Conteur moderne  et décalé, Tim Burton reste le génie d’un univers lugubre, poétique et attachant dont lui seul a le secret. A travers ces films tels que « Edward aux mains d’argent » ou encore « Beetlejuice », l’auteur nous livre les meilleurs contes envahis  de gentils monstres où cruauté et univers macabre se lient à une tendresse et une douce poésie.

Pourtant, il serait regrettable de s’arrêter au coup de cœur que l’on peut ressentir pour le cinéaste.

La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires nous livre en un recueil de poésie, un Tim Burton à l’apogée d’un art sombre mais tellement inimitable…

 

 

 

 L’enfance est depuis toujours un thème prédominant dans chaque œuvre de Burton, où elle est notamment associée à la découverte de la cruauté du monde. Sa propre enfance en est sûrement la cause : solitaire, le ressenti d’être différent des autres tel « un monstre »… Et c’est ce qu’il tente d’exprimer  à travers son recueil de poèmes qu’est la triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires.

 

Dans cette œuvre, le réalisateur conte les histoires magiques d’enfants monstres dont l’Enfant Huître, l’Enfant Robot, la Fille Allumette ou encore l’Enfant Tache qui sont tous, sans exception, victimes des tares les plus inimaginables. Grâce aux rimes  et aux illustrations faites par Tim Burton lui-même, cette galerie de personnages devient le reflet d’une enfance vécue comme un fardeau.

 

Certes, l’humour noir et l’absurde nagent à travers les pages du recueil, mais Tim Burton gagne une nouvelle fois la tendresse et l’attachement du lecteur car quoiqu’on dise, ces petits monstres suscitent la tolérance et le respect.

 

 

 

Ludovic l’enfant toxique

Pour ceux qui
le connaissaient, ses amis
il était Ludovic.
Pour les autres, il était l’horrifique
Enfant Toxique

Il adorait l’ammoniaque et l’amiante, et la
fumée de tabac
Ce qu’il respirait en guise d’air
aurait étouffé n’importe qui sur terre

Son jouet entre tous préféré
était une bombe aérosol.
il la secouait, assis bien tranquille sur le sol
et vaporisait toute la sainte journée…


La fille qui fixait, fixait, fixait

J’ai connu une fille, jadis
qui restait là à regarder, l’oeil fixe
quoi, qui,y ou x
elle s’en souciait comme d’une cerise

elle fixait les pâquerettes 
le ciel au dessus de sa tête
ou pareillement vous fixait, vous, à perpète
sans que vous sachiez pourquoi cette fixette

Concours local des yeux fixes:après victoire sans conteste
elle finit par accorder à ses yeux 
un repos qu’ils méritaient bien.