Le Centre culturel serbe de Paris (quartier Beaubourg, face au Centre Pompidou) expose jusqu’au 31 décembre 2013 les créations de créatrices typographiques et d’auteurs d’alphabets ayant conçu des polices de caractères cyrilliques, latins, &c. Tipometar, association artistique, liée à la faculté des Arts appliqués de Belgrade, met en valeur trois créations récentes, mais aussi celles d’Olivera Stojadinovic, Vedran Erakovic, Stjepan Fileki, Jana Orsolic, Ivana Cirovic et Marijana Orsolic. À contempler sans modération.

Les conférences de l’ATypI (Assocation typographique internationale), mais aussi la police cyrillique (et latine) de Sarah Lazarevic – la créatrice du timbre « Viaduc de Millau » – m’avaient fait m’intéresser à la typographie cyrillique.
Depuis, j’ai tenté d’approfondir un peu la typo latine post-slavonne roumaine (un truc vraiment « rustique » sans doute impulsé par l’église orthodoxe autocéphale roumaine).
Mais au final, j’ai un peu tout oublié de cet univers.
Je me souviens de bribes.
Comme par exemple de créateurs russes me jurant leur grands dieux qu’ils pouvaient reconnaître « de loin » et instinctivement une police cyrillique créée par une ou un Occidental. Ce qui m’étonne encore très fort car les influences sont réciproques.

Est-ce encore plus flagrant, cette réciprocité, chez les créatrices et créateurs serbes qui sont sans doute encore marqués par les polices permettant de transcrire le « serbo-croate » ?
Je ne sais.

Le serbo-croate subsiste encore vaguement (les Croates ont mis en œuvre beaucoup d’efforts pour que leur langue se détache de celle des Serbes). Je subodore subrepticement qu’en Serbie, l’influence des Macédoniens Cyrille et Méthode, employés du tsar de Bulgarie, est fortement contrecarrée par la prégnance des caractères hongrois, roumains, slovènes, &c., et que le grec de Grèce ne déteint que peu sur le cyrillique serbe. Si on vous demande ce que j’en pense vraiment, vraiment, qu’il soit clair que je n’ai jamais dit, et encore moins écrit, cela…

Bref (si j’ose), or donc, demain soir, 14 novembre 2013, inauguration d’une expo sur la nouvelle typographie serbe (comprenez : d’origine serbe), au Centre culturel de Serbie de Paris. C’est face au Centre Pompidou, donc métros Les Halles, Rambuteau, &c.

Je passais devant (et donc aussi devant le Centre culturel Wallonie-Bruxelles, voisin), et je vois l’accrochage. Ni une, ni deux, j’entre. Et ce que je vois me séduit fortement.

Jugez-en par vous-mêmes, jusqu’au 31 décembre prochain. C’est du léché, de l’abouti (comme la Neoplanta BG de Stjepan Fileki, une très bonne police de labeur).

Vous ne pouvez venir à Paris ? Vous pouvez visiter le site Tipometar (.org). Et même, en vous débrouillant bien (chercher…), télécharger gratuitement diverses polices. Privilégiez les fichiers OTF, bien sûr. Les Resavska BG sont très bien (avec et sans empattement).  Les Adamant BG, Neoplanta BG, Lovely BG, et Platan BG ne déparent pas du tout. J’ai eu quelques difficultés à trouver comment les télécharger (c’est cadeau), mais bon you don’t look a gift font in the eye.

Les polices dites de restauration (ou restitution) sont évidemment inspirées de types en plomb mais aussi, comme pour la Makarije, de travaux calligraphiques ou de broderies.
La reconstruction de l’écriture manuscrite de Nikola Tesla (Tesla_OTF) est un peu chimérique (il n’écrivait pas du tout « comme un cochon » mais n’était pas vraiment facile à lire, même de son vivant, alors, à présent…).
Mais c’est une entreprise sympathique.
Le site Tipometar est une véritable source pour qui s’intéresse aux typographies cyrilliques. Mais il ne se limite pas à cela, se développe.
Passez voir : tipometar.org

À part cela, comme ils disent sur le site du Centre (ccserbie.com) :

« Ainsi, au cours des huit dernières années, le site www.tipometar.org a pu mettre en ligne huit familles typographiques comprenant trois voire quatre polices. À ce jour, depuis ce site, les polices proposées ont été téléchargées plusieurs dizaines de milliers de fois. Les auteurs en sont : Olivera Stojadinović, Vedran Eraković, Stjepan Fileki, Jana Oršolić, Ivana Ćirović et Marijana Oršolić. ».
C’est quand même mieux, le coupé-collé, pour faire figurer les diacrités…
Vous aurez rectifié de vous-mêmes : « les auteur·e·s ».
Ou alors, comme disait Coluche : « pardon si je me trompe… ».