Pour le professeur Klaus Hurrelmann le harcèlement scolaire recouvre la totalité du spectre « des activités et des actions qui entraînent la souffrance ou des dommages physiques ou psychiques chez des personnes qui sont actives dans ou autour de l’école».
Les professionnels lui ont donné un nom anglais : le School Bullying, ce qui souligne la dimension internationale que revêt le phénomène. Ce terme désigne les bagarres, brutalités et insultes dont sont victimes certains élèves au quotidien. Selon des études mondiales, entre 10 et 15% des élèves seraient harcelés par leurs camarades.
Les jeux dangereux, le racket, le cyber-harcèlement sont autant de formes que peut revêtir le harcèlement scolaire.
Mais, le harcèlement scolaire se caractérise surtout par des micro-violences, rarement signalées, et qui peuvent avoir des répercussions psychologiques graves sur les élèves.
En effet, le School bullying ce sont aussi de petits faits de violence verbale banals mais répétitifs et qui usent. Un élève est une victime lorsque d’autres élèves se moquent de lui ou l’insultent en permanence.
Le harcèlement scolaire commence dès la maternelle, mais le phénomène prend toute son ampleur chez les 9-14 ans.
Profils de l’harceleur et du harcelé :
Le harcèlement s’opère lorsqu’il y a une relation de domination. Il n’y a pas de school bullying lorsque deux enfants se battent ou se disputent à force égale.
Les bons élèves sont souvent les premières victimes. Pourquoi ? Ils représentent et cristallisent l’institution scolaire tout entière. En s’attaquant aux bons élèves, certains élèves se vengent contre l’école qui leur renvoie une image négative d’eux-mêmes.
D’autres études révèlent que les élèves les plus timides, ceux qui présentent un défaut physique et ceux qui changent d’établissement en cours de scolarité font aussi l’objet de school bullying.
Les victimes de harcèlement scolaire ont généralement une personnalité plus fragiles et sont moins fort physiquement que la majorité de leurs camarades.
Ils sont immatures ou, à l’inverse en avance. Les difficultés à se défendre de l’élève harcelé peuvent aussi être liées à une éducation l’y ayant peu préparé. Maladroit socialement, il s’isole du groupe, ce qui n’est pas apprécié par celui-ci.
Jean-Paul Matot, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola nous précise que c’est surtout la façon dont l’enfant répond aux brimades de ses compagnons qui va permettre à la spirale infernale de s’enclencher et de se répéter.
L’élève qui harcèle a peu d’empathie envers sa victime et éprouve rarement un sentiment de culpabilité. Il est souvent hyperactif. Son physique est généralement plus fort et plus grand que la moyenne et ses résultats scolaires médiocres. Il est possible que le manque d’affection et un environnement familial valorisant l’agressivité constituent des facteurs au comportement de l’élève harceleur. Les élèves l’admirent et le craignent en même temps. Ils évitent sa compagnie. Les harceleurs forment généralement un groupe.
Les filles ont leurs manières propres d’harceler. Généralement elles excluent et font jouer la rumeur.
Le harcèlement scolaire à travers les rackets
Selon l’observatoire international des violences scolaires, 6% d’enfants scolarisés seraient rackettés à l’école ou à la sortie. Les racketteurs agissent aujourd’hui en groupe et sont de plus en plus violents.
Le racket s’effectue davantage du retour à la maison, plutôt que dans la cour de récré et les objets high-tech (MP3, portable) sont les cibles des racketteurs. Les statistiques montrent que c’est généralement un 5ème qui rackette un 6ème.
Il est important de noter qu’il y a des établissements dans lesquels les violences sont plus graves et plus récurrentes. En effet, la moitié des incidents graves survienne dans seulement 10% des collèges et lycées qui concentrent 50% des faits de violence. Selon le ministre de l’éducation la violence urbaine s’importe dans certains établissements, on voit même des bandes organisées régler leur compte à l’intérieur de certains lycées.
On soulignera que le School Shooting est souvent une conséquence du racket et des violences scolaires. En effet, selon le FBI, les tueries de masse dans les écoles seraient le fait dans 75% des cas de jeunes humiliés ou violentés par des pairs
La harcèlement scolaire à travers les jeux dangereux et pratiques violentes
Des jeux comme le « Petit pont massacreur » (celui qui rate le ballon et le laisse filer entre les jambes est tabassé par ses camarades) ou le « Jeux » de non-oxygénation (qui consiste à freiner l’irrigation sanguine du cerveau par compression des carotides pour ressentir des sensations intenses) se pratiquent aujourd’hui dans nos écoles. Certains élèves agissent occasionnellement sous la contrainte de l’effet d’un groupe, d’autres personnalités fragiles vont le pratiquer seul plusieurs fois par semaine et présenteront une symptomatologie dépressive.
Il faut ici distinguer les « Jeux » intentionnels lorsque que l’enfant donne son consentement et les « jeux »contraints, lorsqu’il ne choisit pas de participer, il est donc contraint et c’est une victime.
Les conséquences de ces pratiques sont graves : troubles du sommeil, phobie scolaire et pensées suicidaires.
Le « Happy slapping » qui consiste à filmer, à l’aide de son téléphone portable, une agression perpétrée par surprise puis de diffuser les images est aussi une pratique très répandue. Outre les violences, cette pratique porte aussi atteinte à la dignité et à l’image de la personne.
Le cyber-harcèlement
Le harcèlement peut se poursuivre en dehors de l’enceinte des établissements scolaires grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. On parle alors de cyber-harcèlement.
Le cyber-harcèlement consiste à utiliser les nouvelles technologies d’information et de communication pour se moquer, humilier ou intimider un autre élève, de manière répétée dans le temps. Il se pratique via les téléphones portables, réseaux sociaux, emails…
Le cyber-harcèlement se caractérise par la propagation de rumeurs sur les réseaux sociaux ou les forums, le piratage de compte, l’usurpation d’identité digitale et la publication de photos ou vidéos volontairement modifiées pour nuire à l’image de la victime.
Il se distingue du harcèlement physique car il peut toucher un très large publique et le harceleur peut rester anonyme et ne jamais se dévoiler.
Les conséquences de ces pratiques sont graves. Outre une dévalorisation de l’image de soi chez la victime, un sentiment de culpabilité et mêmes idées suicidaires peuvent aussi se développer.
Conséquences sur les élèves victimes
Le harcèlement scolaire peut gravement nuire à la santé mentale de l’enfant. Ses notes à l’école chutent, dans certains cas, le harcèlement peut même conduire à la déscolarisation.
La dépression est aussi une des conséquences graves du harcèlement. Selon une étude anglaise, 61% des victimes auraient des idées suicidaires.
L’élève victime de harcèlement cherche des prétextes pour ne plus aller en classe. Il souffre souvent de maux de tête et de ventre. Il se replie sur lui-même et peut adopter des comportements agressifs à la maison. En effet, il peut reproduire sur ses frères ou sœurs ce qu’on lui fait subir à l’école. Il peut avoir des pertes d’appétit ou à l’inverse des crises de boulimie. Il souffre d’insomnies et fait des cauchemars.
Quelles solutions ?
Selon une étude, 60% des élèves affirment que les enseignants n’interviennent presque jamais pour empêcher ou punir les brimades et moqueries. Les élèves témoins n’osent pas réagir craignant d’être harcelés à leur tour. Les parents comme les enseignants minimisent le school bullying et pensent généralement qu’il représente un passage obligatoire et nécessaire et que les enfants doivent apprendre à se défendre. Depuis 2011, le harcèlement scolaire est un phénomène reconnu en France qui a fait l’objet d’Assises nationales lesquelles ont conclu que le statut de victime devait être reconnu pour l’élève harcelé et de former la communauté éducative et les familles sur le sujet. En outre, Le ministère de l’Education nationale a lancé au mois de janvier dernier une campagne nationale contre le harcèlement scolaire. L’Etat entend ainsi sensibiliser les élèves sur un phénomène qui touche plus d’un élève sur 10.
En ce qui concerne le cyber-harcèlement, le ministère de l’éducation nationale a signé une convention avec l’association e-Enfance et élaboré un guide pour prévenir et traiter le cyber-harcèlement.
Le Suédois Dan Olweus pionnier dans la recherche sur le school bullying donne quelques conseils à suivre comme soummettre les élèves à une enquête anonyme, débattre à l’école, surveiller les cours de récré, déterminer des sanctions cohérentes et assurer protection à la victime.
Pour les familles il est important d’être attentif aux changements de comportement d’un enfant qui refuse soudainement d’aller à l’école et de prendre contact rapidement avec les responsables de l’écoles afin de déterminer une stratégie pour le bien de l’enfant.
Sources :
– Article : http://www.scienceshumaines.com/
– agircontreleharcelementalecole.com
– educsol.education.fr/harcelement-en-milieu-scolaire
– Wikipédia : le harcèlement scolaire
– education.gouv.fr/lutte-contre-harcelement
[b]Voilà un article informatif équilibré ! La protection de nos enfants ne passe pas par la lâcheté des parents et enseignants, qui comme vous le rappelez si justement, minimisent trop et trop souvent ces évènements qui peuvent conduire au suicide l’enfant à bout de résistance.[/b]
il est triste de constater que cette forme de violence n’est pas étrangère à l’adolescence,alors il ne faut pas s’étonner que les pays entre eux continuent cette forme de violence!
Bonjour,Nous ne pouvons que confirmer l’exactitude des faits relatés dans cet article . L’association lutte depuis 2008 pour les enfants victime de ces pratiques…toutes les infos utiles : http://www.violencescolaire.fr
« s’informer pour ne jamais avoir à le regretter ! »