Une semaine sans Internet, et me revoici plongée dans un univers où seuls la télévision, les magazines papiers et la radio, me permettent de suivre l’actualité.

 

Entre les inondations au Pakistan et en Chine, et le feu qui menace les installations nucléaires de la Russie, sujets surement traités sur C4N dont je suis privée depuis une semaine  j’ai d’abord cru que le sujet de mon « devoir de vacances » serait particulièrement difficile à trouver.

 

Et bien non,  que n’y avais-je pensé : la téléréalité et Secret Story4 épisode 6 de ce vendredi soir m’offre l’occasion unique de me perfectionner en voyeurisme  populaire.

Puis je l’avoue, dernièrement, je me suis laissée tenter par un « scoop » téléphonique.

Une jolie voix anonyme m’annonçait qu’une certaine Alexandra Paressant « ex future » candidate, allait faire son entrée dans la fameuse émission du vendredi soir sur TF1.

Une sacré fumisterie par laquelle la belle a semé la panique dans toutes les rédactions qui ont pignons sur rue, en faisant elle-même sa propre promotion, nous mentant honteusement sur son éventuelle participation au spectacle dégradant de cette téléréalité où d’illustres inconnus avides de célébrités et d’argent facile n’hésitent pas à transformer un plateau de télévision en véritable  LUPANAR !

 

J’aimerai tout de même sortir du cercle infernal du dernier feuilleton en date sur le sujet, et vous soumettre quelques réflexions glanées au fil de deux magazines emportés dans mes valises, et qui chacun à leur façon, traitent de la peopolisation, en général, et de la téléréalité en particulier.

 

Elle magazine papier du 2 juillet de cette année, si prompt à nous inonder de scandales people consacre quatre pages à une interview de Pascal Bruckner auteur du « Paradoxe amoureux », et titre « Les peoples nous rendent-ils fous ? ».

Le sociologue écrivain essaie dans cette interview de nous démontrer que nous sommes Tous ( ??) friands des secrets plus ou moins scandaleux de ceux et celles qu’il nomme des « Stars », que l’on retrouve ivres mortes dans les boites de nuit, des couples célèbres qui se déchirent, des chanteuses ou sportifs qui étalent leurs problèmes de drogue ou de sexe dans les médias, etc, etc.. .

Après moultes analyses plus ou moins convaincantes  il reconnaît que l’on ne peut pas comparer les STARS, les vraies, celles qui, par une performance quelconque, ont su se distinguer de l’ensemble des humains que nous sommes, avec les « stars » de la télévision people qui n’ont rien accompli.

 

Bien plus argumentée, et bien plus proche de la réalité, c’est l’analyse que fait un de mes journalistes préférés dans « mon » Valeurs Actuelles  de la semaine dernière qui part en guerre contre les dérives de la Télé réalité qu’il  accuse d’être « l’empire du voyeurisme. »

 

C’était en 2001,  la téléréalité débarque en France.

C’est M6 qui ouvre le bal des festivités, en enfermant treize célibataires pour 71 jours dans un appartement truffé de caméras : « Loft-Story » est née !

Je vous fais grâce de la règle du « jeu », ce premier feuilleton mettant en scène des anonymes consentants, a été regardée par des milliers de téléspectateurs, et fut un premier succès, auprès des jeunes, et disons le, des moins jeunes !

Les deux premiers gagnants furent un certain Christophe Marcy, retombé depuis longtemps dans l’anonymat, et une Loana Petrucciani qui s’était fait remarquée   pendant l’émission grâce à des ébats torrides avec un autre candidat dans la piscine du « loft ».

Dix ans après, la vedette d’un été, ne fait plus la Une qu’à la rubrique des faits divers, et ses frasques successives n’intéressent plus personne.

Reconnaissons que depuis 2001,  une évolution certaine dans les défis toujours de plus en plus salaces et impitoyables, fait que de la « réal TV » nous offre  un lamentable spectacle, où Loft-Story fait figure de roman photo pour minette en mal de sensations.

 

En Juillet 2010, une autre série toujours diffusée sur M6 est accusée par le CSA d’atteinte à la dignité humaine.

 

Dans Dilemme, cette fois on touche le fond :

14 candidats, sept garçons sept filles répartis en deux équipes vont vivre ensemble pendant 8 semaines pour tenter de remporter un maximum d’argent.

Les candidats  assument sans pudeur, n’avoir que deux objectifs en entrant dans le jeu : l’argent et la notoriété.

A partir de là, la production va proposer aux candidats des paris de plus en plus humiliants les uns que les autres : objectif augmenter l’audience.

Quelques exemples :

Se rouler dans le purin pour 500 euros,  se faire raser les cheveux, mais là où l’horreur atteint son comble c’est quand une candidate accepte d’être tenue en laisse et manger dans une gamelle pour chiens.

Exhibition malsaine reprise en courtes séquences sur Internet pour entretenir le buzz.

Des scènes de filles en string, de douches collectives (seins nus de rigueur), des siestes coquines à deux sous la couette, (micros ouverts bien entendu.)

La vulgarité dans toute sa splendeur !

 

Il a failli y avoir pire :

Pour rafler des  auditeurs à TF1 qui cartonnait avec son Ile de la Tentation, un nouveau concept a été imaginé par la production de M6 :

« Trompe-moi si tu peux » :

Dix couples isolés dans une villa, dont un couple d’homosexuels masculin, et un couple de lesbiennes doivent éviter le plus longtemps possible qu’on découvre qui est leur conjoint à la ville en poussant le bouchon ( ?) le plus loin possible avec d’autres candidats.

A chaque épisode un couple est formé, avec au programme : moments d’intimité, massages, et danses lascives.

Au véritable conjoint de ne pas craquer en voyant son, ou sa, compagne bien aimée caressée par des mains inconnues..

M6 annonçait d’ailleurs la couleur, avec pour slogan accrocheur :

« Jamais une émission n’est allée aussi loin ».

Prévue pour arriver sur VOS écrans le 8 juillet de cette année, cette émission a été annulée suite au suicide d’un candidat, qui avait participé au jeu avec son petit ami.

 

Ceci se passe en France, mais savez vous, qu’Endémol dont le siège est basé aux Pays-Bas, a concocté pour la télévision Suisse un programme mettant en scène des handicapés mentaux !

Et je ne vous parlerai pas de la télévision britannique où « Sex-Inspectors », diffusée sur une chaine publique, a pour thème des couples qui sont épiés sous la couette par deux experts, qui les aident ensuite à améliorer leurs performances sexuelles…

 

« La téléréalité ne fait que mettre en scène l’obscénité d’une société obsédée par la réussite, la compétition, et par  ceux qui chutent ».

Damien Le Gay, philosophe,  justifie ces dérives en disant que nous vivons dans une société ou la famille, l’école, le scoutisme, la religion ne jouent plus leurs rôles de bouclier social, et qu’en même temps les médias ont augmenté leur force de séduction.

On regarde la télévision de plus en plus jeune, et les moyens de diffusion sont de plus en plus nombreux.

 

Les enfants (qui deviendront les adultes de demain) sont confrontés à ce monde et à ces images sans plus avoir de « Système immunitaire ».

Petit rappel que j’ai déjà développé dans des articles plus anciens :

En France n’oublions pas qu’un enfant passe 850 heures par an à l’école et 1 200 heures devant la télévision.

Ce que le maître explique dans la journée à nos chères « têtes blondes », a savoir :

 La politesse, le respect de la parole donnée, le sens de la vie en commun, est « détricoté » le soir par la télévision.

 

Télé allumée, cerveau éteint.

 

Combien d’entre vous seraient prêts  à boycotter systématiquement ces émissions ?

Si ce n’est pas le seul moyen d’enrayer la dégradation constante des programmes, s’en est un, de poids, car n’oublions jamais que c’est le téléspectateur qui fait l’audience.

 

Sources : Elle magazine, Valeurs Actuelles du 5 Août 2010,  (Vincent Gout)

Damien le Guay, philosophe dont je vous recommande le livre : « l’Empire de la téléréalité », aux Presses de la Renaissance.

 

Vidéo : Anne-Krystelle, une candidate de Secret-Story4,  alias Julia Felatio dans le clip, n’hésite pas à prêter ses charmes pour une publicité, au « goût » sulfureux

 

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