Rappelons ici  en préambule les déclarations du Colonel Kadhafi qui ont alimenté ensuite  toutes les polémiques relatées dans le corps de l'article ci-dessous, alors qu’il s’exprimait à la veille du 2me sommet Europe Afrique, devant un parterre de 400 professeurs et étudiants, réunis à l'Université de Lisbonne :

Il est "normal que les faibles aient recours au terrorisme", puisque les "superpuissances" ont "violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre" ……. "Pourquoi réclamer la démocratie pour les Etats alors que la dictature règne aux Nations unies et qu'on ne peut l'instaurer au Parlement mondial ?" ….. M. Kadhafi a également porté le fer contre "les forces coloniales". Celles-ci doivent "dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses". "Ce sera l'un des points principaux du sommet : les compensations pour la période coloniale".

 

 

Un homme"nouveau" arrive à Paris

Un peu plus tard  que le  Beaujolais nouveau dont il ne boira aucune goutte comme ne lui permet pas ses croyances, un célèbre buveur de lait de chamelle, le « nouveau »Colonel  Kadhafi vient d’arriver à Paris pour retrouver Monsieur Nicolas Sarkozy , promoteur de sa réhabilitation sur la scène internationale.

 

Je savais que le Beaujolais nouveau pouvait en cas d’excès provoquer quelques crises de comportement le plus souvent festifs, je constate que le lait de chamelle rend agressif c’est le moins que l’on puisse dire.

                                              

 La  visite du Colonel Kadhafi, Chef de l’état  Libyen  avait provoqué  et suscite encore, alors que Monsieur Kadhafi vient d’arriver  chez nous  de très vices critiques et polémiques des personnalités politiques, du monde intellectuels, des organisations humanitaires  et au sein même du gouvernement français.  Certains commentateurs n’hésite pas à dénoncer la venue de Monsieur Kadhafi comme un scandale et dénoncent cette initiative diplomatique comme   la plus sulfureuse de l'ère Sarkozy.

 

Ndlr : « la plus sulfureuse  » : pour le moment,  mais pour l’avenir  nous n’avons pas encore tout vu !

 

Quoiqu’il en soit, Le Colonel  Mouammar Kadhafi qui doit  partiellement faire sien du  proverbe  «  il vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres »  a planté sa tente dans le jardin de l'Hôtel Marigny, riche édifice situé à côté de l'Elysée. La presse nous apprend cependant qu’il recevra  dans sa tente ses visiteurs, mais qu’il logera dans l’Hôtel Marigny, comme tous les hôtes de marque de passage à Paris.

 

 Il y a été reçu hier à l’Elysée  attendu sur le perron par le Président Nicolas Sarkozy, son promoteur politique et client potentiel,  avec le décorum habituel réservé aux Chefs d’Etats amis reçus en visite officielle, peloton de gardes républicains, fanfare militaire , et dignitaires alignés.

 

Le Colonel Kadhafi  suivi par une délégation de 400 personnes, est arrivé entouré d'une escorte jugée  tapageuse  par quelques  observateurs.

 

C'est dans une somptueuse limousine Mercedes blanche, allongée et dotée d’un aileron incurvé digne d’un monarque de l’or noir, et non pas sur un chameau comme l’aurait  pu l’imaginer les amateurs de sensations écologistes, ou dans une modeste Citroën ou Renault  comme l’auraient souhaité les habitants chauvins de France,  que le chef d'Etat libyen a pénétré dans la cour de l'Elysée accompagnée d'un second véhicule, bardé d'antennes destinées à brouiller les téléphones portables et empêcher les attentats, sécurité oblige. Pour  donner une note  folklorique, toujours appréciée par les amateurs d’exotisme, des musiciens dotés de tambourins et des danseuses orientales l’attendaient à l'extérieur pour fêter son arrivée.

 

Faute d’avoir entendu de Monsieur David Martinon, porte parole de l’Elysée , le programme des réjouissances  prévues pour agrémenter le séjour en France du Colonel Kadhafi, les  rumeurs  et les suppositions les plus folles circulent sur la suite de la visite. Certains prétendent que le Colonel  Mouammar Kadhafi participerait à une chasse présidentielle, qu’il rendrait visite aux ouvriers de Renault et  qu’il ne mangerait que du chameau grillé et du lait de chamelle  lors de ses soirées sous la tente. L'Elysée n'a rien confirmé.

 

On sait seulement l’essentiel du côté officiel de sa visite à savoir  que le dirigeant libyen rencontrera le président de l'Assemblée nationale ce mardi et sera reçu une seconde fois par Nicolas Sarkozy, mercredi.

 

 On sait aussi que Lundi soir, les deux  chefs d’Etat ont signé des contrats pour quelque 10 milliards d'euros, un montant plus important que prévu initialement. Il s'agit de matériels civils – une usine de dessalement d'eau de mer fonctionnant avec un réacteur nucléaire, des avions Airbus – mais aussi d'équipements militaires. Tripoli s'intéresse notamment à l'hélicoptère de combat Tigre et au chasseur Rafale, deux engins très sophistiqués.

 

Une source proche de Dassault, le fabricant, qui n'a encore vendu aucun Rafale à l'exportation  a commenté  au sujet du chasseur Rafale : «Si le gouvernement français a décidé de parler à la Libye et d'envisager la livraison de cet avion, c'est qu'il estime que c'est tout à fait acceptable»

 

 Les dirigeants français se défendent de recevoir Mouammar Kadhafi pour  seulement une question de gros sous. Il s’agirait selon eux d'encourager ce pays  à « s’engager  sur le chemin des droits de l’homme, et   Monsieur Nicolas Sarkozy qui dans tous ses discours enfourche ce refrain à la mode, a profité de sa rencontre avec le chef de l’état Libyen pour entonner son credo en lui demandant  de progresser sur le chemin des droits de l’homme … « la Défense des droits de l’homme ce  n'est pas des pétitions de principe, ce sont des résultats», a expliqué le président français à l'issue de la discussion.

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Pour les  résultats,ne doutons pas que Le Colonel s’engagera et progressera   sur la voie royale des Droits de l’homme armé jusqu’aux dents par les bons soins de l’Etat Français, les Droits de l’homme entendus  du côté Nord de la Méditerranée  sont une chose, du côté Sud de la Méditerranée c’est encore  une curiosité intellectuelle tout juste bonne à faire baver  les salons occidentaux , à l’heure du thé, ou  les soirs où l’on n’a plus à envie de discuter sur le sexe des anges. Tout est relatif en ce bas monde, et l’écueil de l’occidental c’est de toujours s’imaginer que sa vision des droits de l’homme peut séduire toutes les personnalités tyranniques pour  les faire entrer dans le chemin des droits de l’homme, dont certains occidentaux et non des moindres du reste, n’ont pas encore trouvé la direction.

 

D’après certains commentateurs,  Paris entend récompenser la Libye pour la libération, en juillet, des infirmières bulgares et du médecin palestinien détenus et torturés pendant huit ans dans les geôles libyennes. Nicolas Sarkozy et son ex-femme Cécilia avaient joué un rôle dans cette libération en s’introduisant dans la négociation. La contrepartie, toujours d’après certains commentateurs, en était  que le président français aiderait la Libye à retourner à la «respectabilité internationale».

 

Quoiqu’il en soit, critiques et  approbations fusent de toute part, alimentant des polémiques dont  je me bornerai, pour ne pas faire un roman fleuve, de n’en citer que les plus marquantes : 

Des personnalités socialistes et même des personnalités au sein du Gouvernement   redoublent  leurs critiques contre la visite en France du colonel Kadhafi

 

Les députés PS boycotteront sa visite  à l'Assemblée :

 

Le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a même  demandé, à la veille de l'arrivée à Paris du "guide" libyen, l'annulation de sa venue qu’il dénonce comme  "inacceptable" au Palais-Bourbon, alors que  dans  le cadre de sa visite officielle en France, il a été annoncé que  M. Kadhafi devait s'entretenir mardi avec le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP).

"Si le colonel Kadhafi veut être invité, il doit mettre fin à son système d'exactions. Il doit cesser de promouvoir, en actes et en paroles, le terrorisme international", a poursuivi M. Ayrault, relevant que "la commission d'enquête parlementaire sur la libération des otages bulgares de Libye a révélé les tortures et les sévices dont ils ont été victimes". Elle "a confirmé que ce recours à la torture était systématique et continuait d'être pratiqué dans les prisons libyennes".

 

Les députés socialistes "refusent d'accueillir le chef d'Etat libyen" et "ils demandent solennellement au président de l'Assemblée nationale d'annuler cette réception", a souligné le député-maire de Nantes dans un communiqué.

 

"Si le colonel Kadhafi veut être invité, il doit mettre fin à son système d'exactions. Il doit cesser de promouvoir, en actes et en paroles, le terrorisme international", poursuit le député-maire de Nantes.

 

M. Ayrault estime que "quels que soient les motifs de cette visite en France", il est "inconcevable que l'Assemblée nationale cautionne de telles violations aux droits de l'homme". "Ce serait bafouer les victimes et tous les principes démocratiques qu'incarne notre Assemblée", conclut-il.

 

Les députés du groupe présidé par M. Ayrault ne seront donc pas présents lors de la réception du Colonel Kadhafi.

 

Mr. Bernard Accoyer (UMP), Président de l’Assemblée Nationale a répondu  que "Cette réception s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du chef d'un état qui, depuis 2003, a montré sa volonté de normaliser ses relations avec la communauté internationale" et que "comme il est d'usage" pour une visite officielle, le chef de l'Etat libyen serait reçu à la présidence de l'Assemblée."Cette réception s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du chef d'un état qui, depuis 2003, a montré sa volonté de normaliser ses relations avec la communauté internationale"

 

Les personnalités socialistes ont déclaré :

 

Tout au contraire,  avec une juste indignation et  sans mâcher ses mots sur  radio RCJ, Monsieur François Hollande s'est insurgé contre des propos de Nicolas Sarkozy se disant à Lisbonne "très heureux" d'accueillir son homologue libyen : Il "sera donc très heureux de recevoir un dictateur", un "dictateur qui s'est compromis dans des actes terroristes", a déploré François  Hollande, un "dictateur qui justifie encore aujourd'hui le terrorisme", "qui vient ici avec ses pétrodollars acheter des armes".

De son côté, Ségolène Royal a  jugé   "scandaleux" de recevoir Moammar Kadhafi  dans un entretien qui sera diffusé Lundi 10 décembre  par la chaîne de télévision Public Sénat.

 

Les infirmières bulgares "ont été torturées sous un régime qui cautionne la torture, avec l'accord de Kadhafi » …. « Dans ces conditions, donner au leader libyen "une crédibilité politique, démocratique, alors que le système continue, je trouve ça scandaleux" a-t-elle expliqué.

 

 De plus,  Madame Ségolène Royal avait  jugé "tout simplement odieux, très choquant, même inadmissible que la France aille cautionner un système de tortures en prison". "Faut-il se "Est-ce qu'il faut se mettre à genoux devant les intérêts financiers?", a questionné  Mme Royal, dénonçant "la négociation qui consiste à dire: «  on piétine la tradition de défense des droits de l'Homme, soit disant pour certains contrats".

 

"Il ne faudrait pas non plus que le chef de l'Etat, en faisant le tour de la planète, fasse croire aux Français que son seul déplacement conduit à obtenir des milliards de contrats", a-t-elle protesté, alors que M. Sarkozy a mis en avant la perspective de contrats de milliards d'euros notamment dans les domaines aéronautique, nucléaire et de la défense pour justifier l'accueil réservé au leader libyen mettre à genoux devant les intérêts financiers?" a-t-elle questionné sur Canal « + »

 

Par ailleurs,  Ségolène Royal a félicité Rama Yade pour "ses propos extrêmement courageux et clairs" ….. "Elle est la seule au sein du gouvernement a parler clair, à parler juste, à parler fort et à avoir le courage de dire les choses", a dit sur France Info la dirigeante socialiste.

 

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Avant même ces déclarations, la visite du colonel Kadhafi avait suscité de nombreuses critiques, des approbations et des polémiques.

 

Des intellectuels, des personnalités politiques et des ONG avaient fait par de leur désapprobation :

 

– «On n’invite pas en visite d’Etat un grand terroriste», s’est offusqué vendredi le philosophe Bernard-Henri Lévy.

 

– «C’est indigne», a jugé le chef du MoDem François Bayrou.Il  s'est indigné que la France déroule "le tapis rouge" sous les pieds d'un homme "qui a commis des actes terroristes parmi les plus horribles de ces dernières décennies … un dictateur sanguinaire responsable de prises d'otages".

 

  Monsieur Louis Michel,  a réagi plus précisément aux propos de Kadhafi selon lesquels «les forces coloniales doivent dédommager les peuples qu’elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses». Pour le commissaire européen au Développement, «les colonisateurs ont déjà payé». En outre, a-t-il estimé, «ces sommes n’ont pas toujours été utilisées au mieux. Et on continue, donc on n’a pas de leçon à recevoir de ce point de vue».

 

– Alain Bocquet, porte-parole des députés communistes, a jugé que cette visite constituait une "insulte à la démocratie française".

– La Ligue des droits de l'homme estime que la France "méprise" son héritage de "pays des droits de l'homme" en recevant Kadhafi et en félicitant le président russe Vladimir Poutine pour les récentes élections législatives en Russie.

 

– La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a dit quant à elle attendre "du gouvernement français un discours énergique, courageux et sans compromission".

 

– Le Conseil représentatif des institutions juives de France a relevé de son côté que le dirigeant libyen a "régulièrement utilisé la torture" et qu'il "n'accepte pas de façon permanente l'existence de l'Etat d'Israël

 

– Le réseau écologiste «Sortir du Nucléaire» a demandé «l’annulation de l’accord nucléaire» Paris – Tripoli, dénonçant la visite du «dictateur libyen» et le «troc nucléaire contre otages bulgares».

 

  L'organisation Amnesty International a  demandé à Nicolas Sarkozy de veiller au respect des droits fondamentaux en Libye et de condamner les propos de Mouammar Kadhafi sur le terrorisme, à deux jours la visite officielle du dirigeant libyen à Paris.

 

"Amnesty International France rappelle dans un communiqué,  que les relations que le président de la République française compte consolider avec la Libye ne doivent pas occulter les violations graves des droits humains qui persistent dans ce pays".» dans ce pays, jugeant notamment que Nicolas Sarkozy devait «dénoncer vigoureusement» les propos «inacceptables» tenus par Kadhafi à Lisbonne, «révélateurs de l’état d’esprit du dictateur».

 

L'organisation rappelle aussi les nombreux dossiers faisant état de violations des droits de l'homme en Libye et critique aussi les propos du Colonel Kadhafi  à Lisbonne vendredi, où souligne-t-elle, le colonel Kadhafi a estimé qu'il était "normal que les faibles aient recours au terrorisme".

 

"Ces propos inacceptables, révélateurs de l'état d'esprit du dictateur, doivent être dénoncés vigoureusement par le président Sarkozy", demande Amnesty.

 

Amnesty International a enfin souligné que la normalisation des relations avec la Libye ne devait «pas occulter les violations graves des droits humains» dans ce pays..

 

Elle rappelle plusieurs cas où a été, selon elle, démontrée la violation de la liberté fondamentale d'expression et d'association, notamment concernant Fatih el-Jammi, opposant "arrêté une première fois en 2002 et réincarcéré depuis mars 2004 pour avoir critiqué le président Kadhafi et appelé à des réformes politiques

 

D’autres  personnalités  avaient fait  part de leur approbation :

 

Le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, s'est employé, vendredi, devant les journalistes, à minimiser la spécificité de la France dans la relation avec la Libye. Il a décrit la venue du colonel comme "une étape décisive du retour progressif de la Libye au sein de la communauté internationale". Il a cité comme étapes précédentes le renoncement de la Libye aux armes de destruction massive, en 2003, et un certain nombre de voyages de dirigeants européens en Libye, dont celui de Jacques Chirac en 2004.

 

Pour Villepin, Sarkozy a raison L’ancien premier ministre Dominique de Villepin a lui jugé qu’il était «tout à fait juste» de recevoir le dirigeant libyen, tout en notant qu’il faut être «vigilants» et «responsables».

 

L’UMP a de son côté dénoncé des «réactions rapides et excessives». Le parti majoritaire, par la voix de Thierry Mariani, secrétaire national chargé des relations internationales, estime «qu’il s’agit de la meilleure manière d’accompagner le peuple libyen dans sa quête d’une démocratie accomplie».

 

Axel Poniatowski, le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, membre du parti au pouvoir UMP, a défendu samedi la «realpolitik» à l’égard de M. Kadhafi, estimant qu’il «valait mieux … arrêter de marginaliser» la Libye. Son parti a dénoncé les réactions «excessives» de «certains représentants de l’opposition parlementaire et de quelques intellectuels parisiens»

 

Au sein  même du Gouvernement des désaccords se manifestent 

 

Madame  Rama Yade, Secrétaire des droits de l’homme,  s'est déclarée "dérangée" que le leader libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, arrive en France un jour de célébration des droits de l'homme pour une visite officielle "Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", a dit Mme Yade dans entretien publié  lundi dans le quotidien "Le Parisien".

 

"Ce qui me dérange, c'est qu'il arrive un jour de célébration des droits de l'homme", a expliqué la secrétaire d'Etat. "Je serais encore plus gênée si la diplomatie française se contente de signer des contrats commerciaux, sans exiger de lui des garanties en matière de droits de l'homme. C'est un devoir: la France n'est pas qu'une balance commerciale" …. "Il serait indécent en tout cas que cette visite se résume à la signature de contrats ou d'un chèque en blanc", a ajouté Mme Yade.

 

.Selon Mme Yade, "il serait indécent en tout cas que cette visite se résume à la signature de contrats ou d'un chèque en blanc". "Peut-on accorder une confiance absolue à celui qui demande d'être traité comme n'importe quel chef d'Etat et qui, avant même d'être arrivé sur le sol français, affirme que le terrorisme est légitime pour les faibles ?", se demande-t-elle en ajoutant  qu'elle "ne partage pas l'indignation automatique de ceux qui excluent tout dialogue avec la Libye". "Il est normal que la France parle à tout le monde. Elle a même le devoir de parler d'abord aux pays qui ne respectent pas les droits de l'homme afin qu'ils changent", explique-t-elle. "La France est une puissance, elle n'a pas à s'excuser de signer des contrats. C'est la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui vous le dit. Mais la secrétaire des Droits de l'homme est obligée de vous dire que cela doit se faire dans la décence"

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Par ailleurs sur RTL lundi matin, Rama Yade a précisé qu'il n'était  pas prévu qu'elle rencontre le chef d'Etat libyen. "On ne m'a pas invitée. Moi ma journée sera consacrée à la célébration de la Journée des droits de l'homme. Je vais remettre des prix pour des avocats, notamment chinois" a-t-elle précisé.  Elle a souhaité que Paris tienne au colonel Kadhafi "un discours rigoureux sur la question des droits de l'homme", qui "ne sont pas encore respectés" en Libye. "Je parle de la peine de mort, des disparus, des prisonniers politiques, toutes ces questions doivent être soulevées le jour de la visite de Kadhafi en France, c'est absolument indispensable" ….."Je ne pense pas qu'on puisse se contenter d'une déclaration de virginité du colonel Kadhafi pour lui signer un chèque en blanc. Il faut lui demander des garanties. C'est comme l'amour, ce sont les preuves qui comptent, donc qu'il apporte les preuves et que les provocations cessent". "Je n'ai pas encore été conviée à rencontrer M. Kadhafi mais si je l'étais par hasard, je peux vous assurer que j'irai pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire", a conclu la secrétaire d'Etat.

 

Lors d'un dialogue informel avec des journalistes français,  M. Fillon, qui se trouvait   à Buenos Aires,  a souri à l'évocation de cette réaction, et affirmé qu'il n'en était pas au courant.

 

 Toutefois, François Fillon  s’est empressé de critiquer très vivement, dimanche soir (9 nov.) à Buenos Aires  les personnalités   qui s'insurgent contre la visite en France de Mouammar Kadhafi ….."Que les donneurs de leçon tournent sept fois leur langue dans leur bouche ! Laisser les infirmières bulgares croupir dans les geôles libyennes, c'aurait été un crime", a dit le Premier ministre dans une allocution à l'ambassade de France.

 

"La France reçoit le colonel Kadhafi parce que le colonel Kadhafi a libéré les infirmières bulgares et parce que le colonel Kadhafi s'est engagé dans un processus de réintégration dans la communauté internationale", a-t-il expliqué.

 

Ndlr : il les a libéré en exigeant  d’importantes « garanties » financières  et non par un acte de bonne conduite humanitaire !

 

Le dirigeant libyen est aussi reçu, a ajouté François Fillon,  "parce que nous avons besoin que la Libye, dans le cadre des relations inter méditerranéennes, redevienne un pays avec lequel on puisse discuter et redevienne progressivement un pays où les droits de l'Homme soient respectés."

 

 Les relations inter méditerranéennes : un vœux pieux alors que le colonel Kadhafi la semaine dernière à Lisbonne  à soutenu publiquement le terrorisme !

 

Par ailleurs sur RTL lundi matin, Rama Yade a précisé qu'il n'est pas prévu qu'elle rencontre le chef d'Etat libyen. "On ne m'a pas invitée. Moi ma journée sera consacrée à la célébration de la Journée des droits de l'homme. Je vais remettre des prix pour des avocats, notamment chinois" a-t-elle précisé.  Elle a souhaité que Paris tienne au colonel Kadhafi "un discours rigoureux sur la question des droits de l'homme", qui "ne sont pas encore respectés" en Libye.

 

 "Je parle de la peine de mort, des disparus, des prisonniers politiques, toutes ces questions doivent être soulevées le jour de la visite de Kadhafi en France, c'est absolument indispensable" ….."Je ne pense pas qu'on puisse se contenter d'une déclaration de virginité du colonel Kadhafi pour lui signer un chèque en blanc. Il faut lui demander des garanties. C'est comme l'amour, ce sont les preuves qui comptent, donc qu'il apporte les preuves et que les provocations cessent". "Je n'ai pas encore été conviée à rencontrer M. Kadhafi mais si je l'étais par hasard, je peux vous assurer que j'irai pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire", a conclu la secrétaire d'Etat.

 

Monsieur Bernard Kouchner lui-même  prend, pour la première fois ouvertement  ses distances avec le président Sarkozy: «Il n'est pas question d'oublier au nom de la «realpolitik», les victimes du régime libyen.»  et a fait savoir qu’il ne serait pas présent  au dîner officiel organisé lundi soir à l'Élysée et heureux de se trouver en déplacement à Bruxelles ce jour là.

 

Par la suite,   nous  avons appris que le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a estimé que la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade était dans son rôle en critiquant la visite du leader libyen Mouammar Kadhafi, mais a plaidé pour sa part pour le pragmatisme.

 

S'exprimant sur France Inter, il a expliqué qu'il se trouverait lundi soir à Bruxelles pour une réunion "par un heureux hasard" et ne pourrait donc pas assister au dîner prévu à Paris avec le dirigeant libyen. Rama Yade, qui a dit être "dérangée" par la venue de M. Kadhafi, "a raison de parler ainsi, c'est ce que je lui demande", a assuré M. Kouchner. "Elle est en charge des droits de l'homme, elle le fait", a-t-il ajouté. "Vous n'interrogez pas Rama Yade, mais moi qui ai d'autres responsabilités", a aussi répondu M. Kouchner à qui l'on demandait si Rama Yade ne parlait pas le langage qu'il tenait lui-même il y a quelques années.

 

(Selon des sources diplomatiques françaises, Bernard Kouchner devait bien rentrer à Paris pour dîner avec son homologue allemand Frank Walter Steinmeier)

 

Le hasard fait bien les choses pour Monsieur Kouchner ! Et les obligations de son agenda encore mieux !

 

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Rappelons ici  en conclusion les déclarations du Colonel Kadhafi qui ont ensuite alimenté en partie toutes les polémiques ci-dessus relatées, alors qu’il s’exprimait à la veille du 2me sommet Europe Afrique, devant un parterre de 400 professeurs et étudiants, réunis à l'Université de Lisbonne :

 

Il est "normal que les faibles aient recours au terrorisme", puisque les "superpuissances" ont "violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre" ……. "Pourquoi réclamer la démocratie pour les Etats alors que la dictature règne aux Nations unies et qu'on ne peut l'instaurer au Parlement mondial ?" …..

 

 M. Kadhafi a également porté le fer contre "les forces coloniales". Celles-ci doivent "dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses". "Ce sera l'un des points principaux du sommet : les compensations pour la période coloniale"

 

                            Pour cette dernière déclaration : Bingo ! Qui dit mieux ?