Bernard Madoff cache bien son jeu, il ne dit pas tout bien évidemment ! Personne n’est dupe mais tout le monde voudrait connaître la note. Cet exercice est très périlleux, sauf si on connaît le dessous des cartes, c’est-à-dire la position des expositions de Madoff sur les marchés des Hedge Funds et des produits dérivés. Les vrais chiffres parlent d’eux-mêmes, même s’il est facile de les manipuler, de les dissimuler. Un bon audit senior américain indépendant (s’il en existe !) – je pense à un audit senior de Walt Disney International avec qui j'ai travaillé – dirait qu’il faut recouper les chiffres, les statistiques, les données pour trouver éventuellement l’erreur, le bug qui permettra de recadrer les comptes et de savoir la vérité comptable.

Prenons l’ensemble du marché des produits dérivés et des Hedge Funds qui doit représenter environ entre 200 et 500.000 milliards (les principales banques américaines en détenant pour plus de 100.000 milliards). Considérons que Bernard Madoff détiennent « seulement » un petit pour cent de cette somme – rappelons que l’ancien patron du Nasdaq connaît tous les investisseurs de la planète et qu’il les a quasiment tous arrosés –, soit 3.500 milliards de dollars (actualisé à il y a 5 ans, sur une base de – 20 % on a 4.375 milliards de dollars). En effet, sur les 5 dernières années, le Dow Jones a perdu 18 % et le Nasdaq 22 %. On constate que Madoff – s’il n’avait investit que sur des certificats sur indices (DJ, Nasdaq ou autres) qui reproduisent parfaitement l’évolution des indices –, aurait perdu 875 milliards de dollars auxquels s’ajouteraient les + 10 ou 12 % qu’il avait promis à ses clients soit 480 milliards d’où un total de « manque à gagner virtuel » servi aux acquéreurs de Fonds Madoff (ces dernières années) de 1.355 milliards de dollars. Or, d’après une enquête réalisée aux Etats-Unis sur 500 fonds d’investissement, seuls 2 % d’entre eux ont fait mieux que l’indice phare de la Bourse américaine ; ce qui nous donnerait une perte encore supérieure pour les Fonds Madoff… et d’autres fonds !!!

Par ailleurs, ce raisonnement ne tient pas compte de l’effet de levier sur les options et contrats à terme sur indices, qui fait que le mouvement des indices est amplifié à la hausse comme à la baisse ; le nombre de fonds qui font faillite chaque mois aux USA est là pour le démontrer.

On peut aussi estimer le montant des fortunes mondiales (voir le Magazine Forbes) et estimer la part qu’ils ont investie dans les Fonds Madoff pour retrouver les mêmes chiffres. En effet, en 2007, il y avait 946 milliardaires en dollars dans le monde représentant 3.500 milliards (+ 35 % par rapport à 2006 !) auxquels il faut ajouter les dix millions de millionnaires qui possèdent 40.000 milliards de dollars et les différents fonds ou fonds de fonds. Il suffirait que ces milliardaires et millionnaires n’aient investi que seulement 5 % de leur fortune (ce qui est peu vu l’attrait du placement et les relations de Madoff) dans les fonds Madoff, nous aurions un montant de 2200 milliards auxquels s’ajouteraient les investissements des fonds qui sont au moins égaux à ce montant, si on se réfère à ce pauvre courtier français qui s’est suicidé et qui représentait à lui tout seul plus de un milliard…

L’addition finale devrait donc être très salée, beaucoup plus lourde que ces 50 petits milliards (!) qu’on nous annonce et s’approcher des 500 ou 1000 milliards de dollars, l’équivalent d’un ou deux plans Paulson ou européen, passé par perte et profits

Certains diraient, sans avoir tort, que tant que ce sont des riches qui « dépouillent » des riches, il n’a pas de quoi s’alarmer… Le problème est que tous ces milliards qui se sont envolés proviennent des profits engrangés sur le dos de l’entreprise, des salariés, des chômeurs et des pauvres qui sont de plus en plus délaissés et qui éprouvent les plus grosses difficultés à subsister faute de ressources dilapidées par ces requins de la finance… c’est INTOLERABLE !!!

Les répercussions de tous ces avatars financiaro-judiciaires qui s’accumulent sur les bourses et les monnaies risquent de se faire sentir dès le premier trimestre, et on peut s’attendre à une forte chute des indices de 20 à 30 % dans les semaines à venir, avec un dollar complètement déprimé, à 2, 2.5 euros ou plus, compte tenu de l’état de délabrement de l’économie américaine et des « affaires » qui risquent de se multiplier. La confiance en l’économie américaine s’étiolant, les marchés et le dollar plongeront. Rappelons-nous le krach des technologiques en 2000 (avec un Nasdaq à 5133 pts au plus haut le 10 mars) qui n’a jamais permis à l’indice vedette de la Nouvelle économie de retrouver ne serait-ce que la moitié de son niveau d’il y a presque 9 ans ; et qui a perdu depuis jusqu’à 75 % de sa valeur (71% au 24 décembre). En raison de la corrélation implicite forte qui existe entre le Nasdaq et le CAC40, on peut s’attendre à ce que l’indice de la Bourse de Paris poursuive sa chute (en enfer) en dessous des 2500 pts, jusqu’à 2080 pts (et même 1750 pts) si aucune mesure efficace, de très grande envergure n’est prise.

ET QUI PAYE ENCORE UNE FOIS LES POTS CASSES : LES TRAVAILLEURS ET LEURS FAMILLES, LES ARTISANS ET LES PETITS COMMERÇANTS ET… LA SANTE !