Comme avoué à voix basse dans mon précédent article consacré au safran, le dimanche je pratique le zapping….et, je suis tombée sur les infos, forcément, et sur les images des manifs pro ou contre le mariage pour tous.

 

Je ne souhaite pas revenir sur le sujet, on le trouve sur la toile, sur le papier, derrière nos écrans ,dans le train, entre deux caddies au supermarché, et chacun y va de sa véhémence pour essayer d’imposer son point de vue.

 

L’interview sauvage que j’ai vue à la télé hier m’a rappelé le sujet de mon mémoire de droit de cinquième année (Si si, on peut être caissière et avoir fait un master 2 de droit public, comme quoi Fanfan, vaut mieux essayer de trouver un job dans le "Beau", c’est à dire des métiers manuels, que de se faire des illusions!!).

 

Une dame parlait de ces manifestations populaires contre le mariage gay en utilisant les termes suivants : "résistance passive"…. Dans la mesure où mon mémoire portait sur la désobéissance civile dans le constitutionnalisme américain, ces termes m’évoquent vaguement des ouvrages que je dus lire pour étayer mon sujet.

 

Alors aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une oeuvre (car elle ne se résume pas à un seul livre, mais à une succession d’écrits suivant toujours la même ligne directrice) , celle d’Howard Zinn, un professeur, historien et écrivain américain.

Ainsi, dans "Une histoire populaire des Etats-Unis" ou "Nous , le peuple américain", cet auteur audacieux, qui préfère retourner aux sources et mettre en avant les témoignages des principaux protagonistes (les gens du peuple) qui ont réussi par leurs actes à faire abroger des lois iniques et contraires à la Constitution défendue par la Cour Suprême plutôt que de suivre les sentiers battus et faire l’apologie de personnalités qui ,connues pour avoir fait des exploits n’ont en fin de compte accompli que des désastres, met en avant le caractère fondamentalement démocratique du système américain.

 

La démocratie, c’est, sans vous faire un cours de droit, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle est règlementée par un acte de base, la Constitution, de laquelle vont dériver des lois qui devront être conformes à ses articles, écrits pensés et négociés par les pères fondateurs, c’est à dire les pionniers d’un Etat ou d’une fédération d’Etats voulant la liberté et l’harmonie.

 

Howard Zinn met en avant la subtilité du constitutionnalisme américain. Parce que le pouvoir vient du peuple, et que les lois ne sont votées que par une poignée de représentants pas nécessairement représentatifs de la population, la Cour Suprême américaine endosse, en même temps que la casquette de Cour de Cassation, celle de la Cour Constitutionnelle, c’est à dire que les membres du jury populaire peuvent faire abroger une loi considérée comme non conforme à la Consitution lors d’un procès pour violation de la loi. En France, il y a la Cour de cassation et La cour constitutionnelle, deux procédures bien distinctes qui mettent des obstacles à l’expression populaire.

 

L’auteur américain revient sur tous les évènements, anecdotes, ou discours pacifiques , voire actes illégaux (comme le fait de faire brûler un drapeau américain pour exprimer son désaccord avec la décision d’envoyer des troupes US à la guerre) , qui ont fait que le peuple américain, ou en tous les cas son fonctionnement (en théorie je l’avoue), est son propre président. Invoquant le premier amendement qui prône la liberté d’expression sans toutefois en donner une définition définitive, chaque américain, s’il agit de manière pacifique, non violente , et surtout dirigée contre une loi abusive!

 

Je vous invite à lire au moins un de ses nombreux ouvrages, forts de culture, de témoignages, de recherche, de vérité ,cet auteur ,qui vous raconte les atrocités subies par les indiens à l’abordage de Christophe Colomb, les peines et douleurs, le blues chantés avec tant de passion et de folie par les noirs américains, mais apaisés  par le discours de MLK "I have a dream", les mouvements des femmes pour l’égalité alors que les prêtres , ces hommes d’Eglise, psalmodiaient que les femmes ne devaient pas porter de pantalons parce que voire leurs membres inférieurs leur ôtait tout féerisme,pour vous faire une idée de ce qu’est un véritable retournement de situation légale ailleurs qu’en France où l’on va prétendre que la résistance passive est notre meilleure arme pour laisser parler le peuple…

 

Je sais ce que certains pensent… Le permis de port d’arme est aussi un partie intégrante de la Constitution US… Parce que cet acte originel dicte au patriarche de défendre sa patrie et sa famille par tous moyens , beaucoup d’américains possèdent des armes à feu chez eux et en usent pour de mauvaises raisons. La Constitution, si l’on tente une comparaison un tant soit peu douteuse, c’est un peu une religion. Ses versets sont suffisamment libres d’interprétation pour que chacun puisse y trouver une excuse pour étayer sa propre turpitude.

 

Madame, vous qui avez utilisé ces termes de "résistance passive", renseignez vous sur ce que vous ne connaissez pas… En France , on ne renverse pas les lois comme ailleurs… Il nous a fallu quelques bains de sang pour nous émanciper… Les dernières tentatives n’ont rien donné…Qui plus est, cette forme d’expression populaire se retourne en général contre des lois déjà adoptées alors que là… et puis, elles sont anticonstitutionnelles ces lois… Les nôtres , celles de notre déclaration des droits ne stipulent en rien le droit ou le non droit à l’homosexualité…

 

Pour finir , la séparation de l’Eglise et de l’Etat date de 1905, le code pénal lui, de Napoléon…1804, si mes souvenirs restent intacts…  Alors, si les arguments pour l’un et l’autre camps sont religieux ou personnels, parce que nous évoluons aujourd’hui dans une société individualiste, ils n’ont dans les deux cas, aucun fondement.Et quoi qu’il sera décidé , quoi que nous fassions, l’évidence est la suivante…Nous sommes dans une démocratie représentative, et nous sommes muselés…à moins que… A suivre …