Les lecteurs de Come4News se souviennent de l’affaire des fonds de placement Doubl’Ô de la Caisse d’Épargne qui a fait l’objet de plusieurs articles publiés sur ce site.
Cette affaire connaît depuis le 6 juillet 2010 de nouveaux développements spectaculaires.
En novembre 2009, Laurent Mauduit a livré dans les colonnes de Mediapart une considérable enquête démontrant les errements qui ont caractérisé la stratégie et la tactique de la Caisse d’Épargne et apportant son lot de révélations stupéfiantes au sujet des pratiques d’un organisme pas tout à fait comme les autres, celui-là même auquel la loi assigne une mission historique (de nouveau réaffirmée par la loi de réforme du 25 juin 1999) : « … le réseau des Caisses d’Épargne contribue à la protection de l’épargne populaire … ».
Cette enquête visait à présenter aux lecteurs l’offre de preuve qui avait été compilée en vue d’être produite aux audiences initialement prévues du 24 au 27 novembre et relatives aux 11 plaintes que la Caisse d’Épargne avait déposées à l’encontre de Mediapart, avant de se raviser, devenue BPCE, et de les retirer in extremis.
Un autre domaine, tout aussi contradictoire avec la mission officielle de la Caisse d’Épargne, est celui des produits financiers qu’elle a construits via sa filiale Écureuil Gestion et commercialisés dans son réseau. Nombre d’entre eux ont défrayé la chronique, mais la famille de Fonds Communs de Placement Doubl’Ô y tient une place particulière en raison de son résultat, qui peut se résumer ainsi :
six Doubl’Ô, six années, six échecs, systématiques.
La presse conventionnelle, écrite et parlée, a donné un assez large écho à cette affaire, plus spécifiquement au cours du second semestre 2008. Mais depuis, Jusqu’à ces derniers jours, une chape de plomb semblait l’avoir recouverte ; peut-être le sixième volet de l’enquête de Laurent Mauduit (« Quand l’Écureuil se rêve en patron de presse »), paru le 18 novembre 2009 donne-t-il la clé de ce silence.
Or, l’affaire est relancée dans les médias depuis le 6 juillet 2010, date à laquelle l’information a filtré selon laquelle la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) avait adressé au Parquet de Paris un rapport dans lequel elle estime qu’il « convient de retenir la responsabilité de la banque pour pratique commerciale trompeuse », c’est-à-dire publicité mensongère. Quelques jours plus tard, un juge de Saint-Etienne mettait en examen la Caisse d’Épargne Loire-Drôme-Ardèche pour le même motif.
Cependant, ces informations sont souvent assorties de commentaires approximatifs relatifs aux fonds de placement Doubl’Ô visés par ce rapport et par le procès verbal d’infraction qui l’accompagne. On peut trouver tous les détails les concernant sur le site du Collectif Lagardère contre les Abus Bancaires (CLAB). Les lecteurs intéressés par cette affaire trouveront dans ces colonnes, à partir de demain, une série d’articles qui synthétisent la genèse de cette affaire.
Le premier volet rappellera l’historique des FCP de la famille Doubl’Ô.
Le deuxième révélera dans quelles conditions ils ont été commercialisés par le réseau des Caisses d’Épargne.
Le troisième démontera le mécanisme intime des fonds garantis à formule et le quatrième décrira les réactions suscitées par le fiasco.
Le cinquième analysera les rouages de la médiation institutionnelle et le sixième traitera le cas spécifique de l’Autorité des Marchés Financiers.
Le septième, enfin, fera le point sur les développements judiciaires en cours pour l’affaire Doubl’Ô, à Paris et ailleurs.