La Reine de Glace au pays du Matin Calme


La Corée du Sud se place progressivement, année après année, sur le devant de la scène internationale. Récemment, elle avait fait la une des médias français avec sa vague de chanteurs et chanteuses de K-Pop, touchant nos adolescents en pleine crise de puberté, sans oublier Psy avec son milliard passé de vues sur Youtube, vidéothèque mondiale de notre culture numérisée. La Corée du Sud, ce petit état 5 fois plus petit que la France, par le biais de l’entertainment, se taille une vitrine jeune et dynamique. Il serait bien réducteur de réduire cette nation au statut de vendeur de disques, elle est tout de même la 12ème puissance économique mondiale possédant de nombreux atouts, notamment dans le développement technologique, Samsung en tête. 


Depuis quelques semaines, les rênes de la Corée sont tenus par un nouveau chef d’Etat, une femme bien connue des coréens, fille d’un ancien dictateur, Park Geun Hye, gentiment surnommée la Reine de Glace par ses détracteurs. Qui est donc cette femme sortie victorieuse des urnes ce mercredi 19 décembre, après une bataille électorale sans grand éclat, sans joute verbale ? Park, née en 1952 à Daegu, est la fille du despotique Park Chung Hee. Il a dirigé ce pays d’une main de fer suite au coup d’Etat du 16 mai 1961, durcissant le ton, déportant les étudiants opposés au régime, pour finir par installer une dictature de 1968 à 1979. Une époque d’autoritarisme abrégée par son assassinat en 1979 par son propre chef des services secrets. 


Park Geun Hee a également perdu sa mère dans le sang, elle fut tuée par un militant communiste zélé, adorateur de la partie septentrionale de la péninsule. Autre cas particulier dans la famille, le frère, bien connu des services de police pour ses multiples arrestations pour consommation et possession de drogue. Aujourd’hui, il est à la tête d’un grand groupe industriel, tout comme sa soeur, PDG de la Yookyung Foundation. Une famille bien lourde à porter et qui aurait pu lui porter préjudice, pourtant ce ne fut pas le cas. Son père, bien que dictatorial, jouit d’une incroyable popularité depuis la crise de 1997, il incarne dans l’opinion public celui qui a su donner un coup de fouet à l’économie suite à la guerre de 1950-1953. 


Depuis longtemps elle a fut associée à son père. En 1974, quand sa mère est décédée, elle dut mettre un terme à ses études en France, revenir promptement pour revêtir le rôle de Première Dame de Corée. Quand la dictature prit fin, elle disparut du champ politique, entre 1979 et 1998. Elle consacre une partie de son temps aux études afin d’obtenir un doctorat en culture chinoise et un diplôme en génie électrique. En 1998, elle fait un retour victorieux en obtenant un poste de député à la Gukhoe, l’assemblée nationale de Corée. Son ascension est rapide, elle devient présidente du Grand Parti National, le parti conservateur. A ce poste, elle se rôde à l’appareil politique, séduit les électeurs avec des lois populaires et n’hésite pas à braver les foules lors de meetings. Des rencontres dangereuses parfois, comme en 2006 lorsqu’elle se fit taillader le visage, provoquant un élan de sympathie pour cette femme meurtrie. 

 

Park se veut moderne et libre, cela se constate dans sa vie privée. Elle ne s’est pas mariée, n’a pas eu d’enfant et se dit indépendante de toutes églises qu’il soit, pourtant puissantes en Corée. Avec Park à leur tête, les coréens ont fait le choix de la sécurité, plus que de l’espoir, ils se sont sentis rassurés par ses promesses de campagne. Diminuer le pouvoir des trusts, ces gros regroupements financiers vampirisant tous les bénéfices en dépit des petites PME et augmenter les aides sociales. Avec plus de 51%, elle a su se démarquer de son rival socialiste, Moon Jae In, opposant historique de son père, 

 

Même si elle ne prendra ses fonctions qu’en février 2013, elle aura du pain sur la planche. Entre autre, une tâche commune à beaucoup d’autres chefs d’état, réduire la différence entre les plus riches et les plus pauvres, nettoyer la classe politique de ses plus verruleux protagonistes, détartrer les marchés opaques et renouer avec la Corée du Nord, une mission quasi-impossible, mais souhaitons lui bonne chance.