L’un des plus prisés porte-manteaux (avec NKM et quelques autres, dont Carla Bruni qui nous la joue maman négligée nature à présent) s’en prend à François Hollande, l’accusant de mépriser les habitantes et habitants des cités et banlieues en faisant preuve d’un « culot monstre ». Elles et ils osent tout, et tout un chacun les aura reconnus.

C’est mesquin, bas, et même vil, mais à force d’entendre ces beaux messieurs-dames de l’UMP nous jouer l’indignation, on est pris de l’envie de répondre sur le même ton avec les mêmes arguments. Soit de dire à Rachadi Dati de s’occuper d’abord de son malheureux frère, au moins autant que Fadela Amara de sa famille (qu’elle logeait fréquemment dans son splendide appartement parisien de fonction).

Or donc, voici que François Hollande avait déclaré que les populations des quartiers dits défavorisés n’attendent pas un plan Marshall, « d’ailleurs elles ne savent même pas qui était Monsieur Marshall, » mais plutôt « de la considération, du respect et des politiques durables… ».

Ce faisant, selon Rachida Dati, qui lésine parfois au point de ne pas vouloir rendre aux grands couturiers les tenues qu’on lui prête (voir naguère Le Canard enchaîné), le candidat socialiste aurait ainsi affiché « son mépris ». D’une part, je ne sais si Madame Dati sait ce que Mssrs Carnegie ou Wallace ont pu faire pour diverses villes françaises, mais subodore que F. Hollande n’a point trop tort sur ce point d’histoire. Je connais suffisamment de profs de quartiers difficiles dont les élèves décrochent avant d’aborder ce chapitre du programme et nombre des parents ont d’autres chats à fouetter que de se pencher sur les suites de la Seconde Guerre mondiale. Quant on a été ministre sous un président se targuant – absolument à tort – d’avoir fait chuter le mur de Berlin (au sens propre, physique), mieux vaut se taire sur les opérations nord-américaines (dont le fameux pont aérien entre Berlin et « l’Ouest »).

Mais glissons. « Il faut un culot monstre, pour celui qui faisait partie du système PS déjà il y a trente ans, pour revenir sur les lieux de leur lâcheté. ». Passons sur l’usage grammatical d’un nom collectif entraînant, à l’anglaise, le pluriel mais ont a bien compris que depuis 1995, les socialo-communistes sont toujours continûment au pouvoir comme Rachida Dati voudrait le faire croire.
Le communiqué de la candidate à la députation dans une huppée circonscription parisienne s’intitule « Vous pas connaître Monsieur Marshall ». On pourrait en sourire…

Chaque jour, une invective

Faire-valoir, comme Rama Yade, d’une diversité que le candidat-président peine à présent à mettre en avant, Rachida Dati n’est pas vraiment, elle, issue des beaux quartiers. Mais ses souvenirs sont déjà fort lointains. Je ne suis pas trop sûr qu’elle se souvienne d’ailleurs du prénom de Marshall (George), ni de son grade (général) : la plupart des gens de pas trop loin de 40 ans le prennent souvent pour un économiste.

Elle fait aussi allusion au « parachutage » de candidats, plaidoyer pro domo pour celle qui se voit importer un Fillon sur ses très récentes terres électorales. Ce qui est inquiétant, c’est cette toute récente propension du candidat des riches et de son aréopage de se faire passer pour les chantres du bas peuple, des gueux, voire bientôt des pue la sueur, des SDF, alors que le Dal et Jeudi noir voient leurs squats de mal logés évacués par la police.

Bientôt, Rachida Dati et NKM scandant « rien n’est à nous, tout est à eux » à l’intention des forçats de la faim ? Il faut les entendre, ou les lire et relire, pour parvenir à y croire. Et pourtant.

Carla Bruni, en visite à l’hôpital de Fréjus, a estimé « on va souvent aux urgences parce qu’on sait pas quoi faire », éludant le « ne » pour faire peuple. Oh si, beaucoup sauraient quoi faire mais, dépourvus de mutuelle, ou n’ayant pas d’argent à avancer, ils préfèrent recevoir la note de l’hôpital et étaler le paiement. Carla Bruni devrait se renseigner auprès de ses propres médecins pour savoir combien de patients en CMU ils reçoivent…

Une autre réalité

Rachida Dati s’exprime sur les quartiers difficiles alors que Mediapart révèle que « Bercy a reçu la consigne de préparer un plan d’austérité sur les crédits budgétaires alloués au logement. ». Il s’agirait de réduire de près d’un tiers les montants des aides au logement pour en récupérer près de 600 millions (sur près de 16 milliards actuellement). Ces aides, proportionnelles aux revenus, bénéficient surtout à des gens dont les ressources sont inférieures au SMIC (pour 76 %) ou à deux fois le SMIC au maximum.  Commentaire de Mediapart, si ce projet était appliqué, « ce serait une déclaration de guerre aux super pauvres… ». 

Alors, où se situe au juste le mépris, la condescendance ? Sur les généralités qui ne mangent pas de pain, il n’y aura bientôt plus que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes entre les discours des ténors de l’UMP et les propos de Jean-Luc Mélenchon sur les plus démunis. Fantastique trompe-l’œil que des salles applaudissant Sarkozy plébiscitent, n’en sachant pas moins ce qu’il en sera par la suite.

Ce qui est sûr c’est qu’on ne sait combien de riches Hollande voudrait en moins, mais on sait encore moins combien de pauvres Sarkozy promet de rendre, sinon riches, du moins moins pauvres. Car contrairement à ce qu’on imagine, il faut beaucoup de pauvres pour faire des riches, et quand on nous bassine que les riches créent l’emploi (et donc n’en profiteraient pas ?) et les richesses pour tous, c’est l’inverse que l’on constate dans les faits : les inégalités se creusent démesurément.

Mais voilà que Françoise Hardy fait pleurer dans les chaumières : elle est ruinée par l’ISF et les impôts, forcée de déménager, voire de quitter la France. Et bien sûr, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère : si François Hollande multiplie son imposition par trois (où est-elle allé chercher cela ? dans les astres ?), elle sera « à la rue ». On y croit très fort. Bah, les Sarkozy, qui se disent désormais si près du petit peuple, lui réserveront sans doute une soupente et un bol de soupe quotidien. Et si, à 70 ans, elle n’a pas son permis pour dormir dans sa voiture sans risque de se retrouver avec un sabot direction fourrière, Sarkozy lui concoctera un permis senior avec apprentissage gratuit du code au foyer du troisième âge et bons pour des leçons de conduite. Carla lui passera les vieux pulls qu’elle affectionne à présent : elle ne va quand même porter les mêmes dans cinq ans, lorsque son mari tentera de changer les règles pour briguer un troisième mandat afin de corriger les inégalités et réduire encore le nombre des pauvres ?

Pour le moment, il a doublé ses émoluments et fait progresser son patrimoine d’un tiers en moins de cinq ans. Et vous ?