Les mêmes politiques ne produisent-elles pas les mêmes effets ?

 

 

Nous n’arrêtons pas d’entendre nos politiques vanter la bonne gestion de l’Allemagne, le pays «nomber one économique» de l’Europe, le leadership, celui sans lequel l’Europe ne serait pas ce qu’elle est, l’exemple ! Sarkozy ne peut plus rien faire s’il n’en réfère pas au préalable à Merkel ! Elle lui est omniprésente à en devenir fou ! A chaque augmentation de taxes, il regarde du coté de l’Allemagne totalement incapable d’une décision éclairée. Mais, il est un proverbe qui dit : qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. Et pour connaître le fond des choses dans le cas de l’Allemagne il faut en entendre au moins deux. C’est bien ce qu’il ressort de ce que j’ai pu lire sur le site le miracle Allemand à quel prix ? En fait on n’arrête pas de nous vanter une Allemagne, mais ce n’est qu’une face, celle qui colle le mieux à la politique de ceux qui y voient leur intérêt, et les journalistes patentés dont leur boulot serait de nous éclairer marchent dans le même sens. La première question que l’on peut se poser, les Allemands sont-ils meilleurs que nous ? Moi qui a travaillé avec eux, je n’en ai pas eu l’impression, et sans vouloir vexer quiconque beaucoup m’ont apparu un peu lourds, manquant de souplesse. L’Allemand est très conservateur dans son évolution aux techniques modernes par exemple le paiement par carte bancaire était il y a encore quelques années refusé dans certains hôtels, dans les stations d’essence, alors qu’en France il était largement pratiqué. L’Allemagne ne m’avait pas parue un pays à la pointe dans le progrès, mais cela fait quelques dizaines d’années. Sa culture germanique est symbolisée par la réflexion de Nietzsche pour qui l’utilité détermine si les jugements sont vrais ou faux. Or le vrai c’est l’utile, et l’utile c’est le pragmatisme. L’Allemagne est pragmatique, c’est ce qui nous manque le plus. En outre, l’Allemand est obéissant, contrairement au latin, plus expansif, plus désordonné, plus rêveur, mais plus imaginatif plus élégant. Pour la rigueur, il faut qu’il se force, le germanique non, c’est dans sa nature, il ne laisse rien au hasard, il va au fond de choses.

 

Si l’on parlait chômage par Marc Meillassoux, Berlin.

 

2Correspondant à Berlin depuis fin 2009. Études d’économie à Paris IX Dauphine, à la Wirtschaftuniversität de Vienne puis à la Technische Universität de Dresde, spécialisé en macro-économie, finance et affaires Européennes.

L’Allemagne c’est le miracle économique avec 6,9 % au sens du BIT de chômeurs en septembre 2011 avec sa réunification. En France il est de 9,6 % , y comprit les DOM au sens du BIT. Or en Allemagne, comme en France d’ailleurs, des millions de chômeurs ont été radiés comme les précaires dépendants de l’aide sociale. Il y a, comme en France, d’importantes disparités, à Berlin par exemple le taux est de 12,7 %, alors qu’en Bavière riche région Allemande il est de 3,4 %. Comme en France, depuis le début des années 2.000 la politique de blocage des salaires et d’un marché du travail plus flexible s’est appliquée. Mais des voix se sont élevées pour dénoncer le maquillage des chiffres, et la précarité institutionnalisée de la dernière législation du travail. Pour réduire le chômage volontaire, ceux qui sont accusés comme en France d’en profiter pour ne rien faire, les Allemands ont le «Doktor Hartz» le directeur des ressources humaines de Wolkswagen. Il a instauré des «mini-jobs» payés 400 € par mois sans cotisation et sans assurance, et les «1 euro-jobs», essentiellement pour des travaux d’intérêt public. Le travail quasi forcé pour les paumés, un reste de la gloire Hitlérienne.

 

La réforme du système d’allocation a modifié les conditions d’allocations pour les chômeurs de longue durée. La durée de versement qui était de deux, voire trois ans passe à un an. L’allocation chômage II et l’aide sociale ont été fusionnés et sont désormais versés par les jobs center, une sorte d’agence pour l’emploi.

 

Les séniors par suite de l’augmentation de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans vont être près d’un million qui, ne disposant que d’un contrat qui assure leur prise en compte jusqu’à 65 ans, vont se retrouver grossir les effectifs des chômeurs. Les chômeurs seniors sont d’ailleurs le point le plus délicat de la réforme Hartz qui comprend quatre lois. Alors que le nombre de bénéficiaires de Hartz IV a officiellement reculé de 9,5% entre 2006 et 2009, la part des plus de 55 ans a, elle, augmenté de 17,7%. Elle a engendré un faible niveau de pension une fois à la retraite, ce qui n’a rien d’étonnant.

 

Nous n’avons donc rien à envier aux Allemands, qui dénoncent dans le quotidien Die Welt que les chiffres du chômage des séniors sont truqués. Ce journal conservateur relate qu’un chômeur de plus de 58 ans sur deux n’est plus répertorié dans les chiffres de la Bundesagentur für Arbeit, centre d’information fédéral pour l’emploi. Par une magouille comptable et dialectique, le pôle emploi Allemand aurait fait sortir 211.000 chômeurs séniors des listes.

Qu’on arrête de parler de miracle économique. Aujourd’hui, le gouvernement répète que nous sommes aux alentours de 3 millions de chômeurs, ce qui serait effectivement historique. La réalité est toute autre, 6 millions de personnes touchent Hartz IV, ce sont tous des chômeurs ou des grands précaires. Le vrai chiffre n’est pas 3 millions de chômeurs mais 9 millions de précaires.

 

Début 2011, seulement 43% des seniors bénéficiaires du chômage étaient enregistrés sur les listes.

 

Les travailleurs pauvres.

 

Pour renforcer sa compétitivité, l’Allemagne a libéralisé son marché du travail et a précipité une part croissante de salariés dans la précarité. Absence de salaire minimum, travail à temps partiel, «mini jobs» sans assurance maladie ou petit boulots payés 1 euro de l’heure. Aujourd’hui, près d’un travailleur Allemand sur cinq est «pauvre». L’économie sociale de marché qui était le fer de lance d’une cogestion patronat syndicats qui a longtemps été enviée et permit une redistribution des ressources est en voie de disparition. Les lois Hartz depuis 2.000 destinées à rendre l’Allemagne plus compétitive ont eu pour conséquence de reléguer les chômeurs de longue durée dans la pauvreté.

La réforme Hartz s’appuyait sur le slogan «Fördern und fordern», «promouvoir et exiger». Avec son entrée en vigueur, tous les chômeurs de plus d’un an ont vu leurs allocations chômage diminuer jusqu’au niveau de la Sozial Hilfe, l’équivalent pour nous de l’ancien RMI. Pour ces chômeurs, la réforme signifiait une descente immédiate dans la pauvreté.

 

La prolifération des «minis-jobs» et des «1 euro-jobs» en augmentation de plus de 47,7 % ont eu pour effet de pousser les retraités, plus de 660.000, à reprendre du travail, combinant ainsi pension et «mini-jobs». Les retraités Allemands au boulot !

 

En mai 2011, les statistiques officielles faisaient désormais état de 5 millions de mini-jobs. Plusieurs scandales ont éclatés ces dernières années, mettant en cause des grands groupes accusé de «faire leur beurre» sur ces salariés précaires. En Allemagne comme en France l’amélioration de la compétitivité passe par la réduction des coûts salariaux.

Au niveau international, l’Allemagne se distingue comme une société à deux vitesses en ce qui concerne le marché du travail. En Allemagne, encore plus que dans les autres pays membres, les employés sans emploi fixe sont les principales victimes de la crise.

 

Concluait l’OCDE en 2010.

 

Deux millions de salariés à moins de 6 € de l’heure.

 

En août 2010, un rapport de l’institut du travail établissait que 6,65 millions de personnes touchaient moins de 10 € de l’heure, soit 2,26 millions de plus sur 10 années. 2 millions gagnant moins de 6 € et nombreux vivant avec 4 € de l’heure. Mais des allocations sociales permettent de compenser leurs ressources.

Le système Hartz n’est pas incitatif, c’est un leurre. En analysant les chiffres, nous avons établi que pour 100€ de salaire, le travailleur perd 20% de ses aides, pour 800€ il en perd 80%.

 

Le «minimum vital digne» estimé à… 374 euros.

 

A l’été 2010 il y avait 3,9 millions de chômeurs de longue durée, vivant exclusivement des allocations. Cette catégorie comprenait principalement des familles monoparentales et des séniors. C’est à la suite d’un jugement de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui avait été consultée par des bénéficiaires de Hartz IV que celle-ci porta l’allocation à 359 €.

 

Les retraités Allemands contraints de retravailler

 

Ils distribuent des journaux, rangent les étagères dans les supermarchés, font des sondages par téléphones, portent des journaux à 5 heures du matin, travaillent comme portier la nuit..… Plus de 660 000 retraités Allemands travaillent à temps partiel pour compléter leur pension. Un nombre en hausse constante, la multiplication des mini-jobs et des faibles salaires donne un complément aux des retraites de misère. C’est comme chez nous, le nombre d’appels téléphoniques pour souscrire un abonnement, pour une association, sont devenus monnaie courante.

 

 

«Wolgang, 57 ans, sert des parts de gâteau à la cafétéria d’un centre de soins au cœur de Berlin. Cet homme est à la retraite depuis plus de deux ans. Après deux crises cardiaques, il a du cesser son activité de chauffeur. Mais impossible pour lui de passer ses journées entre mots croisés et jardinage».

En tant que retraité je touche 525 euros par mois. Je paye un loyer de 440 euros. Avec téléphone, le gaz, etc, il faut rajouter 150 euros. Et cela ne suffit pas. Il faut bien vivre de quelque chose c’est pour ça que je travaille ici !

 

Il travaille 20 heures par semaines dans ce centre pour 390 € par mois. Les contrats Hartz IV exonèrent l’employeur de charges sociales tant que le salaire n’excède pas 400 €/mois.

 

La paupérisation, n’a cessé de se développer dans tout le pays. Ces 660.000 retraités qui travaillent ne représenteraient que 3,3 % de personnes âges de plus de 65 ans. Seulement, ils sont de plus en plus nombreux, ils étaient 416.000 en 2.000, et leur nombre a augmenté de plus de 58 % en dix ans. Cette paupérisation est aussi la cause d’une forte augmentation du coût de la vie. «Les prix ont augmenté dans beaucoup de domaines particulièrement importants pour les séniors, comme le chauffage ou la santé».

Les pensions de l’assurance de retraite Allemande ont perdu 10% de leur valeur durant les dix dernières années.

 

La cause serait, la hausse des mini-jobs et des emplois à faible rémunération.

 

Toujours pas de salaire minimum.

 

Le vieillissement de la population des séniors particulièrement élevé en Allemagne, ne peut que conduire à accroître la paupérisation durant les vingt prochaines années. C’est la raison pour laquelle le gouvernement entend avec les représentants des retraités dialoguer pour un salaire minimal interprofessionnel.

Des salaires de misère ne peuvent entrainer que des retraites de misère.

 

Ceci amène la question, un pays économiquement fort est en situation de précarité au même titre que la France, l’Italie et d’autres c’est donc que l’Europe telle qu’elle est, telle que nos dirigeants depuis plusieurs décennies l’ont construite n’est pas bonne. La crise n’est pas seule en cause, ce qui l’est c’est la mondialisation qui a envahit nos pays par la liberté d’échanges commerciaux qui nous sont défavorables par nos coûts salariaux. Cette Europe n’a pas su se protéger des pays émergents et de ceux à bas coûts de main d’œuvre. Nos industriels pour vendre et pour leurs profits se sont tournés vers ces pays en favorisant leur développement par l’implantation de moyens industriels. Nous avons gardé notre savoir faire de haut niveau mais perdu tout ce qui touche à la consommation courante porteuse de richesse. Nous n’achetons plus Français, mais ce qui vient d’ailleurs, et nous contribuons de ce fait au développement de ces pays fabricants avec notre savoir faire. Nous contribuons à leur richesse mais à notre pauvreté, et cela durera jusqu’à ce qu’un équilibre s’instaure entre eux et nous. Nous aurons dégradé les conditions de vie pour beaucoup d’entre nous.

 

Le prochain article sera, Les révolutions musulmanes Tunisie, Égypte, Libye,