Un sol jalonné de jaillissements s’arrachant d’un monde souterrain en ébullition, dessine l’image de cette région située au nord de Puzzuoli, appelée par les Grecs « Campi Flegrei » – les Champs ardents -, sa principale caractéristique. Toute la zone, en effet, est volcanique, mais sa structure, du moins pour le néophyte et le candide qui s’attendent à découvrir un volcan en forme de cône tronqué, est plutôt singulière. Au différent, l’emprise de l’édifice, une vaste dépression, de 13 sur 15 kilomètres de diamètre, essaimée de collines de faibles dénivelé et de replats circulaires ou elliptiques, s’ouvre en amphithéâtre autour d’un golfe marin. Elle est bornée par de nombreux dômes, cônes et cratères volcaniques majoritairement monogéniques(1).

 

L’Archiflegreo d’après le levé géologique au 25.000° d’Alfredo Rittmann.

 

Il est communément admis, par les hautes autorités scientifiques, que l’activité de l’Archiflegreo débuta entre 50.000 et 45.000 ans. Il est aussi concédé que cet édifice vulcanien était un stratovolcan «monobloc» de forme conique, surmonté d’une caldeira sommitale. Et d’une hauteur fluctuant entre 1.800 et 2.000 mètres, il était comparable, en taille, au Vésuve. « Volcan gris » associé au phénomène de subduction, ses éruptions explosives, de type strombolien, – Indice d’Explosivité Volcanique de 1 à 2 -, vulcanien, – Indice d’Explosivité Volcanique de 2 à 5 -, ou plinien, – Indice d’Explosivité Volcanique de 3 à 8 -, étaient très violentes. Il émettait des laves pâteuses et des cendres sous la forme de nuées ardentes ou coulées pyroclastiques et de panaches volcaniques.

 

L’Archiflegreo était «dormant» quand son cône fut entièrement détruit par une éruption explosive colossale ou méga-colossale suivie d’un effondrement de la chambre magmatique. Ses restes, au Sud, furent noyés sous les eaux, donnant forme au Golfe de Puzzuoli. Au Nord, ils furent enfouis sous les dépôts pyroclasyiques et les coulées de laves d’une quarantaine d’édifices qui s’érigèrent à sa périphèrie interne et externe. Bien qu’ensevelies par des projections postérieures, très remaniées, quelques résidus de la caldeira initiale sont toujours visibles: les îles Vivara et Procida, le Monte di Procida, le Monte San Severino et l’arc collinaire allant du Nord de Quarto, passant par Camáldoli, jusqu’à Posilipo. Le tuf gris, répandu sur tout le territoire de la région campanienne apporte preuve irréfutable de l’éruption apocalyptique de l’Archiflegreo.

 

L’Ignimbrite Campanien – 39.280 ans ± 110 ans: éruption et effondrement de la caldeira de l’Archiflegreo.

 

Dressant la succession stratigraphique du sous-sol du Campi Flegrei, à Quarto, à Pasciarelli, à Furiogratta, à Cupa del Cani ou à Secondigliano, une unité dans les diverses ouches qui le compose se dégage. Sur une base de sédiments marins du Calabrien et de l’Ionien, une strate d’ignimbrite, datée de 60.000 à 50.000 ans, atteint une épaisseur fluctuant, suivant les sites entre 180 et 200 mètres. Cette strate est entièrement recouverte par un «matelas» de tuff gris, l’Ignimbrite Campanien, 39.000 ans, d’une épaisseur oscillant entre de 140 et 150 mètres, elle-même ensevelie sous le Tuff Jaune Napolitain, de 15.000 ans d’âge. Une telle configuration montre que l’Archiflegreo s’est construit dans l’immense caldeira, aux dimensions indéterminées, du Proto-Archiflegreo détruite, et probablement effondrée, entre 60.000 et 50.000 ans, suite à une éruption explosive apocalyptique – Indice d’Explsosivité Volcanique 8.

 

L’activité commence, vers 50.000 à 45.000 ans, par la formation d’un imposant édifice strato-volcanique émettant principalement des produits trachytiques associés à un volcanisme explosif. Entrecoupée de périodes de quiescence, elle perdure jusqu’à 39.280 ans ± 110 ans date à laquelle se produit l’une des éruptions explosives ultra-pliniennes majeures qui aient été déterminées et recensées, en mer Méditerranée, au cours des 200.000 dernières années. L’activité volcanique explosive a atteint un point culminant au cours de ce cataclysme vulcanien éjectant environ 250 à 300 kilomètres cubes de magma trachytique et 500 à 700 kilomètres cubes de téphras et de pyroclastes. Il s’est parachevé par l’effondrement total de l’édifice archiflégréen et d’une vaste zone comprenant les Champs Phlégréens, la moitié de la ville de Naples, la partie occidentale de Baie de Napoli et le Golfe de Pozzuoli et la formation d’une énorme caldeira, de forme relativement arrondie, de 12 sur 15 kilomètres de diamètre.

 

Les conséquences de l’éruption explosive de 39.280 ans ± 110 ans.

 

Une éruption ultra-plinienne, se produisant sur des volcans gris, se caractérise par l’émission d’une lave d’une grande viscosité qui a extrêmement de mal à sortir de la cheminée volcanique. La pression interne augmente dans le volcan et provoque de gigantesques explosions qui peuvent détruire le volcan en lui-même. Le panache volcanique s’élève à des altitudes supérieures à 50 kilomètres et est accompagné d’une surge qui détruit toute vie et toute construction jusqu’à des dizaines, voire des centaines de kilomètres à la ronde.

 

Ce tephra, résultant de la plus grande éruption connue qui a pu se produire dans la caldeira du Campi Flegrei, représente le dépôt volcanique le plus vaste et un des marqueurs stratigraphiques le plus important de l’Eurasie occidentale. Il a produit le piperno et le tuf gris pipernoïde, l’Ignimbrite Campanien, qui a enseveli, sous 200 mètres d’épaisseur, toute la zone du Campi Flegrei et la moitié de ville de Naples. Il est reconnaissable dans la colline de Camáldoli, à l’Ouest et à la crête nord du Monte di Cuma, au Monte di Procida, dans les falaises côtières. Il a recouvert, d’une épaisse couche de pyroclastes, la majeure partie de la Campanie, le retrouvant dans la province de Salerne, à la «Grotte di Castelcivita» et du Latium.

 

Au-delà, à Rignano Garganico, à la « Grotte di Paglicci » et autres sites moindres dans la région d’Apulie, une fine pellicule de tephras, d’âge préliminaire d’environ 39.000 ans en corrélation avec les tephras marins répandus en Méditerranée centrale, correspond aux caractéristiques physiques et chimiques des produits émis par l’éruption ultra-plinienne du supervolcan Campi Flegrei.

 

Note.

 

(1) Un volcan monogénique est produit par une seule éruption.

 

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Articles précédents :

Le complexe supervolcanique Campi Flegrei : Son emprise territoriale.

Le complexe supervolcanique Campi Flegrei : Un Paléo-Archiflegreo ?

Le complexe supervolcanique Campi Flegrei : Proto-Archiflegreo et Parete.