L’alerte A H1N1 passera au niveau 6!

Au risque de tomber dans le jeu de la sinistrose très journalistique, je vais m’arrêter quelque peu sur ce satané virus porcin, puis mexicain, puis A H1N1. D’ailleurs, le virus international n’a plus grand-chose de mexicain (les  mexicains ne représentent « que » 18% des victimes dans le monde, cf. tableau), ni de porcins (le virus est bien humain avec un nombre de victimes dans le monde de plus de 700 personnes, et une progression moyenne de 20 000 cas par semaine du 15 juin au 15 juillet – cf. graphique). Depuis les nouveaux cas de cette semaine en France, le niveau 6 devient une certitude. La question n’est plus « est-ce que… », mais « quand ? ».

La France est-elle protégée de l’épidémie à venir (on parle encore de pandémie), comme elle l’est pour l’instant de la crise (en tous cas un peu plus que le reste du monde). En claire, y-a-t-il une espèce de miracle français, de divinité cocardienne qui plane sur la tête des bleu, blancs, rouges, de nous quoi !? Réponse du normand au champenois : Peut-être, mais pas si sûr !

Un virus bénin pour l’instant.

Pour l’instant ce que soit en terme d’évolution (cf. graphique ci-dessous) ou, et surtout, en terme de gravité du virus, la France s’en sort bien. Sur 793 cas (confirmés ou probables) déplorés avant-hier, seuls 3 cas ont exigés une hospitalisation.

Les atouts de la France

L’hygiène

Même si les USA empoisonnent la France, sans mauvais jeu de mots, avec son fromage au lait cru, même si les journalistes nous rabattent les oreilles avec les maladies nosocomiales contractées dans nos hôpitaux, la France (et l’Europe en général) reste un exemple en matière d’hygiène. L’utilité de notre fameux principe de précaution, déployé à chaque crise alimentaire (crosfeld jacob, grippe aviaire…) et qui a offert tant de résistance au maïs transgénique made in US,  même si il a un côté très bureaucrate pour des situations plus bénignes (cf. huitres d’Arcachon), n’est plus à démontrer. Et comme le plus grand ennemi du virus est l’hygiène du virus, il est probable qu’il y ait un lien de cause à effet quant à notre résistance actuelle.

Le réseau de soins

Que ce soit le réseau SAMU ou celui des médecins des villes, la France est très bien implantée en terme de médecins de proximité. Ce qui n’est pas forcément le cas de tous les pays qui doivent systématiquement passer par des hôpitaux plus éloignés et moins réactifs.

Les remèdes

La France, selon une récente étude anglaise, apparait comme l’un des pays les mieux préparés en Europe avec 33 millions d’antiviraux et un milliard de masques.  Cette étude met par contre en avant notre mauvaise condition et gestion de stock. Ca, c’est pour la photo du jour. L’appréciation est « bon élève ».  Dans ce domaine, il est évident que de bons résultats ne sont pas satisfaisants. Entre « bon » et « parfait », il y aura des morts.  Il faudra aller plus loin, mais le niveau 6 de précaution vers lequel on tend inexorablement sera-t-il suffisant ? Malheureusement, on ne le sait pas encore, mais au fait…

Que signifie « passer au niveau 6 »

D’abord est-ce inéluctable ? A priori oui, même si le conditionnel était encore de vigueur lors de la dernière conférence de presse de la ministre de la santé Roselyne Bachelot qui déclarait ne pas exclure « un passage au niveau 6 du plan national de prévention et de lutte pandémie grippale à la rentrée, sauf, évidemment, si nous observions une accélération rapide de l'épidémie dans le courant du mois d'août ».  Quant aux actions à prendre en de telles circonstances, on peut citer :

• ·         renforcement des contrôles aux frontières,
• ·         interruption des arrivées et départs internationaux de passagers,
• ·         fermeture des crèches et des écoles,
• ·         interruption ou réduction de certains transports collectifs,
• ·         …

Ce plan a été méticuleusement concocté après les risques de pandémie du virus H5N1 (grippe aviaire). Il est possible que si la moindre dangerosité du virus se confirme, ce plan soit moins finalement « allégé ». Quoiqu’il en soit, bien que l’on n’entende peu parler les acteurs du CAC40 sur le sujet, le virus ne va pas améliorer la capacité des pays à reprendre la trajectoire de la reprise…excepté le secteur pharmaceutiques, bien-sûr !

Bilan et projection

Un dernier point de projection, ne résistant pas comme le veut la tradition journalistique à faire une petite projection maccabre pour la France. Les dernières estimations sont de 20 millions de personnes touchées en France, rapidemment. A raison de 0,5% de morts par malade (cf. tableau), le nombre de victimes françaises pourrait être de 100 000 dans un premier temps, moins si le virus conserve cette faible dangerosité, plus si il augmente radicalement. Bon, c’est très bien tout ça, mais on n’est pas encore au fonds du trou, alors….

Quelles armes disposons-nous contre l’ennemi public n°1 nommé A H1N1 ?

La prévention

La transmission du virus de la grippe se faisant principalement par voie aérienne (toux, éternuement, postillons) mais pouvant également être « manu portée » (transmission par les mains et les objets contaminés), il faut éviter tout contact avec une personne malade, se laver régulièrement les mains au savon. En cas de zone contaminée, quand vous êtes obligé de vous déplacer dans un lieu « public »,  des masques (stock actuel 1 milliard), et des gants jetables, sont le meilleur rempart au virus. 

Les antiviraux 

L’Oseltamivir (Tamiflu) et le Zanamivir (Relenza) sont efficaces sur le virus. La France en a 33 millions et en a commandé 90 millions. Ces derniers ne sont distribués que sur ordonnance.  

Le réseau de soins

Depuis le 23 juillet 2009, le médecin de ville prend le relais du 15 (SAMU). L’organisation des cabinets médicaux, en cas d’épidémie n’est pas encore complètement au point, aux dires des spécialistes, notamment sur la façon d’isoler les patients qui seraient atteints du virus, dans la salle d’attente.  

D’un côté, les détracteurs du « on en fait trop » pourrait considérer la tonalité de cet article trop alarmiste au regard de la contagion et du nombre de morts actuels en France et dans le monde. De l’autre, les éternels pessimistes ont peut-être déjà cherché à se constituer un stock personnel de Tamiflu, ce qui est un acte inconscient car il y a des ordres de priorité en cas d’épidémie et qui plus est, une prise de médicaments anticipée aurait pour conséquence d’amplifier la virulence du virus quand il sévira massivement.

Entre les deux, il y a la lucidité et le sang froid. Ce dernier passe par une bonne connaissance de l’avancée du virus et des manières de l’éviter. A ce propos, un expert a récemment affirmé qu’il était époustouflé par la sérénité des familles française, dont des membres ont contracté le virus. J’ai moi même pu entendre des témoignages et suis aussi surpris et émerveillé par le recul que les mères et pères de famille prennent pour apprécier la maladie de leur enfant. On connaissait le français colérique, boudeur, bon vivant, solidaire, efficace, rebelle… je viens de découvrir une qualité dont on va devoir s’armer pour passer ce cap qui s’annonce difficile : le courage !