La fin de mandat de Georges W. Bush est décidément bien difficile et, la dernière nouvelle en date ne fera rien pour arranger la situation.

Début octobre, le Président mexicain, Felipe Calderon, a lancé le projet de dépénaliser l'usage de tous les stupéfiants (herbe, cocaïne, héroïne, méthamphétamine). Cette initiative a du donner des sueurs froides à la Maison-Blanche mais, le Chef de l'Etat justifie cette position par la volonté de se concentrer exclusivement sur la lutte contre les puissants cartels de drogue, qui gangrènent l'Amérique latine.

Depuis son arrivée au pouvoir, Calderon mène un combat acharné, sans concession ni partage, contre la criminalité galopante, issue des trafics de stupéfiants. Pour lui, la justice nationale, suffisamment débordée, ne doit plus gaspiller son temps à s'occuper de simples consommateurs, dont le nombre est en constante augmentation dans le pays. Aujourd'hui, le pays compte près de 300000 accros aux différentes drogues, c'est pourquoi les autorités publiques estiment qu'il est préférable de privilégier des mesures thérapeutiques à leur encontre afin de cesser "la traque inutile des petits consommateurs".

Ce n'est pas la première que le sujet est abordé par les pays d'Amérique latine mais, jusqu'à présent, Washington n'était guère enclin à la légalisation des stupéfiants. Les choses semblent prendre une tournure différente aujourd'hui.

Après les déclarations de Felipe Calderon, d'autres pays ont agi de concert. Le Chili, la Bolivie, le Vénézuela, l'Equateur ont tous dénoncé la "guerre totale" engagée par les Etats-Unis dans ces Etats. "Les trafics d'armes, de drogues et de personnes sont des fléaux aux trames économiques très fortes et, rendent impossible les ripostes dont nous disposerions dans une situation normale de légalité" , affirme le Président du Honduras, Manuel Zelaya, devant les hauts responsables de lutte antidrogues des pays d'Amérique latine.

Si les intentions de ces différents Etats se font plus pressantes, c'est essentiellement parce-que l'Amérique latine détient un triste record mondial : avec 100000 meurtres par an, la moyenne est cinq fois plus élevée que sur le reste de la planète. Néanmoins, la procédure de dépénalisation des drogues dures ou douces n'en est pour l'instant qu'à son stade embryonnaire car les obstacles risquent d'être nombreux.

Les plus durs à franchir seront sans conteste l'interdiction, posée par la convention de l'ONU, de toute expérience tendant à la légalisation des stupéfiants et, la réaction des Etats-Unis, qui chaque année dépense sans compter dans la guerre anti-drogue.