« Le machin qu’on appelle l’ONU» est une expression qu’avait employé Charles de Gaulle en 1960 concernant l’intervention des Casques Bleus au Congo faisant suite à l’indépendance proclamée de ce pays. Le général avait choqué la communauté internationale et des doutes subsistent sur ses intentions dans cette figure de style. Il est évident, que lorsque une personnalité qui a marqué le monde est décédée, l’histoire est souvent « revisitée », « réadaptée », afin de gommer cette mauvaise image de l’ONU qui avait été envoyée.

Aujourd’hui les polémiques sur la coalition en Libye vont bon train, chaque pays défendant ses intérêts, en dépit de la catastrophe humanitaire qui se profile.

Dans un précédent article, je m’interrogeais déjà sur l’intégrité de la communauté internationale, avant la résolution 1973 de l’ONU votée le 18 mars 2001 qui « permet aux pays qui le souhaitent de participer à une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye pour protéger la population civile, et de "prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) »,

 

Cependant que « le machin » était resté sourd aux appels à l’aide de l’opposition depuis deux semaines, il s’était, pour une fois, mis en marche rapidement en demandant le vote des principaux membres devant l’urgence en Libye qui aurait fait 8 000 morts au 20 mars 2011 et compterait près de 500 000 réfugiés aux frontières de la Tunisie et de l’Egypte. S’y entassent des familles entières ou des femmes avec leurs enfants des enfants, les hommes étant restés pour protéger leurs villes pilonnées à l’arme lourde par les forces pro-Kadhafi.

Certains médias ont gardé l’habitude de citer les forces « gouvernementales », laissant penser qu’ils n’ont pas encore reconnu le Conseil National de Transition…

La révolte libyenne, s’inscrivant dans le printemps arabe reconnu par une grande majorité des pays du monde, aspirant à plus de démocratie et de liberté, s’est transformée en catastrophe humanitaire.

 

Pour étayer cette catastrophe annoncée, Arte.tv/fr/ annonce que « la FIDH, la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme, estime à 6 000 le nombre de mercenaires présents en Libye, dont 3 000 postés à Tripoli, Ali Zeidan, porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l’homme, avance lui le chiffre de 25 000 « réservistes » susceptibles de venir prêter main forte au dictateur libyen.(…)

Ces mercenaires sont originaires du Tchad, Mali, Soudan, Libéria ou Nigéria, et s’ils n’ont pas encore été effectivement tous déployés sur le territoire libyen, tous sont motivés par un salaire conséquent pouvant s’élever jusqu’à 2 000 dollars par jour (environ 1400 euros) pour un officier de haut rang, ou 300 dollars pour un simple soldat. »

 

La résolution 1973  « a été votée par l’Afrique du Sud, la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, les États-Unis, la France, le Gabon, le Liban, le Nigeria, le Portugal, et le Royaume-Uni ; cinq membres se sont abstenus : l’Allemagne, le Brésil, la Chine, l’Inde, et la Russie » ; aucun ne s’y opposait formellement.

 

Aujourd’hui, la Libye divise même au sein des pays de la coalition quant au commandement des opérations ainsi que la communauté internationale et l’Union Européenne pour diverses raisons :

 

Kadhafi, du grand art dans la manipulation

On n’entend plus la propagande de Kadhafi dans les médias, preuve qu’il négocie, « sous le manteau », armé aussi de pétrodollars avec les pays « réticents » à la résolution de l’ONU, promettant de donner du pétrole en échange du soutien des abstentionnistes.

La belle unité vole aussi en éclats en Russie bien que les médias du pays tentent d’expliquer un débat réel, comme personne n’en avait jamais vu, preuve de démocratie…

Même Poutine, recadré par le président Melvedev reprenait la propagande du dictateur, mot pour mot. A l’approche de l’élection présidentielle, les politiques russes sont sûrs d’avoir du pétrole à défaut d’idées…

A l’instar des autres pays abstentionnistes en quête d’or noir…

L’Allemagne, le Brésil, la Chine, l’Inde, en plein boom économique et avec un secteur automobile florissant, ne peuvent se passer de cet approvisionnement au mépris d’une certaine éthique.

 

La Ligue Arabe ne sait plus quelle position adopter, certains de ses pays étant en proie à aux révolutions du printemps arabe ; leurs chefs d’états n’ont donc pas intérêt à voir Kadhafi remplacé.

 

L’union africaine doit beaucoup au régime dictatorial libyen par ses largesses, la vassalisant et lui indiquant implicitement de fermer les yeux sur ses dérives.

Sur le Figaro.fr, un Africain corrobore ce sentiment général par un commentaire plutôt percutant :

« Je suis Africain et je soutiens sans réserve l’action des occidentaux en Libye. Le plus grand mal du continent et des peuples d’Afrique ce sont les dictateurs qui usent du pouvoir et s’y enracinent comme une propriété privée et qui empêchent l’émergence d’une vraie démocratie. Alors pour une fois que les démocraties occidentales viennent au secours d’une population qui réclame plus de libertés et plus de droits, je dis bravo. Bizarre coïncidence ce sont plutôt les chefs d’ Etat et les régimes non démocratiques d’Afrique et d’ailleurs qui désapprouvent cette intervention. Tout simplement ceci explique cela. »

La Côte d’Ivoire est l’exemple type du manque de crédibilité de cette union qui va plaider la cause indéfendable d’un être sanguinaire avec l’aide l’Union Européenne, l’autre « machin », le 25 mars prochain à Addis Abeba.

 

Ajoutés à tous ces éléments, la haine envers les « sionistes », les musulmans, les chrétiens, les « infidèles » ainsi qu’envers les Occidentaux, la communauté internationale, en jouant la partition de la cacophonie, fabrique ses propres bombes et cocktails Molotov, oubliant que la démocratie et la vie d’êtres humains, quels qu’ils soient, sont les biens les précieux au monde.

 

Le problème de la Libye a fait craqué les vernis : tous les vices de certains pays, jusque là cachés, « explosent en vol », les instincts les plus vils sont dévoilés. Le manque de courage et de raison inspirent la honte : des musulmans ne seraient donc pas dignes d’être aidés ni d’accéder à la démocratie…

A bon entendeur…