Cette semaine a été marqué par des nouvelles plus terribles que celles de 2008. Nous avons eu :

-la faillite de la Californie contrainte de vendre ses bâtiments publics.

-la faillite de 3 nouvelles banques américaines dont un très grosse banque avec plus de 12.8 milliards de dépôts ( plus grosse faillite de 2009) portant à 36 le nombres de faillites depuis le 1er janvier 2009 (contre 25 en 2008)

-la faillite programmé de General Motors etc…

Les américains font semblant de garder la face et joue même le cynisme. Ainsi, lundi, le trésor a annoncé que les banques pourraient commencer à rembourser les prêts bancaires (TARP), alors qu'il y a 3 semaines elles étaient à genoux. En réalité, les banques veulent recommencer leurs activités d'investissement sans avoir à rendre de compte à l'État car ce dernier restreint la fougue des traders et empêche certains bonus aux dirigeants. Pour autant, la spéculation reprend comme si de rien n'était à l'image de Goldmans sachs qui spécule des sommes qui vont bien au delà de ses fonds propres. Autrement dit, les banques après avoir puisées dans l'argent du contribuable, veulent reprendre leurs activités spéculatives comme si de rien n'était et avec la bénédiction de l'État américain.

Dans le même temps, jeudi, le trésor a avoué à demi-mots que la situation n'était pas du tout sous contrôle. Jusqu'à présent les 2000 milliards injectés directement sur les marchés financiers sous forme direct (achats d'actions) ou indirect (prêts au banque) n'ont pas produit d'effet . Le trésor envisage donc avec la FED d'accélérer l'achat de bons du trésor. Autrement dit, les américains vont continuer à imprimer jusqu'à 1500 milliards, si il le faut, pour racheter leur dette. Le Trésor a pris également conscience que même si l'économie américaine repartait, les intérêts de la dette seraient tels, que les points de PIB gagnés partiraient en remboursement de dette empêchant toute forme de croissance !

Mais cette fois, les américains ont attisé les foudres de la Chine. En effet, il faut comprendre que la confiance en les États Unis diminue et que les agents économiques demande des " primes de risque" pour l'aquisition de bons du trésor long terme. Observons le bon du trésor 30 ans :


On observe que depuis le 1er janvier, malgré la chute des marchés financiers en février, le bonds du trésor est monté pour atteindre un rendement de 4.5%. Or il faut voire une chose très importante, c'est que qu'en juin 2008 lorsque le rendement était de 4.5%, on avait un dollar beaucoup faible que maintenant. Si l'on prend la parité de juillet 2008, on était à 1 euro = 1.60 dollar alors que aujourd'hui nous somme autour de 1 euro =1.39 dollar. Concrètement la demande en bond du trésor diminue alors que les besoins américains augmentent. C'est pour cette raison que la FED imprime des billets pour acheter les bons du Trésor.

Mais en faisant ainsi ils créent un excès de demande artificiel et diminue le rendement du bond du trésor. D'ailleurs comme l'a souligné Timothy Geithner le secrétaire du trésor, le but de ces opérations est de diminuer les rendements. ( Il ne s'en cache même pas et a prévu de réserver le même sort aux bons du trésor sur 30ans après avoir diminué le rendement du 10ans ).

Si l'on se passe du point de vue de la Chine la situation est intenable. En effet, lundi elle apprend la décision américaine d'autoriser les banques à spéculer de nouveau, que le rendements des bonds du trésor vont diminuer, que les perceptives économiques américaines sont moroses ( alors que ces 2 derniers mois on laissait sous entendre que l'économie allait repartir très vite) et que la dette américaine va augmenter de 1814 milliards en 2009! De plus, le gouvernement américain, qui ne désire pas que le plan de relance soit dilué par les sous-traitants étrangers, pratique une politique protectionniste très agressive (diminution des importations de 35% ces 2 derniers mois) qui pénalise en 1er la Chine, principale partenaire commerciale.

Les banques centrales ont alors immédiatement réagis depuis mercredi et convertissent les dollar en euro ou en or. Jeudi, pour la 1er fois les demandes en or ont excédés les demandes de la bijouterie, et pour la 1er fois la chute des places financières a fait monter l'euro. Il s'agit d'une opération d'arbitrage. En effet, en pratiquant une politique monétaire expansionniste, les États Unis ont rendu leurs propres actifs beaucoup moins attractifs et font ainsi fuir tout les investisseurs étrangers. De plus, la Chine ne peut techniquement plus soutenir le dollar car son excédent doit être réinvesti sur son territoire pour compenser la fermeture du marché des biens américains. Autrement dit l'euro a été choisi comme devise de réserve cette semaine! En injectant de l'argent dans les marchés financiers pour faire monter les cours artificiellement les américains n'avaient pas prévu que le dollar se dévaluerait aussi vite et surtout à un moment où ils ont le plus besoin d'un dollar fort .

En effet, un dollar faible est contraignant pour eux car :

-Le prix du baril augmente énormément avec une demande qui diminue. Autrement dit, ceux qui veulent produire le font à un coût plus élevé. Globalement le prix des importations américaines est en net augmentation.
A l'inverse, on pourrait soutenir que les États Unis sont plus compétitifs. Cependant, comme ils ferment leurs frontières ce gain de compétitivité ne leur est pas d'une grande utilité.

-Les américains ont un besoin de financement colossal et un besoin d'entré de capitaux du même ordre pour compenser la balance des paiements. Or la chute du dollar en pleine crise empêche le financement de leur dette et provoque une sortie des actifs libellés en dollar.

-Ils perdent peu peu le privilège de devise de réserve car ils sont concurrencés férocement par l'euro (le dollar constituait 60% des devises de réserve en 2000, 40% en 2006, le chiffre de 2009 n'est pas connu mais est inférieur à 40%).

-Ils perdent une guerre idéologique qui met les marchés financiers au centre de tout. Ainsi on commence à sentir des réticences au modèle américain surtout après le sort qu'a subit la Grande Bretagne en ayant voulu le copier. (endettement à 100% du PIB et destruction de l'appareil productif )

La situation se retourne peu à peu contre les États Unis. Il paraissait pourtant évident qu'en transgressant toutes les lois économique une telle situation pouvait arriver. Wall Street, qui a l'habitude de montrer un mépris de la macroéconomie ou de l'économie internationale, a pourtant du soucis à se faire.

 

Boongo