pourtant pas aussi rose:

Dans ou à côté du magasin de hard discount où nous allons régulièrement, nous voyons souvent un homme âgé de trente à trente cinq ans. La peau de son visage est très rouge. Ses yeux sont jaunes. Il lui arrive de parler seul. Il a souvent une grande canette de bière à la main. Une marque vendue par le magasin. C'est manifetement un alcoolique. 

Il y a quelques temps, alors que nous faisions la queue à une caisse, nous avons pu mon mari et moi assister à une scène un peu triste. Un homme faisait la queue. Il portait des vêtements propres mais démodés. Il n'avait pas sorti ses articles du sac dans lequel ils se trouvaient. Il ne les a sorti qu'au dernier moment. Le sac ne comportait que des bouteilles de vin. Il n'y avait aucune nourriture. On sentait la gène de cet homme mais il ne semblait pas pouvoir faire autrement. Il avait besoin de sa dose d'alcool. 

Derrière lui, il y avait une pauvre femme. Elle avait vidé son chariot sur le tapis roulant. Elle n'avait que de l'alcool, de la bière et du vin. Elle par contre ne semblait pas du tout gênée par la situation. C'est au moment de payer son du qu'elle a rencontré des problèmes. Elle a eu beau vider le contenu de son petit porte-monnaie sur la tablette de la caisse, elle n'avait pas de quoi payer. La caissière lui avait refusé une pièce turque qui ressemblait à une pièce de deux euros.

Avec un certain mépris, la caissière a retiré plusieurs bouteilles pour arriver à un montant total inférieur à la somme dont disposait la pauvre femme. Cette dernière semblait toutefois étonnée de ne pas pouvoir payer ce qu'elle avait pris. A un moment, il me semble l'avoir entendu dire: "Ca va  gueuler". J'ai pensé qu'il s'agissait de son mari ou de son conjoint. 

Il y a quelques années, j'avais eu la surprise de voir dans un magasin de hard discount, en pleine semaine, à une trentaine de kilomètres de son domicile un vétérinaire que je connais. Il avait acheté deux bouteilles de whisky et des bananes. Il avait payé en "liquide". J'avais trouvé cela drôle jusqu'au moment où j'avais appris qu'il avait tendance à céder un peu trop souvent à la "bouteille". 

Il est toujours triste de  voir un homme mur, père de famille acheter de l'alcool en cachette. Je me suis mise à la place de son épouse. Savait elle son mari alcoolique?

Mais ce qui m'a mis le plus en colère, c'est de voir la semaine dernière un jeune homme âgé de 16 ou 17 ans sortir du magasin avec dans son chariot plusieurs plateaux de bières et de nombreuses bouteilles d'alcool fort. Il n'y avait pas la moindre trace de nourriture dans son "caddy". 

Cela m'a fait penser à ces reportages télévisés où l'on peut voir des pompistes ou des commerçants dire qu'ils ne peuvent pas contrôler l'âge de leurs clients, indiquant qu'ils ne sont pas policiers ou alors que certains jeunes paraissent plus âgés que leur âge. Dans le cas auquel j'ai assisté, il était évident que le client n'était pas majeur et pourtant la caissière n'a pas posé la moindre question Elle a encaissé ce que lui devait le jeune homme et il a pu quitter le magasin sans le moindre souci.Il a payé son du en liquide. Il y avait de nombreux billets de 5 euros. J'ai présumé qu'il faisait les courses pour un groupe qui allait faire une fête.

J'ai demandé à la caissière si cela ne la gênait pas de vendre autant d'alcool à des jeunes. Elle m'a répondu qu'ils avaient des parents et que ce n'était pas son rôle. Je lui ai fait remarquer qu'elle se trompait et qu'à mon avis sa responsabilité pourrait être engagée si l'un de ses jeunes rencontrait des problèmes en raison d'un trop forte consommation d'alcool achetée en toute illégalité. Elle n'avait pas l'air de s'en inquiéter mais il n'est pas certain qu'au cours du week end elle ne se soit pas posé quelques questions. En tout cas moi je me serais inquiétée.

Mais ce monde là n'est pas connu de nos dirigeants. Ils ne voient en ce type de magasin qu'un moyen de faire baisser les prix, un moyen de soutenir le pouvoir d'achat, les ventes et donc les rentrées fiscales sous forme de TVA.

Ils ne voient pas le mal que ces magasins peuvent causer aux populations et en particulier à la jeunesse en proposant des boissons alcoolisées à des prix aussi bas sans même vérifier l'âge des acheteurs. Ils ne connaissent que le problème des Open Bar dans le monde étudiant.

Ce qui est à noter, c'est qu'il y a encore pire que les magasins de hard discount en matière d'alcool à bas prix. Il y a maintenant ce que nous appelons un peu abusivement "les soldeurs". Dans ce type de magasins, on peut trouver de la nourriture quasiment périmée mais aussi des boissons alcoolisées, bières ou vins à des prix défiant toute concurrence.