A l‘inverse de la révolution égyptienne où coptes et musulmans étaient coude à coude pour renverser la dictature de Hosni Moubarak, les chrétiens de Syrie eux, continuent de se démarquer de la contestation en cours, soutenant le régime en place.

En effet, Bachar el Assad a su savamment œuvrer en faveur d’une politique de tolérance religieuse seule susceptible de lui garantir les faveurs des minorités que sont les druzes, les alaouites, en particulier les chrétiens.

Ces derniers, longtemps pionniers dans la lutte pour la liberté, semblent s’agripper à leurs privilèges, craignant le pire avec l’éventuelle prise de pouvoir par les salafistes, les frères musulmans.

D’ailleurs dans les idéologies panarabes consécutives au traumatisme vécu durant l’empire ottoman et qui sont à l’origine du parti nationaliste Baas de Michel Aflak, les empreintes des chrétiens d’Orient sont bien profondes.

Aujourd’hui, au grand dam de l’Alliance du 14 Mars libanais, leur silence est assourdissant si bien que lorsqu’une Syrienne de confession chrétienne manifeste son soutien aux opposants, elle devient coqueluche du CNS au profit du combat défendu mais au détriment de sa propre sécurité.

C’est le cas de Hadeel Kouky. On voit cette jeune militante dans la vidéo ci-dessous scander un refrain appelant à l’unité de tout le peuple syrien. Elle s’égosille pour inviter surtout les chrétiens à ne pas avoir peur de la révolution, les incitant à la rejoindre.

De telles manifestations virulentes lui auraient malheureusement valu les menaces des chabbihas, les foudres de sa famille et de ses amis. Mettant ainsi sa vie en péril, Hadeel a été exilée en Egypte où trois inconnus dont deux à l’accent égyptien et le troisième syrien auraient fait irruption dans son appartement pour la violenter.

Ces agresseurs demeurent inconnus et sans connaître avec certitude les véritables tenants et aboutissants de cette tragique instrumentalisation, les spéculations diverses et variées vont bon train.

En ce dimanche 26 février, jour de référendum pour une nouvelle Constitution dont on n‘a pas eu grand écho, le patriarche Grégoire III Laham et les dignitaires chrétiens, à l’instar de leur président accompagné de son épouse Asma, se sont empressés de glisser leur bulletin de vote dans les urnes, en guise de soutien d‘un processus de démocratisation non moins efficace mais plus lent et moins meurtrier.

Face à ce monde qui tente tant bien que mal de colmater les brèches et sur lequel s’est jeté l’opprobre presque générale, se dressent les justiciers. Ces derniers, auto proclamés Amis de la Syrie, que sont l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie, les pays de la Ligue arabe, à la suite d’interminables conciliabules en sont restés à leur idée initiale, immuable, à savoir déloger le lion de Damas et ce, quel que soit le prix à payer.

Aucun résultat probant à la hauteur des attentes, susceptible de rapprocher ces deux bords pourtant logés à la même enseigne et animés par les mêmes aspirations, si ce n’est leur exacerbation croissante de jour en jour.

Aussi désespérante soit-elle cette révolution presque anachronique nous met au grand jour le goût immodéré de certains au grand écart comme le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud el Faysal et le premier ministre de Gaza Ismaïl Haniyeh devenus soudainement épris de liberté. Quand le premier avec une autorité qui doit lui être familière, exige un «transfert du pouvoir de gré ou de force», le second oublieux du passé, contre toute attente, applaudit la ferveur des opposants syriens devant ses partisans qui scandent : "Dégage Bachar, espèce de boucher, ni Hezbollah, ni Iran, Syrie islamique !".  

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