Le cerveau recèle bien des mysteres


Mieux qu’un disque dur limité, le cerveau est un outil aux capacités infinies et aux performances insoupçonnées. Plus complexe que le fonctionnement d’un générateur de particules pouvant recréer des trous noirs, beaucoup de ses aspects nous échappent. Si par malheur, un caillou vient entraver la machine, c’est tout l’ensemble qui s’en retrouve altéré. Le cerveau est aussi fragile qu’il est compliqué à comprendre, à l’instar des ordinateurs toujours plus high tech et toujours plus périssables, il est soumis à de nombreux risques. Aujourd’hui ce ne sera pas d’Alzheimer ni de Parkinson dont il sera question mais de l’étrange cas d’un britannique dont la mésaventure lui a causé des troubles idiomatiques.


Alun Morgan, 81 ans, fit en 2010 un terrible accident vasculaire cérébral en regardant la télévision. A cela s’ajouta 3 semaines de coma profond, 3 mois durant lesquels son cerveau fit une opération bien étrange. A son réveil, Alun, parfaitement anglophone, se mit à parler automatiquement en gallois. Voyant son mari s’exprimer dans une langue dont elle ne comprenait pas un fichtre mot, son épouse, Yvonne, fut choquée. Comme s’il était devenu quelqu’un d’autre après tant d’années de mariage. Mais pourquoi s’est-il mis à agir ainsi ?


La langue celtique n’est pas une étrangère dans la vie d’Alun. En effet, Alun a vécu une partie de son enfance au Pays de Gales, jusqu’à ce qu’il soit évacué lorsque la guerre éclata alors qu’il n’avait que 12 ans. Bien qu’il n’ait jamais appris le gallois, il vécut en permanence avec des personnes le pratiquant. Inconsciemment, il dut mémoriser des mots, des phrases ou encore des expressions. Des termes qu’il dut réutiliser pour communiquer avec ses proches. De plus, sa nounou était galloise et ses parents échangeaient en kymrique. Le retraité de Bathwick dut potasser le dico et suivre des dizaines de cours d’anglais pour que le processus s’inverse et qu’il puisse de nouveau se faire comprendre dans la langue de Shakespeare.


Des cas similaires à celui-ci ne sont pas rares. Il s’agit d’une aphasie, c’est à dire une pathologie du cerveau touchant le système nerveux central. La zone liée au langage et à la formation des mots se retrouvent altérées par des lésions que l’on nomme également syndrome de « l’accent étranger ». Toutefois, les langues parlées par les personnes touchées par ce trouble neurologique ne sont jamais des langues inconnues pour celles-ci. Des reliquats du passé ou des influences externes restées sous-jacentes, coincées dans un coin du cortex.


Les cas d’aphasie ayant pour effet de changer le langage maternel sont peu communs, à peine une cinquantaine depuis les années 1940. Bien moins que le nombre d’aphasie en général, au total sur les 150,000 cas d’AVC recensés par an au Royaume-Uni, un tiers sont des aphasies perturbant simplement la prononciation, l’accentuation ou l’écriture. Citons par exemple le cas de cette américaine qui s’est mise à parler avec un accent slave après avoir reçu une implantation ou encore de ces anglaises adoptant un ton francophone pour l’une et chinois pour l’autre, après une terrible migraine.


Alun Morgan, malgré son âge avancé, a eu beaucoup de chance de s’en sortir sans de graves séquelles car la plus part du temps ce genre d’attaque cérébrale se termine mal. Beaucoup restent sur le carreau ou bien, gardent un handicap pouvant gêner la vie au quotidien. 

Une réflexion sur « Le cerveau recèle bien des mysteres »

  1. J’ai surtout retenu ceci :
    « un terrible accident vasculaire cérébral en regardant la télévision »

    Je le savais, que regarder la télé, c’était mauvais pour le cerveau ! ;D

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