La république de Chine, suite,

la république populaire de Mao Zedong.

 

La décennie de Nankin désigne la période durant laquelle le Kuomintang affermit son contrôle sur la «première République» et doit affronter les débuts de la guerre civile contre les communistes. Elle commence en avril 1927, quand Nankin est décrétée capitale par le Kuomintang. Elle se termine avec la seconde guerre sino-japonaise, quand le gouvernement chinois est temporairement transféré à Chongqing, la prise de Nankin par les Japonais en décembre 1937 et le massacre de sa population en marquant sa fin symbolique.

 

L’organisation de la défense des concessions à Shanghaï. Un détachement de fusillés marins se rend au consulat de France. Extrait de l’illustration du 26 février 1927.

Le 18 avril 1927, immédiatement après la rupture sanglante avec les communistes, le gouvernement du Kuomintang dirigé par Tchang Kaï-chek s’installe à Nankin, qu’il décrète nouvelle capitale du pays. L’expédition du nord, chargée de pacifier et d’unifier le pays, est encore en cours. Pendant quelques mois, trois gouvernements se disputent la légitimité en Chine, celui de Tchang Kaï-chek à Nankin, celui de Wang Jingwei à Wuhan, et celui du seigneur de la guerre Zhang Zuolin, qui s’est auto-proclamé chef de l’État à Pékin. Le gouvernement de Wang Jingwei, faute de moyens financiers et militaires, se disloque dès le mois de septembre et Wang se rallie à la faction de Tchang. Ce dernier, le temps de terminer l’expédition du nord, laisse la tête du parti à son allié Hu Hanmin, et la tête du gouvernement à Tan Yankai, un allié de Wang Jingwei. L’assaut final est donné début 1928 contre les troupes de la clique du Fengtian. Le 3 juin, Zhang Zuolin fuit Pékin, il est tué le lendemain dans un attentat organisé par ses alliés Japonais.

Les pays étrangers reconnaissent alors Nankin comme capitale de la Chine et son gouvernement comme l’autorité légitime du pays.

 

800px-flag_of_the_republic_of_chinasvg.1258478288.pngUn nouveau drapeau national chinois, orné de l’emblème du Kuomintang, remplace le drapeau à cinq couleurs.

Les seigneurs de la guerre contrôlent encore certaines zones, et Tchang Kaï-chek apparaît maitre du jeu. Courant 1928, il reprend officiellement son poste de chef de l’État, qu’il cumulera en 1930 avec celui de chef du gouvernement. Le 29 décembre 1928, Zhang Xueliang, fils de Zhang Zuolin, annonce le ralliement de ses troupes au gouvernement de Nankin, évènement désigné sous le nom de réunification chinoise.

Le gouvernement du Kuomintang adopte une constitution provisoire et annonce un programme de reconstruction économique et de réformes sociales. Le gouvernement modernise les systèmes légaux et pénaux, stabilise les prix, tente de résorber la dette, et reforme le système bancaire, améliore l’infrastructure ferroviaire et routière et les équipements de santé publique, légifère contre le trafic de stupéfiants et augmente la productivité industrielle et agricole. Des progrès sont également faits dans l’éducation, et dans le but d’unifier la société Chinoise, un programme pour promouvoir la langue nationale et limiter ses variations dialectales est lancé. Son objectif est la reconquête des droits de souveraineté et les pressions étrangères sur la Chine sont modérées par la diplomatie.

Le gouvernement de Nankin dénonce les traités inégaux qui arrivent à échéance et les puissances étrangères restituent les deux tiers des concessions tout en gardant les plus importantes. La Chine retrouve l’autonomie de ses ports. Le gouvernement nationaliste connaît cependant trois échecs majeurs, en matière agricole, les réformes agraires prévues dans le programme du Kuomintang ne sont pas appliquées, en matière économique le gouvernement de Nankin n’arrive pas à établir son budget, en matière de démocratie, aucun progrès n’est fait et Tchang Kaï-chek, non élu, et tirant sa légitimité de son statut de chef militaire, pratique une politique de plus en plus autocratique.

En mars 1929, une partie des dirigeants militaires ralliés au Kuomintang, parmi lesquels Li Zongren et Bai Chongxi, s’opposent au programme de Tchang Kaï-chek qui risque d’aboutir à une diminution de leur influence. Li Zongren s’allie à Wang Jingwei, puis aux chefs militaires Yan Xishan et Feng Yuxiang. De mai à novembre 1930, les factions s’affrontent militairement dans l’épisode dit de la Guerre des plaines centrales.

La Guerre des plaines centrales est une guerre civile qui se déroula en 1930 et opposa la faction du Kuomintang dirigée par Tchang Kaï-chek à la faction adverse, elle-même alliée à des seigneurs de la guerre. Elle se déroula en parallèle à la guerre civile entre nationalistes et communistes, qui avait débuté en 1927.

Tchang Kaï-chek remportant la victoire, le conflit aboutit à ruiner quasiment le gouvernement de Nankin, tout en affaiblissant considérablement la défense de la Mandchourie du fait des déplacements de troupes. En février 1931, à la suite d’un désaccord sur le projet de constitution, Tchang Kaï-chek fait arrêter Hu Hanmin, président du comité central du Kuomintang. Sous la pression de l’appareil du parti, il doit bientôt le faire libérer. Hu Hanmin se réfugie dans son fief du sud de la Chine et organise sa propre faction, dénonçant la dictature de Tchang et demande sa démission. Le parti semble à nouveau au bord de la rupture violente.

Mais le parti est forcé de s’unir à nouveau en septembre 1931, quand le Japon envahit la Mandchourie, la défaite militaire des troupes chinoises conduit Tchang Kaï-chek à démissionner en décembre de la présidence de la République, assumée ensuite par Lin Sen. Tchang Kaï-chek demeure néanmoins le chef de l’Armée nationale révolutionnaire et son influence reste prépondérante au sein du Kuomintang. Il continue de résider dans le palais présidentiel. Les heurts à Shanghai entre les troupes chinoises et japonaises, au début 1932, confortent sa position, en le faisant apparaître comme un chef militaire indispensable face à la menace japonaise. En 1933 et 1935, il évince son rival Wang Jingwei, qu’il remplace successivement comme chef officiel du Kuomintang, puis chef du gouvernement, étant de facto le véritable dirigeant de l’autorité centrale chinoise.

Dans la première partie de sa vie politique, Mao Zedong a été influencé par le Mouvement du 4 mai 1919, le rejet de la culture classique, de l’impérialisme et l’apport d’idées socialistes. En 1927, Mao conduisit le soulèvement de la récolte d’automne à Changsha, dans la province du Hunan, en tant que commandant en chef. Mao était à la tête d’une armée, appelée «l’armée révolutionnaire des travailleurs et des paysans», mais fut vaincu et isolé après des batailles violentes. Ensuite, ses troupes épuisées furent forcées de quitter la province du Hunan pour le village de de Sanwan, situé dans les montagnes du Jinggang Shan dans la province du Jiangxi, où Mao réorganisa ses forces. Mao demanda aussi que chaque compagnie ait une cellule du parti avec un commissaire qui puisse donner des instructions politiques sur la base d’instructions supérieures. Ce réarrangement militaire initia le contrôle absolu du PCC sur ses forces militaires et a été considéré comme ayant eu l’impact le plus fondamental sur la révolution chinoise. Ultérieurement, Mao déplaça plusieurs fois son quartier général dans les Jinggang Shan. Dans ces montagnes du Jinggang Shan, Mao persuada deux chefs rebelles locaux de se soumettre. Mao fut rejoint par l’armée de Zhu De, créant ainsi «l’armée rouge des travailleurs et des paysans de Chine», mieux connue sous le nom d’Armée rouge Chinoise.

De 1931 à 1934, Mao établit la République soviétique Chinoise du Jiangxi et fut élu président de cette petite république dans les régions montagneuses du Jiangxi. C’est là qu’il se maria avec He Zizhen, sa précédente épouse Yang Kaihui avait été arrêtée et exécutée en 1930.

La République soviétique Chinoise parfois confondue avec le Soviet du Jiangxi, et désignée du nom de République soviétique Chinoise du Jiangxi, partie la plus importante de son territoire, exista de 1931 à 1937 avec le soutien de Moscou et sous la présidence de Mao Zedong.

Cet état, composé de plusieurs régions «rouges» éparpillées au cœur du pays, avait pour base centrale celle où opérait Mao Zedong, Jiangxi et Fujian «rouges», qui couvrait quelques 50 000 km² pour 3,5 millions d’habitants. Le centre du PCC se déplaça de Shanghaï à Ruijin, et avec lui Zhou Enlai, qui vint prendre ses fonctions de chef du parti en décembre 1931. Zhou Enlai organisa l’état sur le modèle soviétique. Poursuivant son combat contre les communistes Tchang Kai-chek lance ses troupes et encercle la république soviétique Chinoise ce qui entraîne l’année suivante la fin du bastion communiste et contraint ses dirigeants à entamer la Longue Marche, pour se réfugier au Shaanxi.

La Longue Marche, parfois appelée «La Marche de dix mille li» ou «de vingt-cinq mille li», est un périple de plus d’un an, mené par l’Armée rouge Chinoise et une partie de l’appareil du Parti communiste Chinois pour échapper à l’Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang de Tchang Kaï-chek durant la Guerre civile Chinoise. C’est durant cette marche que Mao Zedong s’affirme comme le chef des communistes Chinois. Commencée en octobre 1934, la Longue Marche prit fin le 19 octobre 1935 et coûta la vie à entre 90 000 à 100 000 hommes rien qu’au sein des troupes communistes.

 

La longue marche.

450px-chinese_civil_war_map_03-la-longue-marche.1258490347.jpg

La longue marche fut une épreuve terrible comme ici à l’ascension des Monts Chia Chin, 130.000 hommes au départ, 30.000 à l’arrivée 

img005.1258491015.jpg

 

Après plusieurs mois de marche vers l’ouest, talonnée et harcelée par le Kuomintang, l’Armée rouge est épuisée. Mao Zedong, en position de faiblesse vis-à-vis de ses pairs, à cause de ses bévues stratégiques liées à son désir de reprendre le pouvoir au sein du parti, a cherché une façon de reprendre les rênes du commandement militaire. C’est dans ces conditions qu’a lieu une réunion à Zunyi dans la province du Guizhou, du 6 au 8 janvier 1935. Cette réunion fait passer pour la première fois Mao Zedong sur le devant de la scène et il est décidé de le mettre à la tête du PCC, parti communiste Chinois. Mao refuse de rejoindre le contingent armé du Nord, plus nombreux et dirigé par un chef charismatique (qui ?) qui menacerait son fragile regain d’autorité. C’est ainsi qu’il fait tourner en rond ses troupes dans le Sichuan, décidant aussi d’attaquer des seigneurs de guerre locaux, attaques inutiles et coûteuses en vies humaines. Il cherche à temporiser la jonction, nécessaire mais menaçante pour lui.

Finalement, il doit se résoudre à la jonction. La décision de rejoindre la région du Shaanxi est prise par Mao, mais elle ne fait pas l’unanimité. Des hommes comme Zhang Guotao s’y opposent et préfèrent s’établir sur la frontière de l’Union soviétique. C’est finalement Mao Zedong qui a le dernier mot. L’Armée rouge pénètre ensuite dans des régions non chinoises, très hostiles à une telle incursion étrangère. Ils sont alors non seulement harcelés par les troupes du Kuomintang, mais aussi par des groupes armés locaux, qui leur tendent des embuscades. La géographie du terrain est aussi difficile et ils doivent traverser des fleuves, des montagnes, tout en continuant à se battre. En juillet 1935 ils effectuent la jonction avec l’armée du quatrième front venue de la province du Henan. Suites à des dissensions au sujet du trajet à emprunter, ils se séparent. Les troupes de Mao Zedong traversent plusieurs marécages et subissent plusieurs embuscades des Tibétains et des Hui, des musulmans chinois. Et enfin, en octobre, ils atteignent la région du Shaanxi et leurs zones communistes comme Wuqi, Bao’an et Yan’an. En définitive, après une marche d’environ 12 000 kilomètres, la traversée de onze provinces, ils ne seront que 20 000 à 30 000 à arriver en vie.

La Longue Marche reste un des symboles les plus importants de l’histoire de la lutte communiste Chinoise. De nombreux responsables politiques du PCC ont participé à la Longue Marche. Ces derniers ont transformé une défaite en une victoire et en un symbole de la résistance contre les troupes du Kuomintang.

La Longue Marche a été également l’occasion pour le PCC de diffuser son idéologie révolutionnaire. Cependant, il est important d’évaluer la grande part de déformation des faits utilisée à des fins de propagande en premier lieu, il est faux de prétendre que le Kuomintang ait été une menace permanente pour les troupes communistes, n’oublions pas que le Kremlin, menacé potentiellement par le Japon, misait tout sur une coopération entre communistes et nationalistes. Le Kuomintang aurait donc sciemment laissé passer les troupes communistes. Le Kuomintang, qui disposait d’avions, aurait pu procéder à de nombreux bombardements des troupes communistes, qui n’ont jamais eu lieu. D’autre part, les communistes, notamment sous l’impulsion de Mao, se livraient en premier lieu au pillage, et non à une politique de redistribution des terres. Mao lui-même était largement impopulaire au sein de ses propres troupes auxquelles il avait fait subir de nombreuses pertes inutiles et il était généralement invisible pour elles, cloîtré dans une chaise à porteurs. Les inégalités de traitement étaient flagrantes entre les simples soldats et les dirigeants communistes de l’époque. Souvent comparé à l’Anabase par analogie aux dix mille, apparaissant comme une grandiose épopée, elle fait aujourd’hui le sujet de maints récits et représentations graphiques populaires.

 

La guerre sino-japonaise 1934-1945.

Le Japon entre en guerre contre les troupes Chinoises en 1937 et s’empare de Pékin. Tchang Kaï-chek se réfugie à Hankou après avoir fui Nankin. Les Japonais débarquent à Shangaï, Tchang Kaï-chek entre dans la résistance aux coté des communistes. La guérilla s’organise, les Japonais sont stoppés. Mais Hankou tombe entre leurs mains. Tchang Kaî-chek se réfugie à Chongqin 1938, qui sera sa capitale pendant sept ans. L’armée populaire communiste gagne au Hanan, au Shandong et au Zhejiang. Le mordant de ses troupes s’affirme tandis que celui des forces nationalistes s’effrite. Le gouvernement de Chongqin est affaiblit par les intrigues. Les États-Unis soutiennent la Chine en envoyant des missions militaires. Le Japon capitule le 14 août 1945. La guerre civile entre les nationalistes et les communistes ainsi que la pacification du nord reprennent.

L’entrevue de Chongqong en août 1945 entre Mao Zedong et Tchang Kaï-chek ne donna aucun résultat.

img006.1258552419.jpg

Un gouvernement populaire du Nord Est se constitue bientôt suivit par un autre en Chine du Nord. La partie est perdue pour Tchang Kaï-chek, et le 8 écembre1949, il se réfugie dans l’île de Formose, Taïwan.

 

La république populaire de Mao Zedong

Le premier octobre 1949 le parti communiste Chinois sous la direction de Mao Zedong au balcon de la citée interdite, Mao Zedong proclame l’avènement de la République populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l’invasion japonaise et la Longue Marche, le Kuomintang s’étant exilé à Formose.

Mao Zedong se rend à Moscou ou Staline l’accueille fraîchement craignant de perdre son influence en Chine. Un traité d’alliance est d’amitié est néanmoins signé entre la Chine et l’URSS. La guerre de Corée ayant éclaté, 300.000 volontaires Chinois y sont envoyés. A l’intérieur le nouveau gouvernement doit lutter contre la corruption, le gaspillage, la bureaucratie etc… A cette période succède une phase, 1953 à 1957 ou la Chine populaire accroît son rôle extérieur.

 

En 1949 la population de Nankin observe les soldats de l’armée rouge venus du nord

img008.1258570921.jpg

Le prochain article sera la république populaire de Chine

4 réflexions sur « La république de Chine, suite, »

  1. Ce qui est génial c’est que vos articles sont tellement enrichis d’informations que l’on ne sait plus quoi écrire dans nos commentaires… ;D

    [b]Amitiés,

    Benjamin[/b]

  2. [b]Benjamin[/b] bonjour,

    Vous êtes très gentil. En fait cette histoire de la Chine sur la toile apparait une première et nous verrons bien l’impact qu’elle aura. Pour le moment elle ne prend pas, je crois que l’on préfère de la polémique people, c’est plus rigolo.

    Bien à vous,

    Anido

Les commentaires sont fermés.