La Vallée du Lot, terre nourricière en Lozère.

A 1.272 mètres d’altitude, sur la territoire de la commune de Cubières, sur le versant Sud du Mont Goulet, flanc septentrional du massif granitique du Mont Lozère, le Lot, affluent en rive droite de la Garonne, 485 kilomètres de long de son origine à son confluent à Aiguillon, prend sa source.


En héritage d’un nom de lieu celte puis gallo-romain, le cours d’eau, en Occitan, se décline sous le toponyme hydro-orographique d’Òlt, – Òut ou Òltis -, et institutionnalise des appellatifs territoriaux tels « Pays d’Olt », « Rives d’Olt », « Vallée d’Olt »…, en Aveyron.

Dans un univers drapé de somptueux paysages où alternent vallées, forêts, étroits corridors encaissés et plateaux calcaires, schisteux, plutoniques et basaltiques, d’Est en Ouest et en son milieu, il zèbre, s’étirant sur environ 95 kilomètres, l’entier département de la Lozère. Sa haute vallée marque, ainsi, une césure climatique et agricole importante entre Aubrac, granitique et basaltique, et Margeride, granitique, au Nord, Causses, calcaires, et Cévennes, schisteuses et granitiques, au Sud, quatre massifs montagneux géologiquement et géomorphologiquement différents.


Les sources du Lot.


Au cœur d’une forêt de résineux, un chevelu de rigoles et de ruisselets naît dans une prairie d’alpage située sur le versant Sud-Ouest du Mont Chalsades, – 1.382 mètres -, lieu-dit « Cham Du Olt », terroir du hameau des Alpiers, commune de Cubrières. En ce site où tout bruit étranger donne sensation de déranger la tranquillité des lieux, le son argentin d’une kyrielle de sources se mêle, en douce symphonie pastorale aux bruissement des herbes hautes, aux chants des oiseaux et aux risées des ailes écailleuses des papillons.


Courant sous la végétation, se rejoignant, et s’amalgamant, l’enchevêtrement aquatique donne vie à un ru insignifiant qui, croissant proportionnellement à la pente et aux valats croisés, ressauts après ressauts, dévale un étroit sillon sauvage creusé dans les granites des Monts Goulet jusqu’au Bleymard.

Avant le village dont le cœur étonne par son patrimoine architectural lozérien séculaire et ses fabuleuses demeures aux toits de lauze, à Saint Jean du Bleymard, un hameau qui fut jadis paroisse, un petit pont en pierre, le premier d’une longue série, tant ses berges se frôlent encore, enjambe le Lot d’un seul saut de puce.


Du Bleymard à Sainte Hélène.


Entre Monts du Goulet, au Nord, et Mont Lozère, au Sud, le cours d’eau torrentiel, creuse, dans les pentes des deux massifs, sillonnés par des valats affluents, qui l’encadrent, une petite vallée, en creux, qui s’allonge sur quelques 8 kilomètres.


Du Bleymard à Bagnols les Bains, par Saint Julien du Tournel qui se prévaut d’un imposant clocher-peigne à 2 baies et des menhirs du Quincos et de la Felgère, le Lot sinueux se faufile dans une vallée étroite où se succèdent des gorges en modèle réduit. A la fonte des neiges, les eaux y coulent opalescentes et cristallines.

 

En quittant Bagnols les Bains, station thermale célèbre dès l’époque romaine, le Lot pénètre dans les terrains karstiques. A la sortie de Chadenet, filant sur Sainte Hélène, alors que la pente s’accroît, la rivière pénètre en terrain granitique. Prenant un caractère torrentueux et sauvage, il y creuse une gorge profonde et tourmentée.


La Vallée du Lot dans la plaine de Mende.


A la croisée des Grands Causses et des Cévennes, au Sud, et de l’Aubrac et de la Margeride, au Nord, il y sculpte des formes de reliefs spectaculaires et complexes taillés dans les schistes, les granites, les basaltes… et les calcaires du Jurassique inférieur, les avant-Causses.


Par son travail d’érosion dessinant des portions de vallées étroites et profondes, des petites tables, – Causse de Mende, Causse de Changefège… -, se forment en contrebas des dômes arrondis de la Margeride. Alors, Le Lot élargit son lit pour s’ouvrir sur la plaine de Mende aux pentes douces, exposées au midi, progressivement conquises par l’urbanisation.

Après Barjac, et plus particulièrement vers le Monastier et la confluence de la Colagne, la Vallée du Lot devient plus plantureuse. Entourée d’étroits sommets plus ou moins aplanis, les trucs, s’étendant jusqu’à Marvejols et Montrodat, et bordée par les falaises du Causse de Sauveterre, au Sud, les boraldes pastorales d’Aubrac et les chaos granitiques de la Margeride, à l’Ouest et au Nord, et les grands espaces du Causse de Changefège, à l’Est, elle présente, lors, luxuriante et arborée,parsemée de vergers, de noyers et de maraîchages, un paysage remarquable.


A Banassac et La Canourgue, portes sur le Rouergue et l’Aveyron.


Passé la confluence avec la Colagne, le Lot s’enserre, à nouveau, dans une succession séquentielle, entre Boraldes au Nord et Causse de Sauveterre au Sud, de vallées étranglées et arborées, et d’étroits défilés taillés dans les calcaires. En appréciant la mosaïque des paysages et la prolifération des grottes qui gruyères les sites karstyques, les chauve-souris, ont colonisé les lieux.


Ce n’est qu’aux environs de Banassac, avec les confluences, d’une part, de l’Urugne et du Saint-Saturnin et, d’autre part, celle de l’Urugne et du Lot, que le Lot et sa Vallée prennent leurs aises. L’espace s’ouvrant, ils offrent plus de place à l’urbanisation galopante qui anime les villes accolées de Banassac et de La Canourgue et ses communes associées Auxillac, La Capelle et Montjézieu.


Métamorphose et magie… !

Jusqu’à son entrée en Rouergue et Saint Laurent d’Olt dans l’Aveyron voisin, le Vallée du Lot, oasis dans le contexte montagnard lozérien, prend, délibérément, des accents du Sud… Et, sur une dentelle de grès rouge, les vergers de noyers inscrivent, en lettres capitales : « Vallée du Lot, terre nourricière de la Lozère. »

 

Raymond Matabosch