De manière générale la presse sénégalaise ne traite pas vraiment l'information, elle relaie conférences de presse et communiqués, sans recul, explications, interprétations ni commentaires.
Accroc au scoop, même douteux, elle néglige le suivi des affaires dans le temps.
Incapable de relier les informations les unes aux autres, elle n'en tire ni enseignements ni lignes directrices.
Manquant cruellement de culture générale, la presse donne souvent l'impression de ne pas savoir de quoi elle parle, ni même de comprendre ce qu'elle relate. Ce qui l'amène régulièrement à reproduire des propos incohérents sans aucun commentaires et la conduit à mettre sur le même plan l'info et la non info bonne pour la poubelle !
Eh oui, il faut un minimum de culture pour comprendre de quoi on parle ! Suffit pas de se dire intellectuel pour en être un !
Ces graves manquements empêchent la presse de proposer une "lecture des évènements" et des pistes de compréhension. Lecture qui nécessite de prendre de la hauteur, or cela semble être contraire à l'attitude de la presse qui privilégie le "plancher des vaches".
Dans ce sens, la presse sénégalaise est peu professionnelle, peu crédible et peu intéressante. Cela ne l'empêche pas quelquefois de débusquer des perles. Par exemple les récents articles sur le financement de la corniche démontrent un fonctionnement de l'organisme gestionnaire du projet pour le moins nébuleux. Même si la première info était partiellement erronée par manque de recoupement, d'étude sérieuse du problème et par recherche frénétique du scoop.
En réalité la presse sénégalaise souffre des maux communs à tous les sénégalais : l'à peu près, l'amateurisme et l'amalgame. La presse ne peut être crue qu'en la lisant avec des "pincettes" et en décriptant les infos par recoupements avec les démentis… Bref un travail de détective.
@ Naome
Bonjour, Maomed, je voudrais savoir si les journalistes sénégalais ne sont pas victimes de cette habitude (que vous dénoncez dans votre article) qui avait été prise lorsque, durant les années « SENGHOR », il n’existait qu’une presse quotidienne d’Etat, une radio d’Etat…, puis, plus tard une télévision d’Etat ?
De plus, les ministères de la Communication, qui se sont succédés au Sénégal, ne sont-ils pas responsable de cette crise majeure dont est victime la presse sénégalaise ?
Par ailleurs, et là je ne parle pas uniquement de la presse privée sénégalaise, n’y-a-t-il pas, dans la presse privée africaine (je pense en particulier à « JEUNE AFRIQUE », une habitude qui consiste, pour tout journaliste, d’être, contre « espèces sonnantes et trébuchantes », le « porteur de stylo à bille » d’un roîtelet prêt à offrir des valises pleines de billets contre un article qui les met en valeur ?
[HORS COMMENTAIRE : Naomed… Dans mon témoignage sur come4news, que je vous remercie d’aller lire et commenter, je parle des journalistes africains et sénégalais présents sur ce site… Deweneti. Amitiés confraternelles. Dominique Dutilloy]
Il s’agit sans doute en partie d’une résurgence de l’époque senghorienne, mais pas uniquement. Au Sénégal les idées politiques, au sens large, sont très relatives et leur importance est largement inférieures à celle de l’argent.
Il y a quelques années, un député PS me disait qu’Arlette Laguiller était une mauvaise politique parce qu’il y a longtemps qu’elle aurait du changer de discours puisque celui ci ne lui permettait pas d’arriver au pouvoir. Ce genre de réaction est typique de la société sénégalaise.
Se rajoute aussi la sacralisation du pouvoir, tout sénégalais (presque) est flatté de cotoyer ceux « d’en haut » et est prêt à presque n’importe quoi pour que dure cette proximité ce qui necessite quelque fois quelques coups de brosse à reluire…
les journalistes senegalais sont à l’image de la société sénégalaise : très prétentieux mais pas très bons, prompts aux déclarations de guerre mais ne la faisant jamais. Bref : frimeurs et hableurs.