Triste moment pour les adversaires de la liberté de conscience. Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'intérieur, a publié le 25 février une circulaire à l'intention des préfets, dans laquelle elle déclare :
« La notion de secte, certes couramment utilisée, est une notion de fait et non de droit. Au regard du droit, l'appartenance à un mouvement quel qu'il soit relève d'abord d'une opinion, dont la liberté est un principe constitutionnel. »


Alors, même si certains s'empresseront certainement de provoquer un battage médiatique pour trouver les « dérives » qu'on leur réclame et qu'ils n'ont pas réussi à produire depuis 20 ans (exemple), il semblerait que l'Etat français rejoigne ses voisins européens dans une approche de tolérance conforme à notre propre constitution.

Article premier de la constitution de 1958 : « La France, République laïque, assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinctions d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

(Pourtant, ces derniers temps, nous avons vu divers acteurs politiques se jeter sur les propos d'Emmanuelle Mignon sans vergogne, nouveau prétexte à une pléthore d'attaques politiques du moment. Nous avons vu aussi certains membres de la loge franc-maçonnique du Grand Orient de France prendre position contre Madame Mignon dans une optique peu compréhensible. En effet, comment un mouvement dont les membres sont soumis au secret, et revendiquant une influence occulte sur la société française, peut-il évoquer un lobbying sectaire sans se viser lui-même. Nous laisserons ce paradoxe à ses auteurs.)

En ce qui concerne les plus célèbres mouvements spirituels du moment, c'est à dire les Témoins de Jéhovah et les scientologues, il semblerait que le directeur des Renseignements Généraux en poste à l'époque de la liste décriée de 1995, Monsieur Yves Bertrand, les ait dédouanés au grand dam de la Miviludes dans son livre « Je ne sais rien mais je dirai tout »:

« …Doit-on confondre en un même vocable, sectes et mouvements minoritaires, pratiquant le prosélytisme comme les témoins de Jéhovah ?
Franchement je ne le pense pas. On a le droit de critiquer la scientologie ou les Témoins de Jéhovah, mais faut-il pour autant les transformer en diable ? Je pense même qu'à placer sur le même plan certaines sociétés de pensée et d'authentiques mouvements sectaires qui aliènent la liberté de leur membres, on aboutit à l'inverse du but recherché. Sous prétexte de protéger la liberté de conscience, on empêche les citoyens d'embrasser les croyances de leur choix, ce qui est le contraire de la laïcité bien comprise… 
»

Nathalie Luca, chargée de recherches au CNRS (spécialiste de la question sectaire), interrogée dernièrement sur les dérives de la polémique française sur les sectes et sur la liste de 1995, déclarait :

« Au départ, le christianisme était considéré comme une secte dangereuse, parce qu'il se construisait en opposition avec les valeurs majoritaires de la société dans laquelle il s'est développé. C'est un second point qu'il faut avoir en tête.

 Une secte se construit face à une société, et c'est parce qu'elle se construit en opposition à la société que la société réagit. Ainsi par exemple, alors que le catholicisme est une religion instituée, une religion d'Etat au XVIIIe siècle, l'Eglise catholique est apparue comme une secte au Japon, en Chine, en Corée ! Elle n'était pas différente en Europe et en Asie, mais en Asie, elle heurtait des valeurs fondamentales de ces sociétés.
La liste des sectes de 1995 n'a aucune crédibilité.  Cette liste des sectes est une liste de renseignements généraux, et les RG ont été mécontents de l'avoir publiée en l'état : elle ne disait rien sur les groupes, simplement, ces groupes étaient sur ces listes parce que les RG avaient eu des questions concernant ces groupes.

Or cette liste a été reprise par ordre alphabétique et nombre d'adeptes, mettant les uns à côté des autres des groupes qui n'avaient rien à voir. Par ailleurs, aucun argument n'était donné pour expliquer pourquoi un groupe s'était retrouvé dans cette liste. Il faut savoir que nos voisins européens nous ont énormément critiqués pour avoir fait une liste qui portait préjudice à des groupes sans en expliquer la raison. »

Triste moment pour les adversaires de la liberté de conscience.

Sur de nombreux espaces de communication internet, les commentaires fusent. J'en ai relevé quelques-uns qui m'ont semblé intéressants pour leurs points de vue autant que pour le fait que les auteurs ne semblaient faire partie d'aucune obédience, d'aucun mouvement religieux ou anti-religieux. Les voici (avec le piquant du « direct ») :

Bayard sur le blog de Jean-Jacques bourdin :

La scientologie c'est le procès en sorcellerie des temps modernes.
Tout le monde en parle, mais personne ou presque n'en connait rien.
Moi même, je n'en connais que le nom de son fondateur. J'ai déjà reçu mainte fois la visite de témoins de jéhovah, mais n'ai jamais été approché par l'un des membres de cette "secte".
Alors je voudrais qu'on m'explique en quoi ces gens sont si dangereux. Ils ont été l'objet de multiples attaques, la plupart du temps à l'initiative des religions reconnues, ils ont été traduits devant les tribunaux et dans 99% des cas acquittés.
On aimerait aboutir aux mêmes conclusions en ce qui concerne les autres religions et autres philosophies laïques qui n'ont cessé d'entretenir les conflits et de défrayer la chronique au cours des siècles, le dernier avatar en étant la pédophilie.

Béatrice  sur le blog de Jean-Jacques Bourdin :

Je viens d'avoir une révélation : les médias seraient ils une "secte" car beaucoup de personnes prennent des décisions qu'ils n'auraient pas prises s'ils n'avaient pas été influencés par les médias.

Antinoas sur 20minutes.fr :

C'est étonnant comme les alertes pleuvent sur ce sujet. Pourtant je ne lis rien qui prêtent à polémique dans ce qui a été dit. J'ai été alerté, et perso je m'en fous, mais ce dont je parle, part d'une expérience vécue. Et oui, j'ai fréquenté nombres d'organisation dites sectaires, pour pouvoir en parler, sans objectif d'y adhérer, mais pour les connaître. Est-ce que ceux qui alertent en ont fait autant ?

Lafayette sur 20 minutes.fr :

Que se passe-t-il en France ! Les sectes sont sous contrôle , mon voisin croyant et moi qui suis laïque on s'entend bien ! Je vais si nécessaire pour la mémoire de l'un ou de l'autre que je connais aussi bien dans une église, une mosquée, une synagogue, un temple ! Pourquoi le gouvernement veut-t-il détruire ce que le peuple a mis (100 ans) pour créer ,cette harmonie entre laïques et religieux.

Floxie sur le nouvel observateur :

Car de quoi est on en train de parler ? "si ce mouvement ne crée pas de trouble à l'ordre public et s'il n'est pas à l'origine d'abus de faiblesse de gens, notre législation ne permet pas de l'interdire. " Voila ce que déclare Mignon. Or vous aurez beau me sortir que certains scientologues abusent de leur position (tout comme certains pretres, imams ou rabbins), cela ne prouve en rien que le mouvement en son entier est condamnable !

sarkool sur le nouvel observateur :

D'accord avec vous, quand on ne sait pas on la ferme.
D'ailleurs je ne connais pas les méfaits de la scientologie, je me garderai donc de porter un jugement. De toute manière, si on avait considéré comme des sectes les groupuscules qui pensent autrement (même sans faire de mal à personne), les juifs, les chrétiens, les musulmans n'auraient jamais pu exister et on vénérerait toujours le dieu soleil…

Pour finir, Hubert sur Libération :

Le problème qu'a soulevé Mme Mignon, en fait, c'est la validité de la "liste noire" qui a été faite en depit du bon sens. Des mouvements spirituels innocents ont subis, à tort, la vindict médiatique. Il faut lutter contre tous sectarisme y compris politiques.

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