Alors que l’un des avocats de l’affaire du Carlton de Lille vient d’estimer que la France était en voie de « Clintonisation » (plus hypocrite et moins tolérante envers la galanterie), et que plus personne n’ignore ce que sont les « bars montants » belges pullulants, voici que le Jury d’éthique publicitaire belge vient d’envisager de bannir d’affichage une publicité pour Gleéden, site de rencontres.

J’avais été légèrement indisposé (pas vraiment choqué, juste réticent) par la publicité et le logo du site de rencontres Adopte un mec. L’aspect emballé, c’est pesé, emporté des slogans et du site (qui qualifie de « stock » les inscrits) hérisse un peu le poil de l’hédoniste pas du tout pudibond que je me targue d’être. Effectivement, cela me semble encore davantage « nord-américain » que la manière dont il est rendu compte, dans la presse anglophone nord-américaine, de l’affaire DSK, volet Carlton (avec des termes du genre « orgies », comme « hooker orgies »), alors qu’on évoque encore ici des rencontres libertines ou coquines. Encore un petit mot sur ce site d’adoption : l’article m’avait valu une savoureuse appréciation de visiteuse, de celles que j’affectionne (allez voir les commentaires). Justement, le site Gleéden (de « glee », délices, et insouciante béatitude du paradis terrestre), fait valoir qu’il ne voit pas pourquoi il serait censuré en Belgique.

Il ne l’est pas ailleurs, mais ses publicités, aux États-Unis, sont moins explicites. Il paraît que les Américaines et Américains pratiquent l’infidélité ponctuelle ou fréquente autant que d’autres, mais qu’ils répugneraient à l’évoquer ouvertement. On s’en doutait un peu.

Soit une affiche sobre, évoquant l’Éden (une pomme croquée), et ce slogan assez judicieux : « contrairement à l’antidépresseur, l’amant ne coûte rien à la Sécu. ». Évidemment, cela se discute car s’il faut constamment redouter la scène de ménage… Mais pour le reste, c’est fort bien vu.

C’était affiché sur les « sucettes » de type Decaux (en Belgique, ClearChannel), et aux flancs des bus, ce ne l’est plus. Le bureau de vérification de la publicité belge s’est ému de cet affichage en Wallonie et à Bruxelles. Du fait de la non traduction en flamand ? Non, pas officiellement. Cette publicité serait indécente, ne respectant pas les convenances, les bonnes mœurs, de notre présent siècle. J’ai bien l’impression qu’au siècle dernier, voire au pénultième, il y avait, peut-être pas sur les impériales de Jacques Brel, mais au vu d’un peu tout le monde, des réclames plus osées encore.

Hélène Antier, de Gleéden, avait pourtant consulté des Bruxelloises et Bruxellois avant de faire tirer ces affiches. Mais il y a eu plainte (de qui ? comment ? on ne sait), et il se pourrait que d’autres soient reçues, confie au Vif (.be) MPiet Jospratet, du JEP. Pour le moment, la campagne est en suspens, dans l’attente d’une autorisation de prolongation ou d’une sanction.

 

Il n’est pas du tout sûr que le site soit réservé aux époux ou conjoints infidèles. Mais il présente l’avantage d’avoir moins de gens se présentant hypocritement en tant que célibataires recherchant l’âme sœur pour la vie. Cela étant, « plus si affinités » n’est pas interdit de cité sur le site de (ou des) l’adultère.
En fait, le site présente l’accroc dans le contrat tel un moyen de consolider le couple légitime. « Offrez à votre situation conjugale une nouvelle chance, un nouveau souffle ».
Ou encore : « et si vous trompiez votre amant avec votre mari ? ». Cela étant, bien sûr, faire passer l’amante ou le « fuck friend » pour un médicament, sans tests cliniques (on s’inscrit où pour les tests ?), c’est un peu comme les produits alimentaires aux prétentions thérapeutiques : franchement suspect.

Serait-ce un imam marabouteur qui aurait porté plainte pour diffusion de produits concurrents ? Ou un pharmacien catholique intégriste ? Allez savoir…

La Belgique est aussi, comme l’Irlande, l’un des pays où les scandales de pédophilie dans les églises (euh, dans les clergés) ont fait le plus de bruit. Là, on se demande un peu où est le scandale.

Évidemment, les us évoluent, les faits suscitant la réprobation aussi. Le fameux slogan « santé, bonheur, pipe à toute heure », pour une campagne vantant les bienfaits du tabac, ne passerait plus de nos jours. Même en montrant un ménage avec des époux portant à leur bouche, la bague bien visible au doigt, une bouffarde. La « Clintonisation » est partout.
De toute façon, l’autre affiche, avec le slogan déjà utilisé en France, « par principe nous ne proposons pas de carte de fidélité », ne semble pas être visé par une plainte. C’est pourtant siglé par le visuel « site de rencontres extra-conjugales ». Eh, on peut encore faire une partie de dominos avec d’autres partenaires que les légaux, sans doute : l’affiche a dû être estimée moins explicite, moins évocatrice des jambes en l’air (du film Les Infidèles, vues partout sur l’Internet mais bannies elles aussi par la RATP). 

Bah, tout cela, c’était pour faire papoter un peu, et j’avoue, c’est plutôt creux et « bouche-trou », cet article, comme pourrait le redire Lylith (une fan d’Hubert-Félix Thiéfaine, peut-être ?). C’était donc pour luter et non lutiner… qu’on ne s’y méprenne pas ! Et puis, il faut bien alimenter la rubrique « Santé, bien-être », non ?