La rage au ventre

Réalisateur : Antoine Fuqua

Date de sortie : 22 juillet 2015

Pays : USA

Genre : Drame, Thriller, Sport

Durée : 124 minutes

Budget : 30 millions de dollars

Récompense :

Casting : Jake Gyllenhaal (Billy Hope), Rachel MacAdams (Maureen Hope), Forest Whitaker (Titus Willis)

 

Avec un titre de cette envergure, on s’attend à un film violent, puissant, un truc qui prend aux tripes. On nous vend quelque chose digne de nous transporter et de nous clouer sur place. Le nouveau film du très prolifique Antoine Fuqua (quasiment un film par an), remplit à merveille les promesses d’une telle accroche. Il ne s’agit pas d’un banal film de boxe avec des coups de poings dans la figure, mais plutôt d’un film sur un père, sa fille et sa détermination à vouloir exercer sa paternité. 

 

Billy Hope, champion du monde boxe, mène la vie dure à ses adversaires. Invaincu, il règne sur le ring. En guise d’ouverture, un nouveau titre de champion de monde acquis allègrement. Tout semble aller pour le mieux dans cette vie pleine d’excès, de luxe et de gloire. Être au sommet, cela nourrit la jalousie et la convoitise notamment celle de Miguel Escobar, son rival latino, dont le rêve est de faire tomber Billy de son piédestal en lui infligeant sa première défaite. L’antagonisme entre les deux boxeurs va très loin, trop loin. Un soir lors d’un gala de charité, la situation dégénère, le ton hausse, des tirs partent. Les cris et les pleurs. La femme de Billy meurt, une malheureuse balle perdue. Le boxeur entame sa descente aux enfers, seul, séparé de tous. Tout l’intérêt du film est de suivre le façon dont il remonte la pente et récupère la garde de sa fille.

 

Le scénario ne brille pas par son originalité, on est clairement en terrain connu. L’histoire du personnage au sommet de sa gloire, au galop, rien ni personne ne peut l’arrêter, vivant dans une grande maison, gaspillant son argent, au bras d’une jolie femme, père d’une fille intelligente et aimante. Son défaut, être trop impliqué dans son sport, une forme d’égoïsme aiguë. Ce manque d’inventivité se démontre premièrement dans le choix des noms, Escobar pour un latino c’est un peu faible, puis Billy Hope pour un homme qui n’a plus que l’espoir pour rebondir c’est téléphoné. Sa chute est un concentré de clichés : mort, alcool, trahison, drogue, dépression, fisc et services sociaux, les écueils et les plaies sont nombreuses. L’homme synonyme de rédemption est incarné par Forest Whitacker, lui aussi un stéréotype, ancienne star déchue de la boxe œuvrant désormais dans un petit club de quartier défavorisé, voyant dans Billy ce qu’il était plus jeune. Leur rencontre est l’occasion de revenir aux valeurs fondamentales du sport, perdues depuis qu’il avait atteint les cimes de la compétition. Sans surprise, Fuqua choisit du rap pour sonorisé son film! Dommage, ça aurait eu tellement plus d’élégance un match de boxe sur de la musique classique et aurait démontré plus d’audace.

 

Malgré ce manque d’originalité, le film séduit. Les émotions frappent droit dans le coeur, La rage dans le ventre nous inflige un uppercut passionnel et les larmes coulent le long des joues. Pas de douleur mais de tristesse, on ne peut pas rester indifférent au sort de Billy Hope. Cette performance est due au talent inouï de Jake Gillenhaal. Magistral, l’acteur est métamorphosé, ses kilos de muscles supplémentaires lui donnent une stature de dieu grec. Un rôle à Oscar. Les scènes de combat sont filmées à la perfection. En immersion, de près, les coups frôlent la caméra. Les arcades brisées, les gerbes de sang, les impacts déformant le visage, la sueur coulant sur les corps d’athlètes, tout y est. Une vraie réussite même si le chemin est déjà rodé. Ce qui compte ce n’est pas la route mais la façon dont on la parcourt.