Nous sommes tellement entourés de médias écrits, parler ou technologique et cela nous paraît tellement naturel que nous avons perdu, o paradoxe, le sens de la communication.

 

En effet, quoiqu’on fasse, e-mail, sms, appels téléphoniques, communications diverses, il y aura toujours quelqu’un qui aurait dû être au courant et ne l’a pas été. Petite vengeance personnelle entre collègues ou confiance excessive dans nos médias diverses et variés.

 

En a-t-il été toujours ainsi ? Bien sûr que non. Il fût une époque (et je le dis sans nostalgie) fort éloignée où la transmission orale, le savoir des ancêtres, le « comment se font les choses » se faisaient oralement. Comment ? On se réunissait tout simplement autour du chef de famille ou chef de clan et on écoutait ce qu’il avait à dire car l’écriture n’existait pas encore.

 

Il y a une forme de transmission orale que j’affecte énormément : celle des contes pour la simple raison qu’elle nous redonne, nous adulte, notre cœur d’enfant et nous amène à transmettre quelques douces leçons à nos bambinos et ce, toujours dans un climat de bienveillance. Le conte favorise les liens entre les générations et avec des intonations de voix changeantes en fonction de ce que l’on doit exprimer, accompagné de gestes, de silences aussi, nous touchons le cœur des enfants. Soyons sûr que ceux-ci nous en redemanderont et transmettront ces mêmes contes à leurs enfants.

 

En même temps, le conte favorise l’imagination. Pensons aux monstres, aux fées, personnages tant aimés des enfants. Ils en ont besoin pour évoluer.

 

La transmission orale est une manière de préserver et transmettre l’histoire, la loi, la littérature.

 

Quelques traditions orales célèbres : L’Iliade, Homère, la Bible, toutes matières mythiques et religieuses ainsi que le savoir-faire et le savoir-vivre des époques fort anciennes.

 

Pouvait-on craindre ou peut-on craindre encore qu’il y ait eu erreur dans la transmission ? Je ne le pense pas car à cette époque, on était beaucoup plus attentif et concentré sur les informations transmises oralement. De plus, elles étaient répétées.

 

A l’heure actuelle, essayez de répéter quelque chose cela n’aura pas du tout le même effet. Nous sommes tellement saturés d’informations que nous les avalons toutes comme des ogres sans prendre le temps de les digérer.

 

Sont-elles toutes vraies ? Ne sont-elles pas manipulées pour nous faire croire à autre chose ? Ne servent-elles pas à cacher tel ou tel évènement important ? Nous l’avons vu récemment avec l’affaire DSK qui a pris le pas sur des problèmes beaucoup plus graves, hélas que cela. Je pense notamment à la guerre où la famine qui sévit dans certains coins du globe.

 

Que restera-t-il de notre transmission orale ? Stockés sur nos supports. Bien sur mais ceux-ci peuvent partir en fumée. Que sauront alors ceux à qui ils étaient destinés ? Le meilleur stockage n’est-il pas celui de la mémoire humaine (en plus cela la fait travailler) ; encore faut-il prendre le temps entre gens de bonne compagnie de s’arrêter pour s’écouter, se parler, se dire des choses importantes, des choses tendres, légères, graves etc… c’est cela que l’on retiendra de nous.

 

En ce temps de week-end, prenons le temps de vivre, à bas le stress, les paroles ou choses importantes dites entre deux portes, sachons nous organiser pour prendre le temps du « vivre ensemble ».

 

Que vous reste-t-il comme souvenirs de vos grands-parents ou parents ? N’est-ce pas ces choses dites, apprises ensemble, le vécu ensemble, les histoires du grand-père, même enjolivées, dites et répétées au coin du feu où lors de partie de pêche à la ligne, ou de partie de cartes ou de ballades en forêt …. Bref, une kyrielle de lieux et de souvenirs qui nous construisent au plus profond de nous même et qui nous permettent, adultes, lors de turbulences, d’y revenir et d’y puiser toute la force dont nous avons besoin pour continuer notre route.

 

Au détour d’un repas, croquant une fraise, vous allez rajeunir de 20, 30 ans et vous rappeler lorsque vous étiez en culotte ou jupe courte les bons desserts que votre mère ou grand-mère vous préparaient car cette fraise là a le goût de l’enfance.

 

Une autre catégorie de transmission orale : Les sourds.

 

Ceux-ci, contraints par leur infirmité, sont très gestuels mais sont plus économiques que nous. Je m’explique : prenez la phrase : je pose mon verre sur la table. Nous venons d’utiliser 7 mots pour exprimer une situation banale. Le sourd, lui, va simuler le geste du verre et celui de le poser sur la table. En deux mots, il résume une situation. Décidément, il est plus économique et plus calme d’être sourd.

Sourd ou pas, homme moderne, pose-toi, respire, prend le temps de vivre et de transmettre.