La Vache, film de Mohamed Hamidi

La vache, une fable bucolique pétillante de fraîcheur, pas mal pour se remonter le moral en cette période de fortes turbulences. Fatah, (Fatsah Bouyahmed), est ce paysan qui vit dans "le meilleur des mondes possibles" dans son bled perdu d’Algérie. En plus de son amour pour sa bovine de Jacqueline, il a Naïma sa femme et ses deux filles. Tout bascule pour lui le jour où se concrétise son rêve de faire concourir sa vache au salon de l’agriculture en France. Depuis le temps qu’il postulait, la persévérance a fini par payer. Fierté générale dans le village qui tout en liesse apprend le scoop. 

"Francophile" dans l’âme, Fatah débarque à Marseille avec sa si belle vache à la robe brun fauve. Eblouissement total devant la ville de Pagnol. Notre candide bien accompagné en partance pour la Porte de Versailles avec ses pieds pour moyen de locomotion n’est pas au bout de ses émerveillements :  l’occasion de découvrir à loisir le "vaste monde" avec tout ce qu’il comporte de beau et d’un tout petit peu moins beau. 

Loufoque, le scénario ne manque pas de rebondissements. Un cousin peu amène campé par un Jamel Debbouze au meilleur de sa forme, une fermière, un aristocrate désargenté, (Lambert Wilson), des agriculteurs en colère, des badauds et plus dans une fête foraine… Résultat un charmant portrait de la France profonde que nous dresse Mohamad Hamidi où tout le monde il est beau , tout le monde il est gentil. 

Le comique tient une place importante et tous ses procédés y sont exploités. Il faut reconnaître que le charisme de ce paysan au fort accent  à la démarche sympathique se prête à merveille au comique de situation; celui des jeux de mots n’est pas en reste, comme par exemple la fameuse "hassana", ou le slogan "hilarant":"la faute à la poire"! Joliment boosté par une ravissante bande son de la composition d’ Ibrahim Maalouf, cette comédie touchante a tout pour nous faire dire à son réalisateur, merci pour ce moment.  

A travers ce conte aux allures simplistes, "Candide" nous délivre comme une invitation pudique à "cultiver notre jardin", maintenir notre "esprit vierge" à l’abri de la pollution ambiante ;  la gentillesse, la place des joies simples, du vivre ensemble, se trouvent réhabilités… Il faut dire que l’odyssée de Fatah se termine en beauté : comblé sans être désabusé, notre héros ne se laissera pas happé par la modernité et s’en retournera heureux d’où il est venu. 

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