Hier soir, certains ont pu vivre une interruption d’émission en direct : quelqu’un s’est invité sur le plateau de « Mots croisés » présenté par Yves Calvi, pour dénoncer le drame du DARFOUR. Cette personne, dont l’élocution était troublée probablement par le trac et la gravité du sujet, fut rapidement reconduite. L’enchaînement du présentateur fut plus que brutal : cynique et inhumain. Un petit sourire au coin des lèvres et à celui de ses invités il se plaint de cette « prise en otage » de son émission et revient à une énième et insipide analyse de l’actualité électorale. Quel contraste entre l’évocation, dans la douleur et l’interdit, d’un drame humanitaire terrible et le mépris arrogant, l’égocentrisme, d’un plateau télé politique.
M. Clavi et ses invités ne sont pas plus en cause que le reste du monde médiatique et intellectuel, dont le silence est odieux. Mais que dire des hommes et femmes politiques, qui se prétendent l’être ou le devenir, ceux-là mêmes qui sont censés un jour décider pour le bien de tous ? Eux, qui devraient avoir le recul, l’analyse et des réponses à ces situations indécentes, honteuses pour l’humanité, ne cherchent qu’à gagner la coupe du plus démagogue et du plus irresponsable. Je regrette d’avoir assisté à cet épisode. Non pas parce que j’aurais découvert quelque chose que je ne savais pas. Les intellectuels ont depuis longtemps quitté la réalité et la gravité des problèmes et les politiciens quitté le champ des intellectuels. Tout cela, nous le savons tous déjà trop bien. Non, je le regrette, car cela m’a mis devant moi-même : que fais-je devant ce constat ? A part changer de chaîne…