Le gouvernement Charest abandonne l’idée du ticket modérateur

En mars 2010, lors du dépôt de son budget, le gouvernement Québécois, mené par le parti Libéral, avait décidé d’examiner de nouvelles façons de financer le système de santé. L’une de celles-ci était de demander une franchise de 200$ par personne, plus un certain montant (environ 20$) à chaque visite chez le médecin. Un surnom lui a vite été donné : le ticket modérateur.

 

Ticket modérateur, car son but, avoué ou non, était d’éloigner les gens des médecins le plus possible. Certes, cela aurait sûrement fait changer les habitudes de ceux qui se ruent chez le docteur à la moindre toux, au moindre bobo, mais une mère monoparentale qui a de la difficulté à joindre les deux bouts, et qui est vraiment malade, aurait pu préférer acheter du pain et du lait et endurer la douleur qui la suit depuis deux semaines. Se sacrifier pour ses enfants, carrément.

 

Un autre aspect dont on a moins parlé dans les médias est la franchise de 200$. Qui s’ajouterait aux impôts. Encore une fois, les moins bien nantis auraient eu de la difficulté à digérer cette décision. Je viens d’une famille de 4 enfants : le gouvernement nous aurait donc demandé un montant total de 1200$. Ce n’est pas rien : de la nourriture pour un mois au complet. Pour certaines familles (beaucoup d’enfants, père au chômage, parce que l’usine de papier a fermé), ça aurait été une vraie catastrophe.

 

Heureusement, après consultation, le gouvernement a décidé d’abandonner cette mesure. Trop impopulaire, probablement, car c’est après une consultation du milieu hospitalier que la décision a été prise. Sa réaction avait été claire, dès le début : imposer une franchise et un ticket modérateur ne serait pas une bonne idée.

 

C’est une bonne chose que la franchise et le ticket modérateur aient été abandonnés. Après tout, les Québécois se sont battus durant les années 70 pour obtenir un système de santé complètement gratuit. Annuler cette gratuité serait carrément une insulte aux instigateurs de l’assurance maladie. Pire même, ce serait régresser (pardonnez-moi l’expression, mais je ne trouve pas de terme plus juste) tranquillement au niveau des États-Unis. Car une porte ouverte entraîne forcément des visiteurs. Quelle aurait été la prochaine étape? Facturer aux patients le salaire du médecin? Abandonner l’assurance maladie? Dans ce cas, on serait aux prises avec les mêmes problèmes que notre voisin du sud : un bras cassé, 1000$ de moins dans nos poches. Un cancer? On réhypothèque la maison, ou on meurt. Ce n’est pas tout le monde qui aurait moyen de se payer l’assurance maladie.

 

Mais trêves de fabulations, tout ceci n’est que fiction. Il y a plusieurs façons de trouver les 500 millions de dollars que ces mesures auraient apportés. Par exemple, une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Je suis convaincu qu’il y aurait moyen de sauver des centaines de millions de dollars en faisant le ménage dans le système politique, en sortant le crime organisé du secteur de la construction. Après tout, nos routes coûtent 35% plus cher qu’en Ontario (source), les ramener à un prix normal nous donnerait plus d’argent disponible pour la santé.

 

Louis Bourdages