Le débat fait rage depuis des années et n’est pas prêt de se calmer. Certains dénoncent la perte des valeurs dans nos sociétés, alors que d’autres se posent comme défenseurs de l’évolution (naturelle) de la société et de nos mœurs. Alors, vivons-nous dans une société décadente et en perte de repères ?   

 

 

Des valeurs d’accord mais lesquelles ?

 

Il est facile de prôner le respect des valeurs traditionnelles, mais il est alors essentielle d’être en mesure de les définir et de l’exprimer de manière claire et explicite. Ces valeurs, dont on parle, sont en effet présentées comme l’héritage de notre histoire. Oui mais seulement voilà, certains héritages ne sont pas forcément louables. Doit-on poser l’esclavage comme étant l’une de ces valeurs ? Bien évidemment, la France a aboli l’esclavage, mais ce dernier a été pendant des siècles légitimé par les plus grands intellectuels de notre pays, y compris par certains génies du siècle des Lumières (Oui, oui  il suffit de relire les classiques)

Plus sérieusement, l’égalité des individus, le respect des différences font partie des valeurs collectives prônées comme des bases essentielles pour la vie en communauté. On passera sous silence les entorses officielles faites à ces sacrosaints principes  et on feindra d’ignorer que même les fils de ministres (égaux  aux autres enfants de la République) peuvent être non imposables (on ignorera aussi les accusations faisant de ce pauvre enfant le propriétaire d’un petit appartement à Paris de plusieurs millions d’euros).

Mais les valeurs individuelles sont souvent reléguées au second plan, et pourtant…Le sens de l’effort, le goût du labeur, …autant de valeurs abandonnées depuis longtemps.

 

Des valeurs individuelles reléguées au rang de l’histoire

 

A quoi peut servir d’apprendre la liste des départements de France ? Pourquoi se lancer dans l’apprentissage du calcul, alors que les enfants se servent de calculatrice à longueur de journée ? Quelle est l’utilité de comprendre l’histoire de France, qui ne sert à rien aujourd’hui ? … On a tous entendu ces sempiternelles questions.

La différence depuis plusieurs années (il serait intéressant de se lancer dans une histoire de l’Education) vient de l’Education Nationale qui semble donner raison aux élèves. Désormais, il ne faut pas trop en demander. On se pose des tonnes de question : a-t-on le droit ou pas de gifler un élève ? Est-il ambitieux de vouloir porter 80 % d’une génération à l’obtention du Bac ? Ce dernier doit-il reposer sur une évaluation continue ? … C’est à ces questions que nos enseignants, ou tout du moins les dirigeants de cette Education Nationale, cherchent à répondre. A l’inverse, en ce qui concerne l’histoire, la géographie, les maths et le français, le couperet est tombé depuis plusieurs années, puisqu’on ne demande plus aux enfants de se « forcer » à apprendre. Le sens de l’effort est abandonné depuis longtemps.

Je n’entends pas ici condamner ce qui est présenté comme une réalité qui ne sera pas remise en cause mais juste dénoncer les conséquences de cet état de fait. En ne connaissant pas l’histoire, on ignore alors l’importance des différences dans l’évolution. En ignorant le « contenu » des principales religions, on méconnait celles et ceux qui nous entourent sans partager les mêmes croyances. Et tout ce qui est inconnu fait peur.

En ne connaissant pas sa géographie, on risque de se perdre. A force de laisser passer fautes d’orthographe et   de syntaxe, l’illettrisme guette, alors que nous n’évoquerons même pas la hantise que peut représenter une séance de calcul mental chez certains de nos jeunes.

Plus grave encore, les élèves d’aujourd’hui (et donc professionnels de demain) savent désormais que la contestation paie, et qu’en dénonçant ce qui apparait incompréhensible, on peut alors s’éviter de devoir faire des efforts.

Cette perte des repères concerne toutes les classes de la société, et c’est intolérable. Le « je m’en foutisme » porté comme la valeur absolue conduit à des aberrations. Le respect n’est plus porté aux nues comme ce fut le cas pendant de nombreuses années, et aujourd’hui, une catastrophe ferroviaire amène des bandes à venir dépouiller les blessés et les défunts. Une honte, un scandale…sans hésiter. Mais le relâchement de l’autorité n’y est pas étranger. Rien ne peut expliquer ce genre de comportement, mais un sentiment d’impunité s’est désormais développé dans notre société, et ce dernier, loin d’être naturel, n’est pas étranger à cet abandon de nos valeurs