La marée n’est pas que noire, mais aussi rouge.

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Le colmatage du puits a encore échoué en Louisiane.

Mais l’entonnoir placé  le 04/06/10 semble fonctionner

 

Chaque jour je m’informe sur cette catastrophe du monde moderne, car il s’agit bien de cela. La recherche en mer du pétrole par des forages en grande profondeur a quelque chose d’effrayant quand on voit, ce qu’une simple rupture de pièce défectueuse peut provoquer.

Le 20 avril l’explosion et l’incendie de la plate forme «Deep Water Horizon», plate forme pour grandes profondeurs contenant 2,6 millions de litres de pétrole et extrayant 1,27 millions de litres par jour, à 70 kms de la Louisiane ou 15 personnes sur 126 personnes furent portées disparues, provoque une catastrophe écologique sans précédent. Le pétrole continuant de s’écouler jusqu’à 1,9 à 3 millions de litres par jour tuant par nappes en suspension cette flore et faune marine ainsi que tous ces oiseaux marins pris dans cette mélasse d’eau de mer et de pétrole lourd. Cette catastrophe est d’autant plus grave puisqu’elle pourrait provoquer un désastre écologique majeur sachant que l’embouchure du Mississipi est touchée. Cette embouchure concentre 40 % de marais côtiers et des dizaines réserves de faunes sauvages ainsi qu’un lieu de pêche florissant. En outre, le delta du Mississipi est difficile d’accès dans ces marais côtiers pour un nettoyage sachant que c’est un écosystème fragile de poissons, crustacés, oiseaux maritimes de mammifères marins.

Les marais de la Louisiane défigurés

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Historique,

L’opération «ToP kill» c’est donc raté.

Après plusieurs semaines d’hésitation tant du coté Américain que de celui de BP sur ce qu’il faut faire, poser des barrages flottants, barrières de sable, produits dispersants, bottes de paille, mise à feu de cette nappe qui ne cesse de s’entendre, on comprend aisément que la préservation de cette cote constitue un enjeu national, et que l’on est vite affolé de ne pouvoir maîtriser cette importante fuite à cette profondeur. Les vents au départ poussaient la nappe rapidement vers la cote puis une accalmie est survenue laissant un espoir de voir cette nappe s’éloigner au large par des vents contraires. Il n’en fût rien, elle atteignit les marais du delta du Mississipi sans qu’une solution viable fût trouvée. Le président des États-Unis sur le pont et soumis à des critiques de plus en plus acerbes ne pouvait que s’en remettre aux dirigeants de BP, on ne peut comme cela, sur le champ, faire face à l’insupportable catastrophe de cette marée noire si rien n’est prévu, et c’est là tout le problème. Il est donc à leur merci pour qu’une solution viable soit rapidement mise en œuvre. On annonçait trois fuites laissant échapper 800.000 litres par jour, alors qu’elles apparaissent bien plus importantes puisqu’il s’agirait de 1,9 à 3 millions par jour, dans cette incertitude complète on est à la dérive d’autant que cette catastrophe dure maintenant depuis plus de 48 jours ! Cette marée noire se présente ainsi comme la pire marée noire des États-Unis et d’une ampleur plus importante que celle l’Exxon Valdès.

L’essai en premier de la pose d’un couvercle à elle aussi échouée. 

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S’en remettant toujours aux ingénieurs de BP ceux-ci ont proposés de remplir le puits de boues et de matériaux lourds pour colmater la fuite, ce fût l’opération «Top kill» qui a d’échouée après quelques jours d’espoirs.

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«Après trois jours entiers de tentative, nous avons été dans l’incapacité de contenir la fuite», a reconnu l’officier directeur d’exploitation de BP, Doug Suttles, lors d’un point de presse. Le président Américain Barack Obama a de son côté exprimé son inquiétude après l’annonce de l’échec et mis en garde contre les risques de la nouvelle option. «Alors que nous avons d’abord reçu des retours positifs sur l’opération, il apparaît clairement maintenant que cela n’a pas marché», a déclaré M. Obama dans un communiqué, après s’être entretenu avec de hauts responsables sur la situation dans le golfe du Mexique.

Le directeur exécutif de la Compagnie pétrolière Tony Hayward, a déclaré que la fuite pourrait continuer pendant encore deux mois. «Il ne fait aucun doute que le puits de secours est la solution ultime, et il ne sera pas prêt avant août» a-t-il déclaré dimanche à Venice, une ville de Louisiane très affectée par la marée noire.

Le fait nouveau,

Actuellement, la compagnie pétrolière BP a mis en place un entonnoir le 04/06/10. Les ingénieurs du groupe BP, auquel la marée noire a déjà coûté 1 milliard de dollars, ont réussi à sectionner le conduit à l’origine de la fuite et tentait dans la soirée d’y apposer un dôme en forme d’entonnoir. «Je suis assez confiant dans le fait que ça va marcher. Cela ne capturera sans doute pas la totalité du flux. Mais cela devrait en capturer la grande majorité», a déclaré M. Suttles. Interrogé pour savoir à quel moment BP pourra dire avec certitude si la méthode fonctionne, il a répondu, «je pense que nous le saurons dans la journée». Le responsable de BP a affirmé que l’entonnoir devrait sans doute permettre de réduire l’écoulement à moins de 160 000 litres par jour, alors que jusqu’à présent la fuite était évaluée à plus de 2 millions de litres quotidiens.

«Effectivement l’opération fonctionne, 950.000 litres de pétrole ont été récupérés sur un bateau de surface et cette quantité devrait augmenter, a annoncé samedi le commandant des garde-côtes Américains, l’amiral Thad Allen. L’entonnoir posé le 04/06/10 comporte quatre soupapes qui doivent éviter que des cristaux ne se forment à l’intérieur du dispositif, comme cela avait été le cas lors d’une première tentative de confinement de la fuite. Ces soupapes, par lesquelles fuit toujours du pétrole, doivent être fermées progressivement». 

Mais, l’administration du Président Barack Obama semble se concentrer sur la solution de deux puits de secours pour colmater définitivement la fuite, ils pourraient être opérationnels à mi août. «Il pourrait y avoir du pétrole jusqu’au mois d’août» a déclaré le principal conseiller énergétique de la Maison Blanche, Carol Browner. «Nous nous préparons au pire».

La marée noire a déjà fait fermer une grande partie des industries de pêche. Les habitants de la Louisiane, de plus en plus mécontents suite à l’échec de l’opération «Top kill», veulent que le gouvernement fasse davantage pour résoudre la crise et comparent cette situation à la gestion catastrophique de l’ouragan Katrina en 2005 par l’administration Bush. Facile à dire mais difficile à faire. Mais, il n’y a pas que cela, BP évalue que le coût financier de la marée noire dans le golfe du Mexique, la plus importante de l’histoire des Etats-Unis, atteint désormais 990 millions de dollars, a annoncé BP mardi 25/05/10.

La conclusion,

Cette fuite apparaît colmatée, il ne pouvait en être autrement mais à quel prix  sur cette flore et faune marine ainsi que sur ces oiseaux marins ? Quelle conclusion peut-on tirer de cette catastrophe quand on pense que finalement aucune hypothèse de fuite n’avait été envisagée à ce niveau de profondeur puisque l’on a cherché pendant 48 jours la solution pour la neutraliser. Comme si une rupture, une défaillance dans l’extraction ne pourraient survenir on se lance dans des opérations mettant en danger non seulement des vies humaines mais aussi notre nature marine source de vie.

Quel avenir pour ces plates formes pétrolières construites pour toujours plus de pétrole pour notre consommation énergétique. La difficulté du groupe pétrolier BP à endiguer la marée noire place sous un jour nouveau les forages en eaux profondes, avec des conséquences possibles pour les projets et au moins une certitude, les coûts d’extraction vont grimper, et les cours du baril avec, dans le quotidien The Independant David Strahan. Le golfe du Mexique représente 19 % des réserves d’or noir Américaines et 29 % de la production nationale, avec 80 % des réserves situées en eaux profondes, précise l’analyste. Selon l’Agence nationale de l’énergie, cette région est essentielle pour assurer l’offre future de la planète, elle devrait fournir un demi-million de barils supplémentaires entre 2008 et 2014.

Le président Obama s’est rendu dans la région le 04/06/10 pour la troisième fois en un peu plus d’un mois et devait recevoir la semaine prochaine à la Maison Blanche les familles des 11 victimes de l’accident de la plateforme. Il a rappelé que son administration avait ordonné à BP de payer pour toutes les demandes d’indemnisations économiques des préjudices entraînés par la marée noire et qu’elle avait déjà envoyé au groupe pétrolier une facture de 69 millions de dollars pour le nettoyage des côtes.

Interdire l’extraction aux grandes profondeurs apparaît impossible. Mais quelle garantie peut-on accorder à ce colmatage dans le temps, l’eau de mer est corrosive, tout système mécanique si bien conçu soit-il ne peut dans le temps assurer une étanchéité parfaite, l’aventure de forage en mer nous expose à des désastres futurs.

 

5 réflexions sur « La marée n’est pas que noire, mais aussi rouge. »

  1. Le problème à ces grandes profondeurs est surtout la pression. Mais les mers seraient pleines de pétrole et la demande mondiale ne fait qu’augmenter pusiqu’on ne veut pas remplacer les énergies fossiles par d’autres ressources (merci le lobbying!).
    Les effets néfastes du brut sur la santé ne seront pas visibles tout de suite, mais on peut s’attendre à ce que les bénévoles, même ceux qui portent des gants et des masques, développent de graves maladies plus tard.

  2. Voir aussi: [url]http://www.come4news.com/le-petrole-se-rarefie-plus-vite-que-prevu-727518[/url]

  3. [b]Pourquoi, alors ne pas tout faire pour recourir aux énergies propres et aux énergies renouvelables… Je pense à l’énergie solaire, [b]et, et je vais en faire hurler beaucoup[/b], à l’énergie atomique, qui, déjà sert à de nombreux navires ?
    Je ne suis pas spécialisé en ces domaines… C’est la raison, pour laquelle, je ne pourrai guère commenter plus cet intéressant article !
    [/b]

  4. [b]Enguy[/b] bonsoir,

    A 1500 mètres c’est 150 bars c’est donc important. C’est la raison pour laquelle on ne peut y accéder qu’avec des enceintes adaptées, sphères, Bathyscaphes etc….

    Les pinces que l’on voit couper ou attraper quelque chose sont celles d’un robot actionné de l’intérieur de l’enceinte par un système asservi que l’on nomme maître.

    L’opérateur, le maître dirige l’esclave qui est la pince au travers un hublot.

    J’ai travaillé sur ce genre de télémanipulateur et j’ai même étudié des engins pour grandes profondeurs en particulier pour l’Institut Français du Pétrole l’IFP.

    Il s’agissait de créer un système capable de faire des connexions de pipes de grand diamètre à plus de 1.500 m, ce qui était plus compliqué que ce vient de faire BP.

    L’enceinte existe et le télémanipulateur aussi alors je ne comprends pas ce retard dans la mise en œuvre de cet entonnoir.

    Il a probablement fallu le construire ainsi que d’adapter le télémanipulateur au conditions spécifiques d’utilisations ?

    Que l’on travaille à 500 m, à 1000 m ou à 2000 m le problème est identique dès lors que l’on a le matériel.

    Le système est muni de caméras et tout est dirigé de la surface à partir d’un navire spécialisé par des liaisons cablées dans le cas ou seul le télémanipulateur intervient, c’est à dire sans enceinte.

    Il est descendu dirigé et maintenu par câbles.

    Bien à vous,

    Anido

  5. [b]Dominique[/b] bonsoir,

    Les énergies renouvelables dites aussi propres ne sont que des moyens complémentaires, elles ne peuvent compenser actuellement le pétrole, le besoin est énorme.

    Le nucléaire demande des mises en œuvres autrement complexes qui ne peuvent être réalisée que dans des centrales ou de grands navires ou bateaux c’est un équipement lourd encombrant dangereux pour ses radiations et très grave de conséquences pour l’humanité par ses déchets.

    J’ai écrit une série d’articles sur le déchets nucléaires, rappelle toi.

    Cette énergie ne peut combler le besoin énergétique du monde à elle seule, il faut donc du pétrole.

    Les fonds marins sont une source importante d’approvisionnement, d’où les plates formes.

    Bien à toi,

    Anido

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