La tour 2 contrôle infernale

Réalisateur : Eric Judor

Date de sortie : 10 février 2016

Pays : France

Genre : Comédie

Durée : 88 minutes

 

Casting : Eric Judor (Ernest Krakenkrick), Ramzy Bedia (Bachir Bouzouk), Marina Foïs (La conseillère du Ministre), Philippe Katerine (le colonel Janouniou)

 

2016 sera une année forte en comédies, Joséphine, Les visiteurs 3, Arrête ton cinéma, les Tuches 2, tout au moins pour ces premiers mois. Après une année 2015 forte en drames, il faut bien cela pour remonter le moral. Encore faut-il que ces productions soient réussies sinon on encourt un autre type de drame. Une comédie ratée c’est ce qu’il y a de plus pitoyable et de sinistre, malheureusement les exemples se ramassent à la pelle. Alors que faut-il attendre de cette suite pensée depuis des années par le duo formé d’Eric et Ramzy, celle d’un film devenu culte pour plusieurs générations d’amateurs d’humour pas très fin mais efficace ?

 

Début des années 1980, Bachir Bouzouk et Ernest Krakenkrick sont les deux plus grands pilotes de l’armée française, la crème de la crème, ce qui se fait de mieux au sein de la Grande Muette. Suite à un accident lors d’un entrainement de centrifugeuse, les deux compères sont transformés en légume. Ne pouvant se défaire d’eux, l’Etat les place comme bagagiste à Orly Ouest quand tout à coup une prise d’otages survient. 

 

Pas de surprise, pas de déception, le film est en quelque sorte une réussite. Il est drôle, bien construit, l’histoire est mine de rien intéressante et on se demande comment ces 2 crétins vont s’en sortir. Certes pour apprécier cette comédie, il faut au préalable aimer les blagues un peu lourdes, pas très élaborées, décalées, ce duo bien particulier et leur "débilité" débordante. Ce paramètre pris en compte, on ne peut qu’aimer La tour 2 contrôle infernale. Préquel direct, le film construit des passerelles avec son aîné qui se passe pourtant 20 plus tard. Même schéma narratif, celui du huis clos, de ces héros malgré eux luttant contre un groupe de malfrats un peu étranges appelés les Moustacious, le tout rythmé par une ribambelle de passages poilants et saugrenus. Les nombreuses running jokes ont le mérite de ne jamais lasser (les points communs, les portes-bonheur bloquant les balles de revolver, etc.) et ça c’est un exploit! Hormis la forme comique du film, le fond peut être plus sérieux, on remarque de nombreuses critiques sous jacentes sur différents aspects de la société. Que ce soit la politique, l’armée, la considération des "riches" envers les "pauvres", les femmes ou bien encore le racisme, tout cela est traité avec humour, amené, souligné mais vite balayé pour que l’histoire continue. 

 

Cette fanfaronnade met en oeuvre une galerie de personnages complètement loufoques. Le plus notable étant Philippe Katerine en grand méchant absolument odieux, manipulant la langue française à sa façon et n’aimant pas le fait qu’on le reprenne sur sa conjugaison douteuse. Grégoire Oestermann en Ministre de l’Intérieur frustré de ne pas avoir eu la Culture, chose qu’il ne possède pas, trop absent au cinéma, est brillant et traite son assistante avec le plus grand mépris. C’est aussi l’occasion de revoir des visages familiers, Marina Foïs en mère de Marie Joëlle, Serge Riaboukine en frère du grand méchant du premier opus et Jean Peter Mac Calloway, père de Peter. C’est ça l’avantage de tourner un film traitant du passé, on fait intervenir les parents ressemblant en tout point à leur progéniture.

 

Le pari est réussi pour Eric Judor, il parvient à réaliser une suite digne de ce nom. On sent que l’alchimie fonctionne toujours autant entre lui et Ramzy, qu’ils se sont éclater à faire le film et cela pour notre plus grand plaisir. Espérons pour eux que la réalité rejoigne la fiction, en effet dans la deuxième saison de Platane, la suite fictive de La Tout Montparnasse Infernale avait été un succès colossal réunissant plusieurs millions de spectateurs au cinéma.