La Poste : oblitérez tout vert, tarif écopli

Avec les courriels, les prélèvements automatiques qu’on ne peut éviter, le courrier postal se raréfie. Et il semble que La Poste (la société française) s’adapte, en se disant qu’hormis quelques factures à régler, les particuliers n’ont que peu de lettres à expédier. D’où, selon 60 millions de consommateurs, des incitations à vendre surtout des timbres « lettres vertes ». Mais si vous n’êtes pas si pressés de régler vos factures, préférer donc les timbres verts, ceux de l’écopli, les moins chers.  

Lors de l’avant-dernière augmentation des timbres postaux, j’avais acheté 200 timbres verts, les plus lents. Ils sont supposés garantir un acheminement sous un délai « indicatif » de quatre jours. Largement suffisant pour des factures qu’on vous demande de régler quinze jours à l’avance…
Et bien, rien qu’avec les factures et les courriers administratifs (genre impôts), mon stock touche à sa fin. En, quoi ? deux-trois ans, je n’ai eu que deux ou trois lettres de rappel (EDF ou GDF) me signalant que mon règlement avait tardé. Peut-être avais-je traîné pour le poster. Aucune conséquence, j’ai superbement ignoré ces rappels.

Voici que le site 60 millions de consommateurs signale « le timbre rouge acheminé vers la sortie ». C’est un directeur des ventes de La Poste région Rhône-Alpes qui a envoyé un courrier interne selon lequel « l’offre verte doit être vendue en offre de base sans explication. ». Par conséquent, il demande aux bureaux de cesser immédiatement les « commandes des carnets autocollants rouges » et d’alimenter exclusivement les revendeurs externes (débits de tabac, par ex.) en timbres « lettre verte ».

L’oblitération « lettre verte » est censée offrir une garantie indicative d’acheminement indicatif à J+2 (J+1, toujours « indicatif ») pour le timbre de « lettre prioritaire » (timbre rouge, à 0,63 € pour 20 g.). Ce serait plus écologique. Eh bien, soyons-le encore davantage en optant pour le J+4 à 0,56 € contre 0,58 pour le timbre « gris » de la « lettre verte ». Deux centimes d’écart, c’est peu. Multipliez par 200, cela fait quand même, à la longue, quatre euros. De quoi régler le coût d’une « lettre suivie » (1,47 €) qui permet de connaître la date de distribution et de tracer l’acheminement. Ou même d’affranchir une lettre recommandée (tarif simple).

En France métropolitaine, la « lettre verte » est présumée plus écologique car elle n’est pas acheminée par avion, les multiples camions étant censés ne pas cumuler une « empreinte carbone » supérieure. Hmm…

Croyez-vous vraiment que les écoplis, les moins chers, au timbre vert de Chez Vert, soient tractés par des percherons hâlant des péniches ? Retardés, mis de côté, embarqués en différé ?

Certes, ils ne sont pas autocollants. Et alors, un peu d’exercice lingual (ou l’emploi d’une éponge fabriquée en France si possible), est-ce si contraignant ?

Sur la période 2008-2012, La Poste n’a pu augmenter ses tarifs que de 0,3 points au-dessus de l’indice de l’inflation. Jusqu’à 2015, puisque « le changement, c’est maintenant », c’est une augmentation de 2,8 % (totale), annuelle, qui est envisagée. Soit un point (plus du triple) de plus que l’inflation envisagée.

L’avez-vous remarqué ? La Poste a communiqué ses augmentations des tarifs à la presse, qui n’a parlé que de la lettre prioritaire (timbre rouge) et de la lettre verte (timbre gris). Absolument pas de l’écopli. Un hasard, forcément, forcément.

Pourtant, sur les tarifs officiels, l’écopli subsiste toujours. Le poids est limité à 250 g (1,85 €) dans ce cas. Et que font donc les fournisseurs malins quand vous leur commandez deux ou trois produits dont le poids serait supérieur ? Ils préfèrent souvent scinder les envois (ainsi, j’ai reçu trois lots de sacs poubelle identiques en trois envois distincts, le même jour, à la même heure).
Écologique ? Pas en emballage.

Attendez, 2014, 2015, encore deux augmentations à venir. Soit, en 2015, sans doute l’écopli à 60 cents. Ne lésinez pas, achetez des plaques de timbres écopli.

Ah, je vois que le timbre écopli est devenu gris, celui de la lettre verte étant vert. En fait, quel est le plus vert ? Pour l’environnement, je ne sais. Pour le porte-monnaie, le gris permet d’épargner quelques billets « verts » (des dollars, des pesos, comme vous voudrez). Emballez, c’est pesé, c’est écoplié.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !