C’est en beauté que démarre « la Vénus à la fourrure », le nouveau film de Roman Polanski. Sous un ciel gris zébré d’éclairs sur fond de grondements de tonnerre, la caméra tourne nous donnant la nette impression de traverser ensemble ce boulevard qui mène vers un vieux théâtre. Les portes nous sont ouvertes. 

Débute un  étrange huis clos avec deux personnages, Vanda, (Emmanuelle Seigner), Thomas, (Mathieu Amalric) sosie de Roman Polanski, soit dit au passage. Thomas, le metteur en scène broie du noir après une matinée ratée à auditionner « des bêtasses et pétasses », histoire de dénicher la perle rare, à la hauteur du rôle de l‘héroïne de sa pièce inspirée du roman érotique de l’écrivain autrichien Sacher-Masoch. 

Surgit soudain comme une furie Emmanuelle Seigner. D’une excentricité et d’une vulgarité surjouées à friser le ridicule ! Aux yeux du metteur en scène, la candidate à prime abord ne payant pas de mine n’a aucune chance d’endosser le rôle de cette élégante héroïne de l’empire austro-hongrois. La surprise est toutefois de taille quand Vanda se métamorphose de but en blanc pour donner un aperçu de ses compétences théâtrales ! 

Epoustouflé, Thomas lui donne les répliques. Et peu à peu, dans une atmosphère glaciale de sensualité les rôles s’inversent entre dominateur et dominé. Des acteurs subjugués l’un par l’autre jusqu’à en donner leurs tripes. Un héros sous l’emprise à la fois d’un souvenir pervers et de la peur de la culpabilité, du pêché : des coups de fouet jouissifs qu’alors adolescent lui infligeait sa tante sous le regard des domestiques. 

Devenus inéluctablement complices, s’instaure entre eux un jeu de séduction, de vampirisation de l’un par l’autre, émaillé de sadisme, de masochisme, de travestissement, de perversion, d’érotisme et que sais-je encore ! S’ensuit un pacte entre les protagonistes au terme duquel  le héros s’engage devant la Vénus à la fourrure, sa maîtresse, à être définitivement à ses pieds, au sens propre du terme. 

Humiliations, avilissements sont les bienvenus, sans doute sa manière à lui de neutraliser la menace de regard inquisiteur, préalable à la jouissance ! Justement le psychiatre Krafft-Ebbing s’est inspiré de Sacher-Masoch pour inventer le mot masochisme. 

La ferveur avec laquelle les comédiens s’adonnent au jeu fait que la vraie vie finit par empiéter sur la comédie, et l‘inverse. Résultat, les pinceaux se mêlent et s’entremêlent. Alors que certains se délectent, d‘autres comme moi peuvent commencer à trouver le temps un peu long,  la chose un peu lassante. 

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