C'est l'histoire d'une extraordinaire escroquerie, dont beaucoup de buralistes avouent avoir connaissance depuis vingt bonnes années.  C'est cette même histoire que le Big Boss, la Française des Jeux, aurait préféré ne jamais voir dévoilée au grand jour. Et pourtant… voilà ce qui est le coeur de la désillusion de joueurs invétérés: les Banco, Black Jack, Millionnaire, Astro et autres ne répondraient aucunement au hasard mais à une logique illégale, savamment orchestrée par la Française des Jeux.

En vertu de l'article 3 du décret du 9 novembre 1978, les tickets de grattage, composant les paquets distribués aux débitants, doivent être répartis par tirage au sort. En gros, des pans entiers de carnets pourraient ne contenir que des lots perdants ou au contraire, rapporter un pécule conséquent. Le problème est qu'en réalité, un tel système serait d'un ennui mortel et le grattage ne présenterait aucun intérêt pour le joueur.

Partant de ce constat, la Française des Jeux a trouvé la solution miracle : il suffit de distiller quelques tickets gagnants par carnet, quelque soit les gains possibles, et le tour est joué! Ainsi, soit par chance, vous êtes celui qui va toucher le gros lot soit, vous êtes "le malheureux au jeu et heureux en amour" qui repartira les poches vides car le carnet ne comporte plus de tickets-gagnants.

Cela fait plus de vingt ans que le manège dure, au vu et au su des débitants. Certains malins ont même tenté d'abuser de ce système, grâce à des complices acceptant de gratter jusqu'à la découverte du ticket en or. Bref, les plus finauds réussissaient à tourner le grattage à leur avantage et, laissaient à la vente les tickets perdants la conscience tranquille.  

 

La découverte de ce subterfuge ne tombe pas non plus du ciel; elle découle d'un seul homme, Robert Riblet, accro des bars et cafés PMU. Jour après jour, il observe impuissant cette injustice et finit par prendre la décision d'en informer la Direction de la Française des Jeux. Témoignages et documents à l'appui, il se jette dans la bataille contre l'escroquerie, la publicité monsongère et la tromperie sur la qualité substantielle des tickets de grattage. D'abord méprisante, la FDJ va vite changer son fusil d'épaule face à la persévérance de l'intéressé et son arsenal de preuves. Rien que ça!

De cette expérience, il en écrira un livre choc, en collaboration avec l'ex journaliste de M6, Gilles Delbos, intitulé 100% des perdants ont tenté leur chance. Ce livre dérangeant a semé le trouble chez les têtes pensantes de la Française des Jeux. A lire absolument, surtout pour les maniaques du grattage.

Cependant, "la FDJ peut dormir sur ses deux oreilles"; avec un chiffre d'affaire de plus de 9 milliards d'euros et 28 millions de joueurs en 2007, l'entreprise n'est pas prête de connaître la crise…