Voilà un sujet bien insignifiant qui n’intéressera sans doute que des curieux d’une information que le modernisme fait disparaître au nom de l’économie ou bien de l’uniformisation numérique ou que sais-je encore. Parmi les lecteurs se trouvera-t-il quelqu’un pour expliquer les avantages de ce changement ? Le facteur de Neuilly peut y contribuer, sait-on jamais !     

Depuis quelque temps déjà, l’anonymat de la provenance du courrier que je reçois est sur toutes les enveloppes.    

 Faut-il rappeler que jadis la moindre carte postale, chaque lettre était oblitérée d’une flamme de la ville d’expédition et que certains philatélistes en faisaient collection. Ce temps est bien fini. Nous en sommes réduits à l’ésotérisme du même genre que les codes-barres où l’on doit apprendre le numéro des pays d’origine d’un produit, ou bien sur les œufs pour connaître la nature de l’élevage de la pondeuse. Sans parler des E chimiques qui vous enrobent votre sauce d’une flopée de saletés dûment patentés. Il est sûr qu’informer le public ou le consommateur représente un danger qu’il importe de circonscrire aux noms de bonnes raisons que la raison ignore.    

     Ainsi je dois m’en remettre à l’écriture de l’ami ou du parent. Certes notre boîte, outre le flot de prospectus, s’emplit le plus souvent de courrier commercial. Et il n’est pas certain que l’expéditeur disons marseillais me fasse savoir que son envoi est traité à Nancy ou Brest.         On vient de nous annoncer que le courrier délivré le lendemain est en voie de disparition (sauf copieux supplément) au profit du surlendemain. Ce que je trouve parfaitement normal quand on sait que Paris-Marseille se fait en 3 heures, alors qu’avant il fallait la demi-journée ou plus. C’est aussi cela le progrès. Plus ça va vite plus vous serez servi lentement sans supplément.

On avait déjà inventé la lettre ralentie, par la voie dite économique. A croire qu’au tri, il y avait des machines qui repéraient les timbres verts et les gardaient un jour (coût ?) pour justifier la voie rapide. La voie rapide sera désormais surtaxée, pour que DHL, FEDEX et autres fassent leur beurre, et le service public, avec sa caravane de chameaux, mettra 2 jours pour aller de Paris à Paris.    

     Peut-être est-ce au nom de l’effet de serre ou de toute autre pollution due à nos incongruités épistolaires.    

     Voilà le progrès tel qu’on l’aime ! La poste aura-t-elle une pensée pour les philatélistes qui auront perdu la flamme ?