La mutation actuelle des questions de sécurité publique est beaucoup plus profonde qu’on ne le pense, et touche à l’organisation même du lien social. Son étude constitue pour nos sociétés un enjeu de prix.

Les travaux  du commandant Matelly – docteur en sociologie-politique – chercheur sur la sociologie, le politique, notamment en tant qu’officier gendarme sur une loi qui concerne la gendarmerie, la police et la défense des libertés et la sécurité des citoyens, sont essentiels. Pourtant, il est menacé de radiation pour avoir publié ses résultats. Le Président Sarkozy doit prochainement rendre sa décision.


Le docteur Matelly procédait à des recherches que les institutions lui avaient demandées, notamment sur l’impact d’un projet de loi de fusion entre la gendarmerie et la police.
Dépassons les clivages traditionnels, replaçons les fonctions de ces forces de l’ordre et de protection dans leurs perspectives citoyennes, et analysons simplement, sans austérité académique.
N’oublions pas, dans notre analyse, les fonctions de contrôle de la circulation des personnes, des marchandises, de l’argent et des informations, qui appellent une organisation centralisée et une forte coopération internationale, la sécurité des personnes et des biens qui réclame une organisation et un fonctionnement plus localisés, et l’émergence d’un marché de la sécurité.

La sociologie

La sociologie étudie l’impact du social sur les façons de penser et façons d’agir humains. Ses objets de recherche sont très variés puisque les sociologues s’intéressent à la fois au travail, à la famille, aux médias, aux rapports hommes-femmes. Si la sociologie reste encore largement une discipline universitaire, de nombreux sociologues sont aujourd’hui employés par des institutions publiques, des collectivités territoriales ou des entreprises privées à fin d’expertise, ce qui souligne l’affinité de cette discipline avec la démarche institutionnelle.

La sociologie renvoie notamment mais pas uniquement, à l’idée de « social ». Ce terme est parfois critiqué pour être dénué de signification et brider la réflexion. Ainsi, l’économiste autrichien Hayek écrivait en 1957 dans ses Essais de philosophie, de science politique et d’économie, que « l’adjectif social est devenu un mot qui ôte à toutes les expressions tout sens clair ». Il critique en particulier la déresponsabilisation induite par l’usage galvaudé du terme «social » , au détriment de la responsabilité des individus libres.
Dans Droit, législation et liberté , il revient sur cette dénonciation du « social », en particulier à travers la critique de la « justice sociale ».
Ce rôle social est particulièrement important pour resserrer les liens en période de ruptures comme celle que nous traversons : ruptures familiales, professionnelles, d’identité, de repères, où beaucoup ne trouvent, pour survivre, que l’anonymat des départs, délocalisations, mutations, ou de la ville, qui contredit la logique d’une société d’interconnaissance.

Le contrôle social s’était déréglé sérieusement au 18ème siècle, au cours d’une période de transformations profondes. Dans le même temps, les mécanismes de contrôle communautaires avaient traversé une crise sérieuse, rongés de l’intérieur par le discrédit  des notables traditionnels qui présidaient aux régulations infra-judiciaires (lire Kaplan).

Le droit justement. Le droit, la loi et la politique


Anciennement, les rois, aussi absolus fussent-ils, recherchaient surtout une symbolique de l’obéissance. Il s’agissait moins de supprimer des libertés que d’assurer une autorité monarchique, surtout lorsque des masses de mécontents devenaient difficiles à contrôler. L’emprise de la justice royale se manifestait alors au moyen de supplices aux éclats répressifs. Cette forme de contrôle et de pénalisation a constitué le nexus de la montée en puissance des hégémonies monarchiques, en inculquant une forme d’obéissance servile par la peur.

Le droit est la traduction d’un projet politique, visant à promouvoir une conception de la société et des relations qui s’y établissent. Le droit, loin d’être moniste, est au contraire très diversifié, aux couleurs de tous les aspects de la société. La jurisprudence d’ailleurs, si elle n’est pas source de droit en règle générale, revêt cependant une importance exceptionnelle par le rôle dominant qu’elle joue dans l’ordonnancement juridique de la société : elle est le droit vivant.

Ainsi, la sociologie et le droit rejoignent le domaine politique au sens étymologique du terme. Ils sont des phénomènes vivants, mieux, des phénomènes de vie. Il est essentiel de souligner la finalité sociale, sociétale, et motrice du droit et des lois.

A l’aube de 2010 où chacun va être amené à réfléchir sur des débats éthiques, économiques, sociaux, dont celui de l’identité nationale, donc à une réflexion sur l’idée de nation, de société, de citoyens, du rôle et des responsabilités de chacun, voici un texte pour ceux que des recherches dans cette direction citoyenne intéressent, qui permet de réfléchir sur notre place, en tant que citoyen, dans cette évolution, au sein de ces structures mutantes, dans une nation qui cherche à se retrouver.

« Par rapport à l’existence individualiste de ruraux, d’artisans, de commerçants, de rentiers, qui depuis tant de siècles avait été celle de nos pères, les français d’aujourdhui se voient contraints, non sans quelque peine, à une vie mécanisée et agglomérée. Aux usines, ateliers, chantiers, magasins, le travail exige des gestes uniformément réglés, dans d’immuables engrenages, avec les mêmes compagnons. Point d’imprévu dans les bureaux, où l’on ne change ni de sujets ni de voisins, suivant les lignes sans fantaisie d’un plan où les schémas d’un ordinateur. N’étaient les aléas que comportent les intempéries, l’agriculture n’est plus que la mise en œuvre d’un appareillage automatique et motorisé en vue de productions étroitement normalisées. Quant au commerce, il s’installe en marchés-type, rayons de série, publicité autoritaire. Le logement de chacun est une alvéole quelconque dans un ensemble indifférent. C’est une foule grise et anonyme que déplacent les transports en commun, et nul ne roule ni ne marche dans une rue sans s’y trouver encastré dans des files et commandé par des signaux. Le loisirs mêmes, sont, à présent, collectifs et réglementés: repas rationnellement distribués dans des cantines; acclamations à l’unisson dans les enceintes des stades sportifs; congés qui se passent sur des sites encombrés, parmi des visiteurs, campeurs, baigneurs, alignés; détente du jour et de la nuit, chronométrée pour les familles dans d’homothétiques appartements où toutes, avant de s’endormir, voient et entendent simultanément le mêmes émissions des mêmes ondes. Il s’agit là d’une force des choses, dont je sais qu’elle est pesante à notre peuple plus qu’à aucun autre en raison de sa nature et de ses antécédents et dont je sens que, par une addition soudaine d’irritations, elle risque de le jeter un jour dans quelque crise irraisonnée.

Charles de Gaulle Mémoire d’espoir, tome II p.115 Plon 1970.

On pourrait peut-être appliquer à De Gaulle cette prophétie de Balzac : « le grand homme qui nous sauvera du naufrage vers lequel nous courons se servira sans doute de l’individualisme pour refaire la nation ».

Pour ma part, j’entend par individualisme moderne, la conscience citoyenne, non formatée, non dirigée, non moulée, mais responsable, éveillée, éclairée, constructive.

C’est la liberté de pensée, de recherche, la liberté d’expression, l’un des principaux, et j’espère encore, inaliénables, Droits de l’Homme, comme l’avait voulue la Déclaration univeselle des Droits de l’Homme ET du citoyen.

Isabelle Voidey
Simple citoyenne.

 

Pour aller plus loin. Le cas Matelly, atteinte aux droits de l’Homme, nous sommes tous concernés : 

http://osezdevenir.wordpress.com

http://osezdevenir.blog.lemonde.fr

 

http://infauxrmation-decalee.blogs.letelegramme.com