Bon, autant vous l’avouer tout de suite, j’aime lire… Non, vous ne comprenez pas. Bien sûr que cet aveu n’est pas d’un extraordinaire intérêt, énormément de gens aiment se projeter dans un autre univers le temps de quelques pages. Mon cas est différent et relève certainement de la psychanalyse, car j’aime lire au point de ne faire que cela.
Je lis le matin en buvant mon café, je lis en prenant l’autobus qui me conduit à la bibliothèque, je lis en travaillant, je lis en déjeunant, je lis en lisant et je lis même en dormant.
Voilà, maintenant vous savez, qu’en écrivant cet article, eh bien… je lis encore.
Alors, pourquoi lever les yeux de mes trésors au risque de les abîmer sur l’écran de cet ordinateur ?
Parce que ! Parce que je viens lire le mot fin d’un roman qui m’a laissé pantelant. Vous connaissez certainement ce sentiment de sécurité que vous éprouvez quand les jours se déroulent sans surprise dans une existence bien ordonnée, quand rien ne vient déranger l’ordre immuable des choses.
Et soudain, au détour d’un regard, d’un parfum, ou même d’un… rien, vous croisez cet inconnu ou cette improbable anonyme qui vous met le cœur à l’envers et la tête dans les étoiles. Eh bien c’est ce qui vient de m’arriver, je sais aujourd’hui que plus rien ne sera pareil.
J’ai croisé le talent de Giampiero Marongiu, un écrivain français (comme son nom ne l’indique pas), dont l’éditeur (Les Nouveaux Auteurs) veut nous faire croire qu’il s’agit là de son premier roman. C’est simplement IM.PO.SSIBLE !
Le Châtiment des Élites ne peut être un premier roman. L’auteur développe une telle maîtrise et une subtilité littéraire que l’on ne trouve jamais dans les premiers pas, souvent émouvants, d’un écrivain débutant. Mais soit après tout, ce n’est pas ce qui importe dans ce roman magistral que délibérément je ne veux pas qualifier de Polar ou de Thriller.
Évidemment, tous les ingrédients du genre y sont réunis : des meurtres dont on se réjouit puisque des élites dépravées se font proprement décapités ; du glauque et du noir comme si quelqu’un avait éteint la lumière et nous forçait à voir la vie a la lumière d’une lampe torche ; un commissaire désabusé à l’humour caustique ; des rebondissements qui n’en finissent plus ; un méchant particulièrement machiavélique ; du sexe, du désespoir… Bref, tout ce qui constitue l’univers d’un roman policier classique, certes brillant, mais explorant un territoire connu.
Mais voilà, il y a le talent pur, cette flamme qui change les perspectives et qui donne aux ombres des contours inattendus.
Le Châtiment des Élites est un bijou littéraire, les mots l’emportent sur la vie, car, nous dit l’auteur, ils étaient là premiers. La philosophie et son cortège de métaphores s’invitent au bal et les effets de styles, les jeux d’écritures et la magie sémantique viennent offrir à la trame des reliefs vertigineux.
L’histoire commence par un fleuve, et comme lui se ramifie en une multitude de ruisseaux qui rejoindront la mer. Les moindres mots, la moindre virgule trouvent alors sa justification. Giampiero Marongiu dans une note aux lecteurs écrit qu’il n’y a jamais d’histoire seulement des mots, sans pieds ni tête, des maux de tête, des bouteilles vides et des conversations avec les rats. Oserais-je dire qu’avec lui, même les pieds sont beaux ?
Et c’est cela qui fait du Châtiment des Élites un roman à part, ce sont les émotions qui guident l’histoire. C’est la nature humaine, rien d’autre, que l’auteur dépeint avec humour, philosophie et amour. L’amour, les pages en ruissellent, et c’est lui qui ouvre les portes de l’énigme.
Alors oui, j’ai lu les chroniques et critiques toutes élogieuses, il y est question de sociétés secrètes, de templiers, de Klux-Klux Klan, de mondialisation, de satire sociale… Oui, oui intéressant, parfaitement documenté, mais moi, c’est l’émotion que je retiens et les personnages que j’ai eu tant de mal quitter. Fanny, Cécile, Pierre, Isadora, Thomas, Jean-Noël… Particulièrement celui-là, corsitude oblige !
Je vous le disais en commençant, j’aime lire, je ne fais que cela et à partir d’aujourd’hui je vais attendre le prochain roman de Giampiero Marongiu. Parce que comme il l’écrit lui-même, le vent ne change jamais de direction, ce sont les hommes qui parfois lui tournent le dos.
bonsoir
je note l’info de ton roman…
Oui tu as deviné ?
J’aime lire ?
Oui c’est bien ça !
Mais pas à longueur de journée comme toi…Mais, tous les jours.
En ce moment c’est l’été et je me défoule avec l’humour de Conway avec sa « croqueuse de céréales »
Une bonne soirée.