Le film de Ben Stiller, « la vie rêvée de Walter Mitty », fait la part belle à la dimension rêve qui, chez certaines personnes, occupe une place non négligeable au cours de leur vie. Personnage ordinaire faisant tout en retenue, Walter, interprété par Ben Stiller lui-même, se plaît à pimenter sa vie en se déconnectant de temps en temps de la morosité de son quotidien pour s’évader éveillé dans « des escapades lunaires » bien déjantées, au pouvoir grisant assuré.
Affranchi de ses complexes et du poids des conventions qui rapetissent son potentiel, il retrouve là tous les attributs lui faisant défaut en temps normal pour revêtir allègrement le costume du séducteur devenu invincible : l’empoté coincé devant son écran d’ordinateur, incapable de cliquer pour envoyer un modique smile à celle qui fait chavirer son cœur, Cheryl, (Kristen Wiig), devient de but en blanc l’irrésistible tombeur et le soumis prend des allures de bagarreur face aux abus de son supérieur hiérarchique !
Le va et vient incessant entre ces deux mondes où s’entrechoquent réel et rêve, platitude et extravagance, finit par aiguiser chez Walter, l’envie de prendre de la graine des prouesses de sa vie secrète pour enfin accéder à cette harmonie entre le fond et la forme de son moi le plus profond.
Suite à un chamboulement imprévu dans son activité professionnelle, Walter, le chef du département négatifs du life magazine, est confronté à un problème : il ne retrouve plus dans ses archives le plus précieux des sésames, le numéro 25, sélectionné pour faire la une de la couverture du magazine.
Une déconvenue qui le met dans une situation des plus inconfortables par rapport au nouveau gérant de transition, Adam Scott, lequel ne badine pas avec les règles disciplinaires. Si la remise en question de sa personnalité ne l’avait autant taraudé ces derniers temps, Walter aurait sans doute accepté de se laisser mettre à la porte de sa boîte, sans même broncher.
Tourné désormais vers la résilience avec le rêve ultime de conquérir celle qui le hante, Walter se lance dans une aventure virevoltante qui le mènera aux quatre coins du monde pour retrouver l’image 25.
Ben Stiller a réussi le tour de force de relater, tout en finesse, l’évolution surprenante du personnage avec humour, légèreté sans jamais verser dans l’excès. Les acteurs qui jouent à merveille y sont pour quelque chose, en particulier Ben Stiller lui-même qui est d’un naturel d’une sympathie confondante !
Au cours du périple vertigineux à travers des régions improbables, Ben Stiller nous en met plein la vue. Des scènes pittoresques dans le Groenland, l’Afghanistan, l‘Himalaya. L’Islande et son volcan Eyjafjallajökul en éruption, est d’une beauté étourdissante. Des lumières et des couleurs flamboyantes à foison.
Ce film empli de fraîcheur, de pureté, de drôleries envoie un message optimiste ; il laisse à penser que tout un chacun est perfectible au prix d’une certaine dose de bonne volonté.
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