Le Chemin des écritures, « parcours ludique et pédagogique de découverte de la culture graphique », se situe à Lurs, à environ 560 m d’altitude, dans le Pays de Forcalquier (localité distante de 14,5 km), et à trois kilomètres du pont sur la Lauzon. Ce n’est guère un GR (chemin de grande randonnée) mais une démarche des Rencontres typographiques de Lure qui mène sur le passé des écritures de diverses civilisations, dont la nôtre.


Ce fut une voie royale de discorde pour l’association des Rencontres de Lure (sur la montagne de Lure, à Lurs), fondée par Maximilien Vox, promoteur de l’ATypI (Association typographique internationale). C’est une impériale réalisation de concorde depuis que le projet, maintes fois controversé, a fini par aboutir sous la houlette de Thierry Gouttenègre, le Franco-belge de l’étape. Impériale car c’est la voie des pharaons, zins astèques, césars et autres tsars, ou plutôt de leurs scribes.

 

Ce chemin est ponctué par trois haltes, ou réalisations monumentales. Il s’agit d’abord des 43 stèles et de la colonne granitique conçue par Thierry Gouttenègre aidé par des artisans grenoblois ou locaux dont l’émailleur Alain Mazet (atelier Mazet & Labat) qui est aussi intervenu pour la « Table de Vox ». Au départ, un monument de type « table d’orientation » sous forme de socle de fondation d’une sorte de tour de Babel avait été imaginé. On s’est orienté ensuite vers des stèles gravées et émaillées présentant divers types d’écritures avec un léger relief pour permettre aux malvoyants de s’initier à cette diversité de formes.

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La table ronde à l’autre extrémité du parcours représente un « disque de Vox ». Maximilien Vox est à l’origine d’une classification des caractères dits latins qui amplifiait celle de Thibaudeau et qui n’est certes pas la seule possible. C’est la plus consultée et répandue mondialement. Elle permet de reconnaître des caractères historiques (familles des elzévirs, proche de ceux des typographes hollandais Elzevier, des didones, proches des créations des Didot, &c.), Ces classifications ont un intérêt pédagogique et permettent aux graphistes de communiquer entre eux lorsqu’ils conçoivent à plusieurs un projet d’affiche ou d’ouvrage. Sterenn Bourgeois, graphiste et enseignante à l’École Estienne (la plus célèbre école de graphisme à spécialisation typographique de France), a piloté cette réalisation.

 

À mi-parcours, Jean-Yves Quellet, ancien d’Estienne, a modelé et sculpté les éléments d’une « Bibliothèque » qui pourrait encore s’enrichir. Il s’agit de montrer quelques supports des écritures ou plutôt de les évoquer (les vélins sont figurés par des rouleaux de terre cuite et vernie). Calligraphe et graphiste à Rennes, il enseigne aussi à l’École Estienne.

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Dans Lurs même, d’énigmatiques « pistes » ont été tracées et invitent à s’interroger. Pour des rallies à énigmes, Lurs est devenue un site de choix. Et peut-être trouverez-vous des indices vous indiquant l’emplacement d’un trésor ? « Écrivez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins », écrivait La Fontaine ? Ou peut-être était-ce « décryptez » ? Ou « cheminez » ? En attendant de résoudre l’énigme, vous pouvez prendre des nouvelles de l’extension des pistes ou du chemin via divers sites, dont, bien sûr, celui des Rencontres de Lure, voire de son partenaire, la Galerie Anatome