Quarante-trois morts et quarante-cinq blessés, tel est le bilan, encore provisoire, de l’attentat-suicide perpétré, mardi 19 août, contre une école de gendarmerie aux Issers, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger. L’auteur de l’attentat a pris pour cible des dizaines de jeunes étudiants, arrivés pour certains dès 6 heures du matin, candidats à un concours d’entrée à l’école de formation de gendarmerie. Les portes devaient s’ouvrir à huit heures. Le kamikaze est arrivé une demi-heure plus tôt avec sa voiture bourrée d’explosifs. C’est parmi ces civils que l’on compte le plus grand nombre de victimes.

L’école se trouve sur une route nationale, ce qui a facilité la tâche des terroristes. Un « carnage à l’irakienne », a titré un journal algérien, en faisant référence aux attentats d’Al-Qaida qui ont ciblé, en Irak, les candidats au recrutement dans l’armée et la police. Des témoins ont confirmé que le kamikaze algérien avait visé directement la file d’attente des candidats.

L’attentat aurait été perpétré par Al-Qaida au Maghreb islamique, issu, depuis 2006, de l’ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Dans les années 1990, des groupes islamistes armés avaient déjà assassiné de jeunes appelés, pour dissuader les autres de rejoindre les rangs des forces de sécurité.

A moins de deux semaines du début du mois de Ramadan, souvent mis à profit par les groupes islamistes pour multiplier les attentats, l’attaque suicide des Issers accentue les appréhensions des Algériens. Plus particulièrement dans la région de Kabylie où, le relief montagneux aidant, les groupes armés sont très actifs. L’attentat aux Issers est le sixième de l’année 2008. Le recours aux kamikazes est devenu la marque de l’ex-GSPC depuis son ralliement à Al-Qaida.

Une recrudescence des actes terroristes a été observée en particulier au cours des deux dernières semaines. Ainsi, onze personnes ont été tuées et 31 blessées mercredi dans deux attentats à la voiture piégée à Bouira, à 120 km au sud-est d’Alger, a annoncé la radio publique algérienne. Les onze morts sont des civils, une des deux explosions a visé un bus de voyageurs. Une seconde voiture piégée a explosé près du siège du secteur militaire de la ville.

Les attentats ne se limitent pas à la région du centre de l’Algérie. Le 3 août, un attentat-suicide contre le siège des renseignements généraux à Tizi-Ouzou avait fait 25 blessés, dont quatre policiers. Le 10 août, un autre attentat contre un poste de gendarmerie, à Zemmouri, à l’est d’Alger, avait fait huit morts et 19 blessés. Quelques jours plus tard, le 14 août, le commandant du secteur militaire de la région de Jijel et un autre soldat ont été tués dans une embuscade. Le 17 août, huit policiers, trois militaires et un civil ont été tués dans une embuscade à Skikda, à l’est de l’Algérie.

Alors que l’inquiétude monte dans l’opinion, le ministre de l’intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, arrivé rapidement mardi sur les lieux du nouveau carnage, a vu dans cette attaque un signe de faiblesse des groupes terroristes. « En ciblant les civils, les groupes terroristes ont prouvé une fois de plus qu’ils sont dans l’impasse et n’ont aucun objectif politique à atteindre », a-t-il déclaré.

Le gouvernement a condamné l’attentat en affirmant que l’Etat « combattra sans relâche, et avec une ferme détermination, le terrorisme jusqu’à son élimination totale du pays ». Devançant les critiques de presse qui s’élèvent régulièrement contre « la politique de la main tendue » aux islamistes armés, il a indiqué qu’il ne déviera pas de « la politique de réconciliation ». Celle-ci, affirme-t-il, « a déjà donné d’importants fruits dans la consolidation de la sécurité à travers le territoire national ».

Cette politique de « réconciliation » a été mise en oeuvre par le président Abdelaziz Bouteflika depuis 1999. Elle a permis le retrait des maquis de milliers de combattants islamistes, mais un noyau dur de 500 à 1 000 extrémistes est demeuré insensible à cette politique.

Il y a donc peu de chances qu’ils écoutent l’ancien chef du GSPC, Hassan Hattab, dont la reddition a été annoncée en septembre 2007 et qui a de nouveau appelé, mardi, après l’attentat, ceux qui sont encore dans le maquis à déposer les armes, et conseillé aux jeunes qui projettent de les rejoindre de renoncer à leur dessein. « Je vous conseille de revoir votre position, d’arrêter votre action et de redescendre (des maquis) », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Hassan Hattab, qui s’opposait au ralliement à Al-Qaida, avait été exclu du GSPC. Son appel semble s’adresser surtout aux islamistes inactifs, demeurés dans les maquis avec leurs armes.

Amir Akef – LE MONDE – 20.08.2008

Quarante-trois morts et quarante-cinq blessés, tel est le bilan, encore provisoire, de l’attentat-suicide perpétré, mardi 19 août, contre une école de gendarmerie aux Issers, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger. L’auteur de l’attentat a pris pour cible des dizaines de jeunes étudiants, arrivés pour certains dès 6 heures du matin, candidats à un concours d’entrée à l’école de formation de gendarmerie. Les portes devaient s’ouvrir à huit heures. Le kamikaze est arrivé une demi-heure plus tôt avec sa voiture bourrée d’explosifs. C’est parmi ces civils que l’on compte le plus grand nombre de victimes.

L’école se trouve sur une route nationale, ce qui a facilité la tâche des terroristes. Un « carnage à l’irakienne », a titré un journal algérien, en faisant référence aux attentats d’Al-Qaida qui ont ciblé, en Irak, les candidats au recrutement dans l’armée et la police. Des témoins ont confirmé que le kamikaze algérien avait visé directement la file d’attente des candidats.

L’attentat aurait été perpétré par Al-Qaida au Maghreb islamique, issu, depuis 2006, de l’ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Dans les années 1990, des groupes islamistes armés avaient déjà assassiné de jeunes appelés, pour dissuader les autres de rejoindre les rangs des forces de sécurité.

A moins de deux semaines du début du mois de Ramadan, souvent mis à profit par les groupes islamistes pour multiplier les attentats, l’attaque suicide des Issers accentue les appréhensions des Algériens. Plus particulièrement dans la région de Kabylie où, le relief montagneux aidant, les groupes armés sont très actifs. L’attentat aux Issers est le sixième de l’année 2008. Le recours aux kamikazes est devenu la marque de l’ex-GSPC depuis son ralliement à Al-Qaida.

Une recrudescence des actes terroristes a été observée en particulier au cours des deux dernières semaines. Ainsi, onze personnes ont été tuées et 31 blessées mercredi dans deux attentats à la voiture piégée à Bouira, à 120 km au sud-est d’Alger, a annoncé la radio publique algérienne. Les onze morts sont des civils, une des deux explosions a visé un bus de voyageurs. Une seconde voiture piégée a explosé près du siège du secteur militaire de la ville.

Les attentats ne se limitent pas à la région du centre de l’Algérie. Le 3 août, un attentat-suicide contre le siège des renseignements généraux à Tizi-Ouzou avait fait 25 blessés, dont quatre policiers. Le 10 août, un autre attentat contre un poste de gendarmerie, à Zemmouri, à l’est d’Alger, avait fait huit morts et 19 blessés. Quelques jours plus tard, le 14 août, le commandant du secteur militaire de la région de Jijel et un autre soldat ont été tués dans une embuscade. Le 17 août, huit policiers, trois militaires et un civil ont été tués dans une embuscade à Skikda, à l’est de l’Algérie.

Alors que l’inquiétude monte dans l’opinion, le ministre de l’intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, arrivé rapidement mardi sur les lieux du nouveau carnage, a vu dans cette attaque un signe de faiblesse des groupes terroristes. « En ciblant les civils, les groupes terroristes ont prouvé une fois de plus qu’ils sont dans l’impasse et n’ont aucun objectif politique à atteindre », a-t-il déclaré.

Le gouvernement a condamné l’attentat en affirmant que l’Etat « combattra sans relâche, et avec une ferme détermination, le terrorisme jusqu’à son élimination totale du pays ». Devançant les critiques de presse qui s’élèvent régulièrement contre « la politique de la main tendue » aux islamistes armés, il a indiqué qu’il ne déviera pas de « la politique de réconciliation ». Celle-ci, affirme-t-il, « a déjà donné d’importants fruits dans la consolidation de la sécurité à travers le territoire national ».

Cette politique de « réconciliation » a été mise en oeuvre par le président Abdelaziz Bouteflika depuis 1999. Elle a permis le retrait des maquis de milliers de combattants islamistes, mais un noyau dur de 500 à 1 000 extrémistes est demeuré insensible à cette politique.

Il y a donc peu de chances qu’ils écoutent l’ancien chef du GSPC, Hassan Hattab, dont la reddition a été annoncée en septembre 2007 et qui a de nouveau appelé, mardi, après l’attentat, ceux qui sont encore dans le maquis à déposer les armes, et conseillé aux jeunes qui projettent de les rejoindre de renoncer à leur dessein. « Je vous conseille de revoir votre position, d’arrêter votre action et de redescendre (des maquis) », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Hassan Hattab, qui s’opposait au ralliement à Al-Qaida, avait été exclu du GSPC. Son appel semble s’adresser surtout aux islamistes inactifs, demeurés dans les maquis avec leurs armes.

Amir Akef – LE MONDE – 20.08.2008

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