En période de vaches maigres, il faut se replier sur l’essentiel, sur ce qui fonctionne. Depuis deux ans, les Verts sont en train d’expérimenter ce genre de mauvaise passe politique. Et donc de se modifier leurs méthodes, quitte à jouer un jeu qu’ils sont censés abhorrer : celui de l’instrumentalisation des peurs à des fins électorales. Pour les écologistes, cette peur est celle du nucléaire : Fukushima ayant fourni les armes. En France, notamment par l’intermédiaire de la CRIIRAD, le combat est devenu permanent et flirte dangereusement avec le mensonge.

 Les Verts au bord de la rupture

 

Aux grands maux, les grands remèdes. Petit à petit, les écologistes en font l’amère expérience. En crise permanente depuis la création du Parti il y a 30 ans, ils pensaient pourtant avoir fait le plus dur, en 2009, avec enfin une victoire électorale probante lors des Européennes. Europe Ecologie-Les Verts était né. Seulement les lendemains ont déchanté. En 2012, bien aidés par Eva Joly, les écologistes se rétament, avec 2 % des suffrages. Heureusement pour eux que l’accord avec le PS avait été conclu avant le mois d’avril. Pas sûr que François Hollande se serait encombré d’un tel fardeau dans le cas contraire.

 

Cette année, avec les Municipales et les Européennes, les Verts jouent tout simplement leur survie. Et pas seulement au Gouvernement. Sous la houlette du couple terrible Cécile Duflot–Jean-Vincent Placé, le Parti est menacé d’implosion, avec des défections en cascade. Même l’emblématique Daniel Cohn-Bendit a rendu sa carte. Dépêché en catastrophe, d’après le Journal du Dimanche, il devrait faire son devoir en participant au meeting de lancement de la campagne pour les Européennes 2014, le 8 avril, à Toulouse. Probablement une faveur accordée à son acolyte du Parlement européen José Bové.

 

L’heure est donc grave pour les Verts. Alors pour éviter un nouveau camouflet politique, le Parti a dû opérer un changement de braquet. Entre deux menaces de démission du Gouvernement, les écologistes ont en effet orienté leur discours autour de deux grands chevaux de bataille. Celui, justifié, de la transition énergétique. Et celui, hystérique, de la lutte contre le nucléaire. Véritable fonds de commerce électoral, la lutte contre cette énergie, dont la France a pourtant un besoin vital, est sur toutes les bouches vertes. La catastrophe de Fukushima et sa gestion déplorable par les autorités japonaises a d’ailleurs fourni un vivier d’arguments non négligeable.

 

 

La CRIIRAD, bras armé de la croisade antinucléaire

 

De quoi justifier en tout cas des actions illégales d’ONG comme Greenpeace à Tricastin, que la Justice a finalement punies, ou encore le soutien à la CRIIRAD, association indépendante, mais aux positions pour le moins subjectives. La Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a été créée en 1986, à la suite de la catastrophe de Tchernobyl par Michèle Rivasi, aujourd’hui députée européenne… écologiste. Son but : mesurer les taux de radioactivité sur le territoire français dans des zones susceptibles d’être touchées. C’est le cas des régions proches des centrales. C’était le cas des territoires de l’Est de la France, que le nuage de Tchernobyl avait survolés.

 

Jusqu’ici rien de vraiment extraordinaire. Hormis des conclusions très souvent à charge contre le nucléaire et prônant la fin rapide du recours à cette énergie dans notre pays. L’association est indépendante de tout lobbying industriel, mais naturellement pas de toute idéologie. Là où le bat blesse, c’est quand la CRIIRAD se trouve être l’instrument d’un Parti dans un contexte politique et économique sensible. L’association s’est ainsi explicitement engagée pour rejeter le projet industriel de l’entreprise Placoplatre au fort de Vaujours, en Seine-et-Marne.

 

En contradiction avec l’intégralité des études publiques menées, notamment par le CEA, et avec les déclarations des pouvoirs locaux, la CRIIRAD soutient en effet que la radioactivité du site atteint des niveaux inquiétants, justifiant l’abandon de ce projet aux retombées économiques importantes. Une analyse ne s’appuyant sur aucune donnée scientifique tangible, au service d’élus locaux tels que Aline Archimbaud, sénatrice EELV de Seine-Saint-Denis, personnellement impliquée sur ce dossier.

 

Heureusement pour la tranquillité d’esprit des habitants des communes environnantes et pour le projet industriel en jeu, il est probable que les manigances de la CRIIRAD et des Verts fassent long feu. De fait, l’association a refusé la proposition de Placoplatre de venir procéder à des mesures et analyses sur site. Une manière de ne pas avoir à se confronter aux faits que le Baromètre de transparence des ONG, élaboré par la Fondation Prometheus, avait déjà pointés du doigt. En effet, la CRIIRAD fait partie des 15 ONG ayant purement et simplement refusé de répondre à leur questionnaire portant sur leur degré de transparence. Un silence qui en dit long sur le bienfondé de leurs études, alimentant par la même occasion une crainte populaire nuisant à l’objectivité du débat politique.