La Tunisie « mène une lutte déterminée contre le terrorisme, qui est le véritable ennemi de la démocratie». Cette phrase de Nicolas Sarkozy montre à quel point la diplomatie française s’est fourvoyée pendant des années. Empêcher les islamistes d’arriver au pouvoir en Tunisie justifiait tous les abus de la caste au pouvoir. Ce manque de confiance envers le peuple tunisien a permis de fermer les yeux sur les dictatures dans la plupart des pays arabes, alors qu’on critiquait ouvertement des pays comme la Birmanie ou la Corée du Nord.

C’est vrai qu’il est plus facile de faire la morale après les faits : qui aurait pu croire que le régime de Ben Ali allait s’effondrer aussi vite ? Mais la bourde énorme de Michèle Alliot-Marie ne fait que confirmer que personne ne pariait un euro sur cette révolution. Et le fait que personne ne cherche à la défendre montre à quel point notre diplomatie est désemparée. Il est vrai que MAM connaît bien la Tunisie où elle a passé ses vacances l’an dernier.

Alors que notre président vantait « un régime engagé dans la promotion des droits universels et des libertés fondamentales », la gauche française n’émettait que des timides protestations.

Si Alain Juppé semble cynique en affirmant « Sans doute avons-nous, les uns et les autres, sous-estimé le degré d’exaspération de l’opinion publique face à un régime policier et dictatorial. » il reflète en fait l’avis presque général de la classe politique française.

Le 11 septembre, l’exemple algérien justifient une telle méfiance car on sait que l’intégrisme est toujours prêt à prendre le pouvoir. Personne ne peut d’ailleurs affirmer que ce ne sera pas le cas en Tunisie. Mais, n’est-ce pas aussi notre défiance qui encourage l’intégrisme ? Il suffit de lire l’interview de Jamel Debbouze dans Télérama pour voir que les choses n’évoluent pas dans le bon sens. « Je ne trouve pas normal que des gamins de 20 piges aient des barbes jusqu’à l’omoplate, des djellabas Lacoste, et qu’ils essayent de prêcher la bonne parole. Ils n’ont jamais eu le Coran de leur vie ! Si la religion prend autant de place, c’est que la politique a déserté les lieux… »

Il faut aussi parfois faire confiance aux gens et c’est pour cela que l’on regarde attentivement l’évolution des évènements en Tunisie. Ce sera comme la fin d’une fatalité qui semblait planer sur les pays arabes et une leçon à retenir pour la diplomatie occidentale.

Sources Télérama et Libération.