La campagne électorale, comme chacune des dernières campagnes, ramène sur le devant de la scène la moralisation de la vie publique, à commencer bien évidemment par les rapports troubles avec l’argent.
Faire de la politique coute cher, et quoi qu’on en dise, on reste loin, très loin, de l’idéal athénien. Candidat à la présidentielle, François Bayrou a fait de la moralisation de la vie publique française l’un de ses arguments préférés, se promettant de reconnaître le vote blanc (ainsi, ne pas donner de consignes de vote pour le second tour ne serait plus considéré comme un manque de courage), mais s’engageant aussi à s’interroger sur le financement des campagnes électorales, et notamment des campagnes présidentielles.
Il faut dire, que nous vivons cette campagne, avec les rebondissements et les révélations sur la campagne de 2007 et le financement plus qu’occulte de la campagne de notre président actuel. Aussi, F. Bayrou semble déceler dans ses rumeurs et insinuations persistantes (relayées par une ancienne magistrate) la conséquence du financement privé des campagnes. Aussi, le candidat du Modem se propose d’interdire les dons privés, qu’ils proviennent d’entreprise ou de particuliers, et ainsi se prémunir de soupçons, come ceux existant au sujet de la famille Bettencourt.
L’idée serait donc de financer totalement les campagnes des candidats, en les plafonnant à 10 millions d’euros pour tous les candidats, ayant obtenu au moins 5 % des suffrages. Pour les petits candidats, l’interdiction des dons privés reviendrait alors à les priver de campagne et donc de candidature. En outre, est-il raisonnable de croire, qu’en abaissant les dépenses engagées pour telle ou telle campagne, la vie publique se moraliserait par elle – même. J’en doute fortement. Mais, le cap reste le bon, puisqu’en fixant à 10 millions d’euros le montant de toutes les campagnes électorales, le candidat tend ainsi à infléchir la tendance inflationniste de ces dernières élections. Rappelons pour mémoire, qu’aujourd’hui, les remboursements se font à hauteur de 16.851 millions d’euros pour le 1er tour et 22.509 millions d’euros pour le second tour. ( Tout cela n’est qu’une question de plafond bien évidemment).
D’après une étude du journal Le Monde (daté du 11 avril 2012), le « coût moyen de l’élection présidentielle s’élèvera en 2012 à 3.5 euros par habitant », ce qui est loin d’être anecdotique, quoi qu’on en dise. Et, si la moralisation venait déjà du fait, pour les candidats et pour les partis politiques, de subvenir, par eux- mêmes, à leurs besoins, sans attendre le remboursement de quoi que ce soit. Ce serait déjà un grand pas, mais on en est très loin, et on voit ainsi s’afficher les dépenses comme les 47 millions de crédit pour que tous les candidats soient remboursés de leur frais de matériel officiel, ou encore 51 millions d’euros pour la mise sous pli et la location de salle pour ces opérations, pour lesquelles on recrute étudiants, retraités ou demandeurs d’emplois, ou encore les 49 millions d’euros, prévus pour l’acheminement des plis électoraux…bref une manne pour beaucoup d’entreprises et de partis politiques.
Au risque d’en choquer quelques uns, n’aurait-il pas été exemplaire et moralisateur pour nos dirigeants, de demander à ce que les vacataires embauchés pour la mise sous pli soient constitués uniquement de demandeurs d’emplois, ce qui est loin (et même très loin) d’être le cas ? Mais, là encore, on ouvrira les yeux, lorsqu’un journaliste se décidera à enquêter sur certains dérapages, qui ont lieu en la matière.. Alors, la moralisation de la vie publique pour 2012, vous y croyez, vous…
2012 : la campagne présidentielle française sous le signe de l’ autruche
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