deux grandes «gueules», mais aussi des instants de fraîcheur.
Copie d’écran.
Yves Calvi anime maintenant tous les lundis un débat sur l’actualité en seconde partie de programme et le lundi 15 avril 2013, jour de la publication du patrimoine des ministres, tombait à points nommés pour aborder cette petite révolution Française. Il était tentant, seulement par curiosité, de regarder cette émission, quand on sait que ce genre de foire d’empoigne ne mène nulle part, sinon à se jeter à la figure ses vérités. Mais écouter les deux grandes «gueules» invitées Nadine Morano et Bernard Tapie patron du quotidien «La Provence» et homme d’affaires, valait bien d’y consacrer un peu de temps. C’était le spectacle qu’avait concocté Yves Calvi, avec Bernard Tapie c’était la garantie de quelques millions de téléspectateurs même si, ce que Tapie avait à dire n’engageait que lui. Dans ce registre il fut le meilleur lorsque d’une façon impromptue, parfois les débats dérivèrent, fut abordé l’affaire du tribunal arbitral, ce qui n’avait rien à voir dans cette émission, on dérive très vite. Outre ce fait, il fut plus un arbitre qui écoutait l’air amusé qu’un participant actif. Cela montra, une fois de plus, que ces émissions ne servent que pour le peuple qui finira par ne plus les regarder, sous le slogan, fallacieux, de tous pourris. Les divergences politiques sont-elles qu’ils font leur malheur eux mêmes.
Il fut suivi par Nadine Morano ancienne ministre autre grande voix qui ne répondait pas aux questions posées et qui débita sa litanie soigneusement préparée avec ses feuilles mémoire devant elle, ce qui énerva pas mal les autres participants, sachant que ce qu’elle clamait on le savait depuis longtemps jetant son jus, sans preuves d’ailleurs, contre Pierre Moscovici.
Le seul un instant de fraicheur fut par le représentant de l’UDI Maurice Leroy, suivi par la députée représentante du PS Karine Berger, avec le communiste Pierre Laurent secrétaire du PC, et le directeur du Nouvel Obs Laurent Joffrin légèrement effacé peinant à prendre la parole. Tous quatre parlèrent calmement essayant de développer des arguments.
Sur la question de la déclaration du patrimoine des ministres, on retrouva le clivage droite gauche bien que la gauche de la gauche fut introduite par Nadine Morano évoquant le président de l’assemblée nationale Claude Bartelone, bien sûr contre, comme s’il avait une opinion maitresse dans ce déballage des patrimoines. On connait bien son obédience au sein du PS, ancien porte-flingue de la gauche socialiste, mais sans responsabilité gouvernementale, et puis ce fut une bonne occasion de taper sur Hollande qui lui offrit ce poste par son élection.
Outre la représentante du PS la députée Karine Berger, je ne fus pas étonné de constater que Nadine Morano était franchement contre, avec les arguments que l’on connait puisque fidèle à son mentor Jean-François Copé. Cette déclaration de patrimoine n’aurait pas empêché le mensonge de Cahusac, c’est évident, mais cela ne veut signifier qu’il ne faut rien faire. Mais aussi de rappeler la difficulté que dû surmonter Michèle Delaunay, cancérologue, ministre déléguée aux personnes âgées et de l’autonomie avec un patrimoine de 5,4 millions d’euros, le second plus élevé des ministres. Évidemment, pour elle, c’est un patrimoine difficilement compréhensible pour la majorité des Français qui sont dans la difficulté. Mais finalement, les Français comprennent qu’il peut y avoir des socialistes riches. Et puis, dans les patrimoines il y a l’héritage des parents comme le fit remarquer Laurent Fabius le plus riche de tous, qui est d’ailleurs en déficit de 30.000 € sur son compte courant. Cette déclaration des patrimoines qui soulève des polémiques autant à droite qu’à gauche n’a rien de choquant, et lorsqu’elle sera introduite dans les habitudes personne n’y fera attention.
Et là, la représentante du PS, de dire que c’est la première pierre d’un édifice qui va se construire, ce que d’ailleurs aussi bien Laurent Joffrin que Pierre Laurent en convenaient.
Le représentant de l’UDI très calme n’était pas contre à condition que soit pratiqués des contrôles ce que tous demandaient. À croire qu’ils n’avaient pas bien assimilés les déclarations du président qui portaient sur une haute autorité indépendante, mais aussi le parquet financier dans le cadre d’un office central de lutte contre la fraude et la corruption. Bien sûr, la députée PS se fit une joie de rappeler que cela avait été prévu dans son intervention du mercredi 10 avril à la fin du conseil des ministres et que 63 % des Français approuvaient cette déclaration de patrimoine.
Bernard Tapie qui avait préparé sa riposte critiqua le voyeurisme malsain, le climat de soupçon qui était latent, et aussi le fait qu’une déclaration ne dispense pas qu’elle soit fausse, voire mensongère. Pour lui le coût des mètres carrés des maisons laissaient un doute sur leur réalité. En fait rien de bien différent de ce que d’aucuns avançaient, et que tout le monde sait.
Et puis vint ce fameux problème du statut d’élus pour les maires, les conseillés généraux régionaux de France député et sénateurs, lancé par le représentant de l’ UDI. Chose curieuse d’ailleurs personne ne connaissait ce que voulait signifier ce statut du député ? On comprit vite qu’il signifiait l’injustice sociale entre les parlementaires venant de l’administration et ceux venant du privé. À l’assemblée nationale il y a 37 % de fonctionnaires, et des ouvriers moins de 1 % ! Mais aussi que la diversité politique nationale n’était pas représentée, et Pierre Laurent de rependre que s’il n’y a pas d’ouvrier, cela ne s’était pas encore vu. Sur ce point, aucun n’eut le courage de dire que s’il n’y avait pas d’ouvriers, c’était aussi un peu de leur faute, et l’hypocrisie toucha l’ensemble des présents, sauf peut être ceux qui n’avaient pas de mandat parlementaire. En effet, pour qu’il y ait des ouvriers, il faudrait avant tout que ceux qui cumulent laissent de leur place, mais là, ce serait trop demander. Ce point douloureux fut vite oublié, pour marquer que finalement l’assemblée nationale était majoritairement composée de fonctionnaires, et d’avocats ce qu’aucuns ne contredit. Mais outre ce fait, que son évolution n’arrangera pas la présence d’ouvriers, s’il n’y a pas, pour Pierre Laurent, une part de proportionnelle. Et de là, le débat porta sur les conflits d’intérêts.
On imagine de suite le clivage entre Morano fidèle à Copé (il vient de changer d’avis abandonnant sa robe pour se consacrer aux Français après avoir tant critiqué), qui cumule son métier d’avocat avec celui de député. Karine Berger estima que la fonction de parlementaire implique, pour être complète, de s’y consacrer à temps plein. Citant l’exemple de médecins qui pourraient avoir un intérêt avec les industries pharmaceutiques, et ceux qui sont conseils de ces industries. Pour elle il ne s’agirait pas, non plus, d’interdire l’intégralité des professions aux parlementaires.
Un conflit d’intérêt c’est quand l’intérêt personnel entre en collision avec l’intérêt général. Bien des lois furent votées pour favoriser des groupes de pression, ne serait-ce que la TVA réduite sur la restauration rapide.
Ce fut aussi l’opinion de Pierre Laurent mettant en avant qu’un député sert l’intérêt général et non l’intérêt privé citant la politique précédente qui empilait les niches fiscales et les cadeaux, et que dans certains cas les conflits d’intérêt posaient problèmes. Il est évident que dès lors qu’un député exerce également dans le privé, son statut de député lui ouvre des portes, et peut l’inciter à favoriser une loi.
Pierre Laurent, on ne peut pas cumuler une indemnité parlementaire avec un revenu privé.
Maurice Leroy de l’UDI, il s’est dit favorable à regarder les conflits d’intérêts. Mais, pour lui, la question qui se pose quand un médecin est battu à l’élection d’après cela se passe comment ? Pôle emploi ? On n’en parle jamais, c’est exact. Il faudrait en effet que les députés non fonctionnaire et non réélus puissent retrouver un emploi. Mais c’est la loi pour tous les Français qui perdent leur emploi, et ils sont nombreux. Un député non réélu a quand même plus d’une corde à son arc, ne serait-ce que sa carte de visite, pour retrouver un emploi. Je n’ai jamais entendu ni vu de députés chômeurs. C’est donc un faux problème qui n’intéresse pas les Français.