Le 3 novembre 2004, un étudiant d'une université de Téhéran proposa à une de ses condisciples de l'épouser. Celle-ci refusa parce qu'elle était déjà fiancée. Le prétendant éconduit décida alors de se venger en "enlaidissant " sa bien-aimée afin que son fiancé la délaisse et qu'il puisse, lui, l'épouser. Et c'est ainsi qu'un matin, il se précipita sur sa belle et lui jeta de l'acide au visage.

Gravement brûlée au visage, la jeune femme a dû suivre un traitement médical de deux ans en Espagne qui, malgré tous les efforts des médecins, ne lui a pas permis de récupérer la vue.

De retour en Iran, et après une longue procédure judiciaire, la jeune femme a pu faire accuser son agresseur qui a finalement reconnu les faits.

Durant le procès qui s'ensuivit, la victime demanda au tribunal que le coupable court la même chance qu'elle. Les juges décidèrent donc d'appliquer la "ghesas" équivalente à notre antique Loi du talion comme cela est prévu par le Code pénal iranien, c'est-à-dire qu'ils condamnèrent l'accusé à recevoir de l'acide dans le visage.

La victime a alors assuré que cette condamnation lui semblait trop "sauvage" et elle a demandé que seulement 20 gouttes d'acide lui soient versées dans les yeux afin qu'il comprenne comment elle souffrait.

Les juges ont accédé à la demande de la jeune femme, et le 28 novembre 2008 l'accusé a été condamné à recevoir 20 gouttes d'acides dans les yeux.

Malgré l'horreur que peut provoquer en nous pareille condamnation, il faut avant tout se féliciter que la justice iranienne se soit saisie du cas de cette jeune femme, ce pays n'étant en effet pas reconnu comme étant un des plus fervents défenseurs des droits de la femme. Cependant, on peut imaginer que la victime est de bonne famille comme l'attestent des études universitaires et un traitement médical suivi en Espagne. Je doute hélas qu'une femme d'une classe sociale inférieure eût pu faire condamner son agresseur de la sorte.

Quant à la Loi du talion qui n'est plus appliquée dans nos civilisations occidentales, à part dans ces pays qui appliquent encore la peine de mort puisque celle-ci en est une résurgence, pour la raison que semblable pratique qui relève plutôt de la vengeance que d'une véritable justice ne satisfait pas pour autant la victime.

Une justice moderne se doit au contraire de prononcer des peines de réparation, centrées sur la victime et non plus sur le malfaiteur. D'autant que malgré des peines aussi lourdes, le sort des femmes ne s'est pas amélioré en Iran, et les violences quotidiennes n'y sont pas moins nombreuses que dans nos pays appliquant une justice plus "humaine".

Comme l'attestent toutes les statistiques, ni la peine de mort, ni le recours à des peines corporelles ne font baisser le taux de criminalité… Au contraire, elles sembleraient avoir un effet inverse en institutionnalisant la violence.