Le florissant business en Afrique

 L’Afrique fait rêver, mais rebute plus d’un investisseur. Le marché n’est pas propice, la sécurité des personnes et des biens n’est pas garantie, la corruption empêche le bon développement d’une entreprise privée. Tout est bon pour justifier la frilosité à entreprendre. Pour approcher la réalité, il faut repenser l’Afrique en des termes simples, mais indispensables et comprendre enfin ce continent au futur prometteur.




L’Afrique est un continent plus grand que les Etats-Unis, l’Inde, et la Chine réunis. Traiter les pays africains comme un tout est une faute grossière qui est cependant à l’origine de bien des déboires. Le titre de cet article est d’ailleurs quelque peu trompeur puisque lui aussi tend à relayer l’idée que les pays africains peuvent être compris et approchés d’une unique manière. L’Afrique est au moins aussi multiple qu’il y a d’Etats qui la composent. Une carte représentant tous les continents à la même échelle provoque un choc. Le continent est immense et le considérer comme une entité homogène constitue l’amorce d’un échec retentissant. 

Faire des affaires ne s’improvise pas et des questions très simples doivent trouver une réponse claire. Où vais-je exactement ? Que vais-je y faire ? Quelles sont les infrastructures existantes ? Le pays est-il propice aux investisseurs et entrepreneurs étrangers ? Quels sont les us et coutumes ? Répondre à ces questions est une clé indispensable de réussite et aucune zone d’ombre ne doit venir faire son nid.

L’Afrique bouge, mais pas au même rythme et avec des spécificités régionales, nationales et locales gigantesques. L’essor des classes moyennes dans certaines villes constitue une opportunité d’investissement sans précédent dix ans après le jugement lapidaire de The Economist qui parlait d’un « continent sans espoir ». Malgré le marasme des années 1980-2000, de nouveaux consommateurs forment une cible de choix pour les entreprises. Les investisseurs étrangers ne s’y trompent guère et jugent même l’Afrique sub-saharienne comme la zone du monde la plus attractive en 2013.  80 milliards de dollars d’investissements étrangers sont attendus en 2014 soit cinq fois plus qu’il y a une décennie. Les mentalités changent petit à petit, mais un travail de fond reste encore à faire.

Dépasser les derniers obstacles

L’Afrique parvient à attirer de plus en plus, car le continent a encore la réputation d’une terre vierge où l’accroissement de la population est une opportunité commerciale à ne pas rater. En effet, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance estime qu’en 2050 un quart de la population mondiale sera africaine. Autrement dit, les entreprises ne pourront plus faire l’impasse sur ce continent. Le Nigéria, première économie du continent sera également le pays le plus peuplé au monde derrière l’Inde et la Chine.

Mais à l’image d’un Nigeria qui entrevoit son futur avec une relative sérénité, les obstacles au développement restent très marqués dans beaucoup d’Etat. Les gouvernements ont bien compris l’importance d’attirer les capitaux étrangers – une majorité d’entre eux font évoluer la réglementation dans un sens libéral – reste que le népotisme et la corruption sont étroitement associés à l’Afrique. Les exemples qui découragent les investisseurs étrangers ne se comptent plus à l’image d’un Ismaïl Omar Guelleh qui redistribue les contrats conclus entre Djibouti et des entreprises étrangères sans se soucier le moins du monde de la légalité de ses décisions. A l’image de ce qui se passe à Djibouti dans les dossiers DP World et Total, la Chine fait aujourd’hui la loi sur certains marchés africains, mais les risques d’exaspérer la concurrence sont grands. De mettre à dos la population aussi.

Car si les entreprises étrangères s’installent sur le continent, elles doivent aussi prendre en compte les populations locales. Les entreprises chinoises qui envoient des travailleurs nationaux sans recourir à la main-d’œuvre locale créent des tensions qui déplaisent fortement aux gouvernants. L’argent ne suffit plus à contenter les Etats. En cela, les normes et pratiques européennes et africaines se rapprochent ce qui laisse espérer que l’Afrique devienne un marché comme les autres. En attendant d’être le premier marché au monde.