ou tout simplement de l’instruction civique laïque ?

 

Qu’est-ce que peut être une morale laïque ? La morale n’est-elle pas l’héréditaire de nos gènes, c’est à dire la culture du bien et du mal de notre famille ? N’est-ce pas enfant que se forge cette morale par l’amour que nous porte nos parents ? La morale n’est-ce pas de l’amour ? L’amour de soi bien sûr, mais aussi l’amour des autres. Il faut d’abord s’aimer avant d’aimer les autres. L’amour ne fait que le bien, aime ton prochain comme toi même, traduit la relation de vie entre les humains. Ce commandement de Jésus de Nazareth Levitique 18-19 donné comme une loi par l’église n’est en fait qu’une recommandation de la morale qui fait de l’amour un devoir. Il s’applique à tous quelque soient leurs croyances. Quand au mal, n’est-ce pas la réciproque du bien. Ce n’est que la condition nécessaire de l’équilibre qui permet d’exprimer l’amour. Ne faut-il pas du mal pour apprécier l’amour ? La morale n’est-ce pas quelque chose de diffus dans la pensée des êtres de l’humanité ? Chaque femme et homme ont une morale qui n’a rien à voir avec la laïcité contrairement à l’instruction civique qui elle s’apprend à l’école, et dans ce cadre, elle est laïque comme notre république, sauf dans les écoles d’obédience religieuse qui montre en fait que la république est tolérante. C’est d’ailleurs ce qui lui donne son universalité. Cette instruction est la même pour tous sans distinction. Sa portée est égalitaire.

 

La frontière entre morale et instruction civique n’existe pas, il n’y a pas discontinuité, mais simplement le prolongement par l’instruction civique de la morale que l’on a reçue par nos parents. N’est-ce pas cela qui fait la confusion puisque l’instruction civique à besoin du fondement de la morale pour s’exprimer.

 

Pour Vincent Peillon, la morale laïque c’est comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, et c’est aussi des droits et des vertus et surtout des valeurs. Serait-ce que la morale laïque soit différente de celle de la généalogie de la morale du philosophe Frédrich Nietzsche ? Il pose la question des origines et de la valeur des valeurs issues du judéo-christianisme qui sont au fondement de la morale occidentale contemporaine. Ces valeurs, selon lui, seraient essentiellement altruistes. La pitié et la négation de soi, conditionnées par le refoulement de soi, sont estimées intrinsèquement bonnes et sont donc des critères pour juger de l’accord des sentiments et des actions humaines au bien. Cela n’a donc rien à voir avec la morale laïque qui n’est qu’une expression de gauche, alors que la morale est apolitique et universelle. L’Éthique à Nimonaque d’Aristote traite l’Éthique à Eudème et la Grande Morale l’un des trois principaux livres exposant la philosophie morale d’Aristote. Elle souligne l’importance du contexte dans le comportement moral, ce qui pourrait être juste de faire dans une situation pourrait ne pas convenir dans d’autres situations. C’est tout à fait la base de la morale humaine et du civisme. Le comportement des uns envers les autres dans le respect mutuel est du civisme mais aussi une valeur morale. Céder sa place dans le métro est du civisme, comme une valeur morale. Aider les plus malheureux à mieux vivre est politique, mais c’est aussi une valeur morale autant que civique puisque le civisme c’est l’égalité, le devoir, la citoyenneté dans la citée.

 

C’est en fait ce qui est juste dans une situation, mais cela n’a rien à voir avec la laïcité qui n’est qu’une évolution politique de ce que d’autres ont pensés bien avant la séparation de l’église et de l’État. Vincent Peillon qui en fait un thème de gauche déterre la hache de guerre entre l’école privée, cléricale, religieuse, de droite, et réactionnaire, et l’école publique universelle de gauche et anti cléricale donc laïque. C’est Condorcet qui s’aperçut le premier, alors que le mot laïcité n’existait pas encore, du manichéisme entre l’école des riches et celle des pauvres. Les morales des deux classes ne sont pas les mêmes. Le juste n’a pas la même signification à droite et à gauche, il dépend de la position sociale, et quand on est enfant c’est celle des parents.

 

Le problème à résoudre du point de vue de la formation civique est celui de l’instruction puisque l’éducation de l’intelligence et de la raison doivent assurer une vue claire des citoyens avec une harmonisation des différentes morales religieuses et dogmatiques.

 

Condorcet défend l’instruction contre l’éducation quand il écrit,

 

«l’éducation publique doit se borner à l’instruction».

 

«Il s’agit en effet de respecter les droits des parents et de sauvegarder le bonheur domestique, lequel s’oppose à l’universalisme des valeurs de l’instruction publique. Celui qui en entrant dans la société y porte les opinions que son éducation lui a données n’est plus un homme libre, il est l’esclave de ses maîtres, et ses fers sont d’autant plus difficiles à rompre, que lui même ne les sent pas, et qu’il croit obéir à sa raison, quand il ne fait que se soumettre à celle d’un autre. On dira peut-être qu’il ne sera plus réellement libre s’il reçoit ses opinions de sa famille. Mais alors ces opinions ne sont pas les mêmes pour tous les citoyens, chacun s’aperçoit bientôt que sa croyance n’est pas la croyance universelle, il est averti de s’en défier, elle n’a plus à ses yeux le caractère d’une vérité convenue, et son erreur, s’il y persiste, n’est plus qu’une erreur volontaire». Texte de Condorcet tiré de Éducation et pédagogie de la société .

 

Ceci revient à dire qu’il ne faut pas faire de morale mais simplement de l’instruction civique. Pourquoi veut-on parler de morale quand c’est de l’instruction civique ?

 

Le Monde.fr fait l’historique des morales instaurées en 1882 sous la troisième république, supprimée en 1968, et rétablies au milieu des années 1980. Chaque ministre de l’éducation nationale de Jean-Pierre Chevènement en 1985 à François Bayrou en 1995, à Claude Allègre en 1999, à Xavier Darcos en 2008, à Luc Chatel en 2011 chacun y va de son instruction civique et ou morale. Mais les définitions ne sont pas les mêmes. Chevènement c’est au primaire, et Bayrou c’est au collège qu’ils préconisent l’éducation civique. Pour Claude Allègre c’est éducation civique juridique et sociale pour les lycéens. Pour Xavier Darcos c’est l’instruction civique et morale avec l’apprentissage des règles de politesse, la connaissance et le respect des valeurs et emblèmes de la république Française, c’est déjà plus politique, et c’est au primaire. Pour Luc Châtel il s’agit de morale à l’école primaire. Maintenant c’est la morale laïque !

 

La question est avec toutes ces instructions civiques et morales est-ce que nos enfants sont plus respectueux envers les autres ? Est-ce qu’ils sont plus polis et plus instruits des règles de notre république ? Pour ce que je constate non, et ceux qui répondent au respect des valeurs républicaines envers autrui sont principalement ceux qui ont des parents éduqués et respectueux des autres.