Les écologistes pestent contre le bioéthanol qui gèle des terres arables pour l’alimentation et renchérit le coût des carburants mais aussi contre les algues, envahissantes et nauséabondes parfois. La découverte d’une nouvelle bactérie de type E. coli, capable de transformer les algues en biocarburant, pourrait les faire réviser leurs positions.

Bonne et mauvaise nouvelle pour la Bretagne, l’Irlande, l’Écosse et d’autres régions côtières dont les plages et les criques peuvent être envahies par des algues. L’institut bioénergétique américain considère que le sucre des algues pourrait être aisément transformé en carburants divers grâce à l’action d’une nouvelle bactérie E. coli de synthèse. De plus, la production massive d’algues pourrait avoir un effet bénéfique de ralentissement des émissions de gaz de carbone.

L’ennui serait bien sûr qu’en cas de tempêtes, d’énormes masses d’algues pourraient se retrouver sur les plages. Mais le traitement serait plus simple et, après adjonction de sel et de bactéries, les carburants obtenus seraient d’un prix beaucoup plus accessible que ceux issus de procédés concurrents.

Aux recherches américaines sont venues s’ajouter celles de l’université de Tel Aviv et de laboratoires irlandais et norvégiens. Couplés avec l’aquaculture, qui génère beaucoup de déchets en excès pouvant être filtrés par les algues, des « champs d’algues » seraient, selon les chercheurs, rapidement rentables.

La culture intensive sur terres arables pour produire des carburants, chèrement d’ailleurs, réduit la biodiversité et les ressources alimentaires.

Non seulement la transformation des algues générerait des carburants adaptés aux divers véhicules (terrestres et aériens), mais elle produirait des dérivés intéressant diverses industries chimiques, dont une variété d’acides gras. Cela fait quelques années que des recherches ont été menées en ce sens, mais les dernières découvertes seraient susceptibles de dégager des processus plus rapidement rentables. C’est pourquoi l’administration américaine a décidé l’octroi d’une enveloppe de 14 millions de dollars en vue de pousser les recherches sur les algues et leur transformation.

Selon les projections, la transformation des algues pourrait réduire la facture pétrolière des États-Unis de 17 % : largement de quoi rendre la France pratiquement autonome.
L’un des autres avantages envisagés serait de faire traiter par les algues partie des processus d’épuration des eaux usées.

Le petit étang destiné à remplacer l’éolienne pour la production domestique n’est sans doute pas pour demain. D’ailleurs, le programme a été critiqué et moqué par Newt Gringrich, l’un des candidats républicains lié à l’industrie pétrolière. Mais d’un autre côté, un représentant républicain de la région côtière de San Diego (Californie du Sud) appuie cette voie de recherches.
Une entreprise californienne, OriginOil, laisse envisager qu’un carburant issu des algues et de résidus d’alimentation du bétail pourrait revenir à 0,60 USD du litre.

La sénatrice Debbie Stabenow (Michigan) a de son côté proposé un projet surnommé « Cultiver et transformer localement » (Grow it Here, Make it Here). Elle suggère une réduction fiscale de 30 % pour les entrepreneurs installant des équipements de production de produits de la biomasse.
« Nous avons subventionné l’industrie pétrolière pendant un siècle, a-t-elle estimé, il faut dégager de nouvelles priorités. ».
Le secrétaire d’État à l’Agriculture, Tom Vilsack, considère que vers 2050, les diverses solutions liées à la transformation de la biomasse et aux autres énergies dites propres pourraient réduire de 30 % la facture pétrolière des États-Unis.