Ce samedi, les images défilent sur l'écran, une chaîne de France télévision. Des manifestants de Chine se retrouvent devant des supermarchés carrefour, protestant contre le traitement médiatique en France autour des jeux olympiques de Pékin, encadrés puis dispersés par la police anti-émeute. Une voix "off" en donne le nombre, incertains tant la manipulation est grande dans l'empire du milieu. Puis l'on apprend qu'il en est de même à Paris : des chinois se sont réunis pour protester face au traitement médiatique, qui est fait au pays des droits de l'Homme, concernant la Chine et les JO.
Un homme, chinois, (il n'y a d'ailleurs que des chinois dans la manifestation), brandit un drapeau aux couleurs du pays d'accueil des jeux, et hurle dans un haut parleur que la Chine évoluera, seule, vers une nouvelle forme de démocratie, de ne pas la dénoncer ainsi, mais de lui laisser le temps. Le plan est rapidement coupé, mais c'est un aveux implicite de la mauvaise situation politique, à l'intérieur de l'empire du milieu. Puis les images défilent à nouveau, trop rapidement pour bien saisir ce qu'a été cette manifestation. La caméra s'arrête sur une jeune femme qui répond aux questions d'un journaliste, après plusieurs séquences très courtes, dans lesquelles on peut voir des manifestants brandir leurs drapeaux. Il lui demande en gros ce qu'elle pense des libertés en France. Elle répond du tac au tac, "il y en a trop". Ah bon, vous trouvez qu'il y a trop de liberté en France insiste le journaliste? "Mais oui" confirme-t-elle.
Retour sur le plateau du journal : une journaliste interroge une autre journaliste, chinoise celle-ci. Que pense-t-elle des manifestations? La chinoise explique que tout ce qui est montré en France est partial, que finalement la réalité est au-delà, qu'il ne faut pas se faire une idée si vite. La journaliste française attaque alors sous un autre angle, en lui demandant ce qu'elle pense de cette manifestante qui fustige le "trop" de liberté en France? Pour la journaliste chinoise, ce n'est qu'une réponse individuelle, mais on ne lui laisse pas trop le temps de répondre. Si elle avait joué un peu le jeu en dénonçant le gouvernement chinois, alors peut-être se serait-on attardé. Elle ne le fera pas.
En conséquence elle est accusée de ne pas avoir de liberté pour justement discuter, puisqu'elle est liée à la Chine. Elle réplique alors que dans son métier elle essaye tout simplement d'être objective, sans prendre de parti, qu'elle fait juste des reportages comme tout journaliste doit le faire, mais s'en est visiblement trop pour la journaliste française, qui l'expédie. Merci d'être venue! Mais fermons le ban… aurait-elle pu dire. Le spectateur doit comprendre après tout cela que la petite journaliste chinoise n'est pas une vraie journaliste, elle est chinoise, ce qui est lourd de conséquence. Elle ne peut pas être objective, mais comme dans le pays des droits de l'homme, les journalistes le sont, elle a été invitée quand même, mais vite fait… La journaliste chinoise, avant de partir, veut montrer un maillot aux couleurs des jeux de Pékin, mais encore une fois, le temps lui est compté et elle doit renoncer… La présentatrice passe à une autre information.
Il est évident que personne ne peut accepter certaines facettes de la politique du gouvernement chinois et notamment du parti communiste qui le domine. Mais ce n'est pas suffisant pour que nos journalistes français se comportent comme les journalistes chinois, dont la liberté est bridée. Mais plus personne n'ignore que l'on peut faire ce que l'on veut des images, par des séquences coupées et que dans une manifestation il y a toujours des illuminés, qu'il n'est pas difficile de trouver. Qui ne dit pas de bêtises d'ailleurs, au moins une fois dans sa vie?
Il est évident également qu'en Chine, les informations sont bridées, voire manipulées. Des journalistes ont été emprisonnés à l'occasion des JO, à l'initiative du gouvernement. Ils risquent parfois jusqu'à la peine de mort dans ce pays qui exécute plus que tout autre, faisant en sus payer la balle utilisée à la famille du fusillé. La politique de la Chine n'est pas particulièrement vertueuse non plus, dans son soutien à certains gouvernements, notamment en Afrique, mais cela ne saurait dissimuler que la France en a parfois fait autant. Tout cela doit naturellement être dénoncé mais ne justifie pas que nos journalistes français usent de tels procédés dans notre pays, sensé être libre.
Il s'agissait du journal de France 3, samedi soir vers 23h00.